L’on a appris ces jours derniers qu’invoquant une tradition séculaire, le Japon reprend la pêche à la baleine.
Il en est résulté, a-t-on écrit, un tollé international.
Le très nationaliste premier ministre nippon, Monsieur Shinzö Abe, a annoncé lui-même cette importante nouvelle – du moins importante pour son pays. On y respecte les traditions. L’on y honore l’Empereur. On y chérit la nation. Et l’on se soucie de ses intérêts avec l’ardeur de ceux qui chez nous travaillent à trahir les nôtres. Souci et ardeur ataviques chez les Japonais, on le sait bien. Compte-tenu des rythmes saisonniers, le Japon reprendra donc la pêche – ou chasse – à la baleine en juillet 2019.
Il l’avait abandonnée dans le cadre d’accords internationaux auxquels il avait adhéré naguère (il y a tout juste trente ans). Ils ne lui conviennent plus aujourd’hui. Il a donc annoncé sans ambages son retrait de la Commission Baleinière Internationale. Comme Donald Trump s’est retiré des accords de Paris sur le climat que son prédécesseur venait de signer. Et comme il a déchiré le traité signé par le même Obama sur le désarmement nucléaire iranien. America first !
Cette mince affaire de la pêche à la baleine nous rappelle, si nous l’avons oublié, ce que valent les conventions, accords ou traités internationaux, de quelque nom qu’on les baptise ; et quelle est leur capacité à durer, à résister, quand les réalités, les nécessités, en bref les intérêts des peuples et des nations en lice viennent à s’en trouver contrariés. Le multilatéralisme à vrai dire est en train de s’effondrer, lui aussi, un peu partout dans le monde, comme bien d’autres illusions de notre époque en train de changer.
Les conventions internationales sont en vérité fragiles et de faible durée. Elles s’effacent devant les intérêts nationaux, comme des chiffons de papier que le premier vent contraire emporte. Fruits des palabres et des bons sentiments, elles n’offrent qu’une résistance dérisoire aux réalités pérennes.
Les nations, elles, sont des réalités pérennes. Elles ne sont sans-doute pas éternelles mais leurs impératifs, comme nous le montre le Japon, finissent par triompher un jour ou l’autre des rêves unanimistes. Et – le Japon nous en donne aussi un exemple – elles durent infiniment plus longtemps… Ce qui n’est pas une mince différence. ■
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Les traités internationaux sont faits pour les faible et les simples d’esprit. Les autres n’ont aucun scrupule à faire passer leurs intérêts nationaux avant des engagements bâtis sur du sable
Les sachants qui règnent sur tous les plateaux des talk-shows à la télévision présentent toujours l’éventualité d’une non-déférence aux ukases comme une sorte d’Apocalypse en pire…. Pourtant qu’est-ce qui se passerait si nous refusions d’obéir aux décisions de la CEDH ou de la CJCE ? Le Luxembourg nous déclarerait-il la guerre ?
D’accord sur le sens général des commentaires. Mais pour la pratique japonaise, attendons de voir à quel rythme ils vont reprendre cette chasse-pêche pour eux symbolique et quel sera son impact sur la population baleinière des océans. Nous verrons alors s’ils sont à applaudir pour une satisfaction d’amour-propre national ou à blâmer pour une contribution à la disparition d’une espèce animale. D’autant qu’ils risquent d’être suivi par d’autres qui n’attendaient que ça pour s’y remettre aussi.
Moi, vu l’état de la France et de notre civilisation, je penserai plus tard aux baleines.