par Louis-Joseph Delanglade
Vendredi 23, 8h20, l’invité du « Grand Entretien » de France Inter est M. Bourg, philosophe et professeur à l’Université de Lausanne.
On apprend très vite qu’il a quitté la fondation de Nicolas Hulot (dont il était vice-président) pour s’engager en politique aux côtés de l’ancienne ministre socialiste de l’Écologie Mme Batho, avec laquelle il va présenter « très probablement » une liste pour les élections européennes en mai prochain. Intello et écolo : cela a le mérite d’être clair et on peut s’attendre au pire. Et ce fut le pire.
Non pas sur le fond (on peut même trouver pertinente sa proposition d’un I.S.F. vert pour financer la transition écologique) mais dans le ton employé à l’égard de ceux qui, si peu que ce soit, n’entrent pas tout de suite et sans barguigner dans le moule de l’écologie militante – en l’occurrence, au vu de l’actualité, les fameux « gilets jaunes ». Mépris et condescendance pour ceux que le « sachant » qu’il est considère à l’évidence (même si les mots ne sont pas employés) comme des ploucs, des beaufs, des ringards.
Toute personne sensée préférera évidemment respirer un air pur et entendre le chant des petits oiseaux mais quand l’écologie devient religieuse, qu’elle constitue, à travers ses grands-prêtres (MM. Cohn-Bendit et Hulot), ses évangélisateurs (ce M. Bourg par exemple), ses sectateurs prétendument sincères (peut-être les plus dangereux, comme Mme Duflot ou M. Goullet de Rugy) ou opportunistes (tous ces politiciens convertis, comme MM. Hamon, Mélenchon, Juppé…Macron), une forme d’obligation morale que l’on entend imposer à tout prix, sans vouloir prendre en compte ses effets collatéraux, elle est insupportable. Cette écologie-là, qui relève du fanatisme, refuse bien entendu de voir dans les principes révolutionnaires démocratiques la cause des maux qu’elle prétend combattre.
N’en déplaise pourtant aux « élites » (terme désormais péjoratif), il existe bel et bien des « Gaulois réfractaires » qui veulent d’abord survivre. Dernier avatar du « pays réel », la « France périphérique » des sociologues contemporains ne veut pas mourir. Elle a plus ou moins compris que le libéralisme économique et culturel, l’immigration de masse, la mondialisation, la mettent en danger de mort. Ces gens-là ont le tort d’être d’ici et de vouloir vivre au pays : péché impardonnable dans le paradis mondialisé, multiculturel et aseptisé qu’on veut nous faire rejoindre à marche forcée.
Sauver la planète est le nouveau credo : mais pour quoi, pour qui, sauver la planète, donc accessoirement la France ? Réponse : c’est l’héritage que nous transmettrons à nos enfants. On respirera peut-être mieux mais on peut craindre que ce soit dans une France exsangue : ne pouvant plus accéder à des logements de centres-villes « gentrifiés », ne voulant plus supporter l’impossible cohabitation dans des cités submergées par les vagues migratoires, les « Gaulois » se sont réfugiés dans la périphérie des métropoles urbaines et les petites villes de province, parfois même à la campagne. La guerre fiscale menée par l’Etat les condamne à terme. Plus d’école, plus de gare, plus de commerces… bientôt le désert. Si rien ne change, que vont-ils devenir ? Leur sort ne semble pas intéresser M. Bourg. « Mes arrière-neveux me devront cet ombrage » écrit La Fontaine : l’ombrage y sera peut-être, mais peut-être pas les arrière-neveux. ■