Par Pierre Builly
L’aveu de Costa Gavras (1970)
Logique de la Terreur
Que La révolution dévore jusqu’à ses enfants, on le sait depuis Danton, et que ce Moloch jamais rassasié, ce brasier qui a toujours besoin de nouveaux combustibles ait dévoré en ne s’en satisfaisant jamais les meilleurs de ses combattants, on le savait, en assistant, assez fasciné à cette catastrophe.
Mais davantage que dans des films qui montrent plus particulièrement la stupéfaction, la surprise, le désenchantement, L’aveu explore de façon presque clinique, en tout cas distante et maîtrisée la folie de ceux qui prétendent changer la vie, c’est-à-dire changer la nature humaine…
S’il y a, à mes yeux, un quart d’heure de trop, qui en ralentit le rythme, L’aveu est un grand film, peut-être meilleur encore que Z, qui est plus romanesque ; l’enfermement, la folie kafkaïenne, le sadisme ordinaire et constant des geôliers, l’aveuglement de ceux qui ont fait du Parti l’horizon insurpassable de la pensée humaine et qui le tiennent comme une église à la fois parfaite et immanente (jolie contradiction dans les termes), tout cela est rendu avec une force extrême par Costa-Gavras, largement secondé par un Montand absolument bluffant, une Signoret d’autant plus crédible qu’elle avait largement partagé – et partageait en grande partie encore – les billevesées révolutionnaires, et une pléiade d’acteurs de second rang, mais de talent premier (Michel Vitold, Gabriele Ferzetti, Jacques Rispal, Jean Bouise, Michel Beaune et tant d’autres)…
Étrange sort que celui des Brigadistes, les Révolutionnaires de la guerre civile d’Espagne qui, à peu près tous, et alors que certains avaient encore fait davantage leurs preuves dans la lutte clandestine pendant les résistances au nazisme, se sont retrouvés suspectés, vilipendés, exclus de leur raison de vivre, la fidélité au parti et la Révolution, pendant les années d’après-guerre… L’aveu est le film de la déchéance d’Artur London, en Tchécoslovaquie, de ses brimades, humiliations, tortures, avilissements ; de façon plus cauteleuse, ce sont les mêmes procédés qui ont été employés, en France, contre d’authentiques soldats de la Révolution, André Marty, Charles Tillon, Auguste Lecœur…
L’Espagne, la défaite, en Occident, du marxisme révolutionnaire, aura été, assurément, une blessure irréconciliable, en même temps qu’un rêve romanesque ; dans la maison des London (Montand et Signoret, donc, compagnons de route ici réunis pour constater la faillite absolue de ce qui fut et resta – pour elle tout au moins – un idéal), il y a plein de photos de la guerre civile, le milicien frappé à mort immortalisé par Robert Capa, la buveuse de sang Ibbaruri (la Passionara), ou le défilé, à Barcelone, le 27 octobre 1938, des Brigades dissoutes par le Gouvernement républicain de Juan Negrin ; ceux qui combattirent n’y récoltèrent rien que la méfiance et l’aversion de ceux qui n’avaient pas pris les armes…. ■
Le DVD n’est plus très facile à trouver ; 16 € ENVIRON
Il ne faut tout de même pas oublier qu’Artur London avant d’être condamné avait été un stalinien de stricte observance, agent du NKVD en Espagne, chargé de la liquidation de trotskystes, qu’il avait monté des procès contre des communistes dissidents en Tchécoslovaquie. Décidément, même persécuté, ce genre d’individu ne parvient pas à éveiller chez moi la moindre compassion. London persécuté par le régime, c’est une ordure persécutée par des crapules. Comme le disait le poète chinois Lou Sin, il faut frapper le chien tombé à l’eau.
Qui vous dit le contraire ? C’est bien pourquoi j’ai titré cet avis « La Révokution dévore jusqu’à ses enfants »…
J’ai fait connaissance avec le communisme a partir de 1975 en Tchcoslovaquie…Il fallait se declarer au commissariat qui etait ouvert a 23kms d’ou je passais deux semaines de vacances dans la famille.
A chaque occasion la milice venait poser des questions pour savoir ou j’etais et depuis quand ect….
Pour entrer dans le pays il fallait un visa qu’il fallait demander a l’ambassade a Paris et attendre pour ..enfin aller le chercher….Il fallait changer 10dollars par jour….entrer a la date fixee…..passer des heures a la douanes afin de controle.Les douaniers n’etaient pas presses….ils avaient des annees devant eux….et on restait ,parques dans un coin a attendre sous la surveillance des militaires avec des chiens….et les miradors???dans la nuit…l’attente dans le noir….
Ca c’etait une facette du communisme que l’on nous chantait ,chez nous ,comme LA solution.
Mais quand je vois notre pays 30 ans apres je me dis que le communisme c’etait la democratie avec la mitraillette dans le dos et nous en 2018 … la democratie ce sont des promesses …des promesses.
La dictature c’est ferme ta « gueule » …la democratie c’est cause toujours.