par Louis-Joseph Delanglade
L’arraisonnement musclé de trois navires de guerre ukrainiens dans le détroit de Kertch, dimanche 25 novembre, a immédiatement suscité l’ire des médias et politiciens « occidentaux ».
M. Poutine, forcément dans le mauvais rôle, est accusé d’avoir « annexé » la Crimée en 2014, puis construit un pont de 18 km entre Taman et Kertch, pont qui a pour effet visible de clore la mer d’Azov et de faire de celle-ci une sorte de mer intérieure aux côtes contrôlées aux trois-quarts par la Russie. Remarquons d’abord que personne ne s’émeut des ponts turcs qui enjambent déjà le Bosphore ou de celui qui sera ouvert en 2023 dans les Dardanelles – mais il est vrai que la Turquie est dans l’Otan, du bon côté donc. Rappelons surtout que la Russie n’a pas occupé et annexé unilatéralement un territoire étranger : c’est bien la majorité des Criméens (les deux tiers) et de leurs représentants qui ont initialement fait sécession d’une Ukraine à laquelle un décret soviétique de 1954 avait rattaché leur péninsule, la séparant ainsi arbitrairement de la mère patrie russe.
Existe une seconde interprétation, qu’il est difficile, même pour les moins objectifs, de passer sous silence. Il s’agirait en fait d’une énième provocation de Kiev, après de nombreux incidents maritimes. Les autorités ukrainiennes incitant même à dynamiter le fameux « pont de Crimée », on peut comprendre que les garde-côtes russes se soient montrés intraitables : on peut passer mais à certaines conditions, la première étant de ne pas pénétrer sans autorisation dans les eaux territoriales russes. Cette interprétation est d’autant plus plausible que le président ukrainien, M. Porochenko, donné archi-battu à l’élection présidentielle de mars prochain, peut voir dans l’incident l’occasion d’endosser la tenue toujours valorisante de chef militaire. C’est sans doute pourquoi il dramatise la situation, prédisant une « invasion terrestre », voire une « guerre totale » et faisant en conséquence instaurer la loi martiale pour trente jours dans les zones frontalières.
M. Porochenko est un oligarque multi-milliardaire qui bénéficie d’un régime de faveur dans les médias occidentaux. Est avérée dans la gestion des événements successifs qui ont agité l’Ukraine depuis le début du siècle sa proximité avec M. Soros, ce financier apatride et ultra-mondialiste qui ne déteste rien tant que tout ce qui pourrait rappeler notre bonne vieille Europe. Dans les faits, l’Ukraine n’a bien évidemment pas les moyens d’une guerre totale avec la Russie. Excellent prétexte pour en appeler à l’Otan. Après tout, la stratégie de cette organisation, aux ordres des Etats-Unis qui la financent pour l’essentiel, est toujours la même : hostilité à Moscou, alors que l’Union Soviétique n’existe plus. D’où cet étau qui, des pays baltes à la Turquie enserrerait la Russie, n’étaient Biélorussie, Moldavie et Ukraine, lesquelles forment un glacis protecteur. Cet étau est le résultat de l’adhésion à l’Otan de la quasi totalité des pays de l’ex-« Europe de l’Est », et ce en dépit des promesses de MM. Busch (père) et Clinton au bien naïf M. Eltsine.
Dans un entretien accordé au quotidien allemand Bild-Zeitung, M. Porochenko demande donc l’intervention de l’Otan en général, de l’Allemagne en particulier, pour faire face à la Russie en mer d’Azov. France et Allemagne ont jusqu’à présent cherché à apaiser les choses, appelant les parties à la modération. M. Trump a lui aussi fait un geste : par solidarité avec l’Ukraine, il a d’abord annoncé qu’il renonçait à discuter avec M. Poutine lors du G20 de Buenos Aires, pour finalement le rencontrer mais « brièvement » (Reuters). Une intervention militaire « occidentale » paraît donc pour l’instant peu probable. De toute façon, M. Le Drian, faute de diriger une politique étrangère cohérente et indépendante, ne pourra que suivre le mouvement, par exemple sur de nouvelles sanctions contre la Russie – même si celles de 2014 ont eu pour effet une baisse d’un tiers des parts de marché françaises en Russie, à comparer avec une petite augmentation des parts de l’Allemagne…
On sait que le récit national russe fait de Kiev (photo) le berceau historique de la Russie. M. Poutine, d’abord préoccupé par la sécurité de son pays, considère que l’Ukraine ne peut pas être alliée d’une organisation militaire dirigée contre la Russie. Il n’a nullement besoin de jouer les matamores pour être pris au sérieux. Comme le déplore manifestement M. Haski, le chroniqueur de France Inter (géopolitique, 8h17), l’armée russe est « une armée en état de marche » et la Russie « une puissance majeure qui sait se faire respecter » – ce qui est, convenons-en, plutôt rassurant pour les Russes. L’avenir dira si M. Porochenko a eu tort de penser qu’il pouvait aller trop loin, un pont trop loin en quelque sorte, en envoyant ses navires titiller les garde-côtes russes. ■
La Russie est née en UKRAINE: RURIK le Viking, sa petite fille OLGA qui poussa son mari au Baptême et fera de son pays, une terre Chrétienne en 988, leur petite fille Anne deviendra Reine de France . Donc l’UKRAINE et la RUSSIE sont 2 sœurs siamoises, condamnées à vivre ensemble..
M. Delanglade essaie de nous convaincre, que la Russie de Poutine est notre amie et que l’Ukraine de Porochenko, l’OTAN et les Etats-Unis sont les ennemis de la Russie et donc nos ennemis. C’est un parti pris mais ce n’est pas très crédible, en ce qui me concerne. Quant à s’en prendre à M. Soros, je ne vois pas le rapport. Je ne vois pas non plus où se trouve l’intérêt de la France et accessoirement de l’Europe selon le point de vue exposé par M. Delanglade. Poutine n’est pas un saint et le recours aux manières brutales ne lui font pas peur.
Pourquoi le pont de Kertch est-il trop bas pour laisser passer les cargos océaniques vers Marioupol ? Son tirant d’air de 35 mètres seulement oblige à transborder donc à renchérir le fret vers ce port important pour l’Ukraine.
Les ponts du Bosphore ont un tirant d’air de plus de 60 mètres.
Les détroits turcs sont sous convention internationale donc ne peuvent pas servir le débat sur la mer d’Azov.
C’est bien aussi d’étudier un dossier.
Ce n’est pas ce que dit Delanglade. Il se méfie du régime ukrainien parce qu’il craint avec raison qu’il nous entraîne dans une confrontation avec son voisin qui serait contraire à nos intérêts les plus vitaux. Poutine a récupéré la Crimée, peuplée en grande majorité de russes. Ce n’est nullement pour nous un casus belli. Quant à l’Otan, elle est l’expression militaire d’un occidentalisme très étranger à nos idées, et incompatible avec la renaissance de nos patries. Cela dit il n’est pas question de devenir un satellite de Moscou.
Kardaillac sous s’est divers pseudos s’est toujours pensé meilleur connaisseur des dossiers que qui que ce soit.
Louis-Joseph Delanglade n’a pas manqué de signaler que le pont de Crimée avait pour effet de clore la mer d’Azov.
Mais Kardaillac me paraît surtout préoccupé des intérêts de l’Ukraine que ce pont peut en effet gêner.
Je ne crois pas qu’il puisse gêner les intérêts de la France, ceux de l’Ukraine n’étant pas mon souci.
En revanche, les relations géopolitiques franco-russes sont selon moi d’une toute autre importance que les relations franco-ukrainiennes, dont je ne sache pas que nous ayons grand chose à tirer.
Le reste est plutôt affaire de détail.
La profession semble avoir fait le tri entre les gens sérieux et les autres :
https://gcaptain.com/caught-in-russia-ukraine-storm-a-cargo-ship-and-tonnes-of-grain/