L’ancien chef d’état-major des Armées a donné au Figaro magazine (28.12) un entretien sur son nouveau livre Qu’est-ce qu’un chef ? Une méditation sur le besoin d’autorité et le rôle de ceux qui dirigent les autres. Interrogé par Jean-René Van der Plaetsen, il s’y exprime aussi sur la situation de la France. Non pas en politicien, mais en homme de commandement et en patriote. Nous donnons ici des extraits de cet entretien, politiquement et socialement significatifs, qu’il est intéressant de connaître. Nos lecteurs relèveront aisément les réflexions et les passages les plus saillants. Lafautearousseau
(…) On a le sentiment que le pays n’a plus confiance en personne aujourd’hui. Pourquoi a-t-on perdu en route cette confiance qui existait au cours des Trente Glorieuses, par exemple?
C’est l’échange entre le chef et le subordonné qui crée et installe la confiance. La confiance, c’est à mon sens le mot-clé, celui qui donne envie d’exécuter les ordres de son chef, celui qui permet l’obéissance d’amitié, car le vrai chef aime ses subordonnés et ses équipes, et il commande d’amitié. Je crois sincèrement, compte tenu de mon expérience au sein des armées, que c’est cet échange d’amitié qui génère l’obéissance active. L’adhésion l’emporte alors sur la contrainte. Or, aujourd’hui, on obéit trop souvent par contrainte et non plus par adhésion.
Le citoyen obéit à l’Etat, représenté par l’administration, et il ne comprend pas pourquoi il est ainsi accablé de nouvelles taxes, normes et tracas par une bureaucratie tatillonne. C’est l’un des maux dont souffre aujourd’hui notre pays: l’Etat n’est plus au service de la Nation, c’est la Nation qui est au service de l’Etat. Or, c’est exactement à la relation inverse qu’il faut parvenir! L’Etat, qui n’est que l’incarnation de la Nation, a certes pour mission d’ordonner et de diriger les affaires de la Cité avec une organisation (défense, sécurité justice, éducation, etc.), mais il doit le faire au service des citoyens qui forment la Nation.
Aujourd’hui, on constate qu’un fossé s’est creusé entre l’Etat et la Nation, entre ceux qui décident au sommet et ceux qui exécutent à la base. Tout le problème de l’autorité est résumé dans ce fossé grandissant. Je crois qu’il est temps de réagir pour remettre les hommes et les femmes de notre pays au centre des décisions. (…)
Justement, pensez-vous que les élites ont pris la mesure de ce que vous décrivez, notamment depuis la révolte des « gilets jaunes » ?
Le mouvement des « gilets jaunes » est une manifestation de ce que je décris dans mon livre : la délégitimation de l’autorité et le fossé qui se creuse entre le peuple et ses dirigeants. Avec les « gilets jaunes », on n’assiste pas à un mouvement social, mais à une crise sociétale. Ce n’est absolument pas la même chose et il faut en avoir bien conscience. Car on ne répond pas à une crise sociétale comme à un mouvement social. Les réponses doivent être profondes. D’autant que ces forces et mouvements qui traversent le peuple français sont aussi à l’œuvre en Europe. (…)
Dans votre livre, vous rendez un hommage appuyé au maréchal Lyautey. En quoi l’enseignement de ce chef militaire est-il toujours d’actualité ?
La lecture du Rôle social de l’officier a été pour moi un événement fondateur. Ce livre a décidé en grande partie de ma vocation militaire, car sentir l’odeur de la poudre à canon n’a jamais été mon objectif. Ce livre, que j’ai relu des dizaines de fois, répond à bien des questions que nous nous posons encore aujourd’hui. Pour Lyautey, l’officier français a un rôle social à jouer – et je partage totalement son point de vue, en ajoutant cependant la précision suivante : tout chef, quel qu’il soit, a un rôle social à remplir. Lyautey avait déjà presque tout vu ou entr’aperçu à son époque. Sur le climat social, sur le fossé existant entre les chefs et les équipes, sur le désir d’autorité, sur le besoin d’humanité, son enseignement peut nourrir notre réflexion et nous éclairer. Ainsi, par exemple, sur la crise que traduit la révolte des « gilets jaunes ». Lyautey croit au creuset national ; d’une certaine façon, les « gilets jaunes » aussi.
Quand le président de la République évoque le prochain service national universel, je veux y voir une émanation de la pensée de Lyautey. Plus le temps passe, et plus je suis convaincu que ce grand soldat avait tout compris : le rôle du chef, la diplomatie nécessaire, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. Il est allé jusqu’à nous proposer, comme s’il avait pressenti le problème à venir, une voie pour régler la question des migrations massives. Avant tous les autres, Lyautey a montré l’existence d’un lien entre la paix, la sécurité et le développement. Il est un modèle pour moi.
Et j’en reviens ainsi à l’exemplarité : je crois qu’il faut se choisir des modèles dans la vie. Je vois tant de gens qui ne sont « d’aucun temps ni d’aucun pays », pour reprendre la formule de Fénelon. Comment peut-on élever notre jeunesse vers les sommets si on ne lui donne pas de modèles ? Notre époque a besoin de modèles. Pas de contre-modèles. Et, puisque nous évoquons notre jeunesse, je voudrais ajouter que je suis, au fond, assez optimiste lorsque je l’observe. Car je ressens chez nos jeunes une aspiration à s’élever, à croire en un idéal, à ne pas baisser les bras, à vivre sur des bases solides. Si l’on y ajoute le désir d’unité et l’espérance en notre pays, la France pourra assumer sa vocation singulière dans le monde.
« Donnez-moi deux cents Beltrame et je vous gagne la guerre contre le terrorisme », a dit je ne sais plus quel officier. Vous qui avez été le chef d’état-major des Armées françaises, pensez-vous qu’il y ait aujourd’hui en France deux cents colonels Beltrame ?
Je suis très perplexe lorsque j’entends ce type de formule face à la complexité du phénomène terroriste. Je ne suis plus en situation de responsabilité, mais je suis persuadé que tous nos colonels sont aujourd’hui formés pour être des Beltrame. Permettez-moi de m’étonner, mais aussi, d’une certaine façon, de me réjouir : le grand public a découvert grâce à l’héroïsme magnifique du colonel Beltrame ce qui constitue le trésor de l’armée française. Croyez-vous qu’il y ait un seul de nos colonels qui ne soit pas prêt à mourir pour la France ? Ils sont formés pour cela.
Grâce au sacrifice du colonel Arnaud Beltrame, les Français ont redécouvert le don gratuit. Il leur est apparu soudain, et avec quel éclat, que la culture de vie est plus forte que la culture de mort! Il y a heureusement des hommes qui croient encore aujourd’hui au sacrifice suprême. Et, croyez-moi, les jeunes qui entrent dans l’armée possèdent cette soif d’âme, d’engagement, de don gratuit. Ils viennent chercher dans l’armée l’exemple du colonel Beltrame, et cela concerne les soldats, les sous-officiers et les officiers. Ce sont tous des colonels Beltrame en puissance parce qu’ils savent très bien, l’époque s’étant considérablement durcie, qu’ils peuvent un jour ou l’autre y laisser leur peau. ■
Oui nous sommes face à une crise sociétale que l’Etat essaie perfidement de transformer en une crise sociale.Bien entendu les médias savent pertinemment que c’est une crise sociétale mais refuse catégoriquement de le reconnaitre car ce serait admettre que ce régime actuel n’est pas aussi parfait qu’ils le disent.On nous dit toute la journée DEMOCRATIE DEMOCRATIE DEMOCRATIE !Mais la démocratie n’est qu’ un système politique qui gouverne très mal mais hélas se défend très bien. (voir Jean Haupt le procès de la démocratie)
Il faut absolument lire ce livre du Général de Villiers !
Le Maréchal Lyautey étaitun grand militaire et son tombeau est demeuré longtemps à Rabat ou mon père m emmenait .
Il. a suscité ainsi ma carrière militaire.
Le LCN Beltrame à fait partie de cette lignée d’officiers.
w.Darmon
Magnifiques propos du Général de VILLIERS, déjà entendus sur France 5 ( C a vous). j’espère seulement qu’il ne sera pas le nouveau sauveur de la république ( comme PETAIN en 1940 et DE GAULLE en 1958
NON! De Gaulle est le traître d´une capitulation politique après une victoire militaire en Algérie en 1962. Pétain fut celui qui signa une armistice après une défaite militaire (celle de 1940)!
Mais quand est-ce que vous allez cesser de tout ramener à De Gaulle ou à Pétain ??? On est en 2019 !!! ce qui signifie qu’il n’y a plus rien de comparable. Aujourd’hui la classe politique est totalement désavouée, nous sommes en mondialisation, nous avons les terroristes djihadistes, notre environnement est un problème planétaire, et on est à la veille de l’implosion républicaine… Vous allez enfin vous mettre les yeux en face des trous ???
Merci mon général
Honte à eux qui ne représentent plus qu’eux mêmes
Vous avez servi la France et vous la servez encore avec abnégation, eux se servent et nous asservissent
Il est grand temps d’avoir de nouveaux horizons et des esprits éclairés pour nous montrer la voie
Vive la France
Je pence que nous français nous savons servir notre paye. Dans un respect des fois qui me fait honte par moment!!!! Ou son se qui nous avons bâtis nous citoyens de cette belle révolution de 1789 ou son nos affinités ou son celle de cette fraternité de liberté et d’égalité. Moi comme je suis un bon patriote de mon paye qui ma donné beaucoup et ou je donne beaucoup de moi même. Pourquoi ! vivre dans une crainte qui n’es plus supportable qui n’es plus hélas même celle du gendarme ! mes de l’économie. Il n’y as plus de respect de ceci. Moi qui suis un français pur et dure de souche de ma belle région du Dauphiné ou nous avons construit cette révolution ou allons nous aujourd’hui ? Ah part de nous faire peurs de nous rassurer. Non on nous défis et qui le peuple la ou est le danger !!!! j’aimerais le savoir ? Signer Pierre Detroyat Née à Tullins (Isère)
En réalité, l’état s’est fait, et de longue date, l’ennemi de la nation. Cette dernière est tellement exsangue à présent, que les sbires de l’état ne prennent même plus de gants pour soigner la propagande promettant toujours plus des jours meilleurs, et justifiant ainsi tous leurs méfaits, qui sont en premier lieux moraux, le reste ne faisant que suivre.
C’est la fin de la république Française. Il est temps de passer à autre chose.
Tout à fait, l’Etat n’est plus au service de la nation et ruine la France. On ne peut plus rester indéfiniment dans cette situation, il faut revenir au plus vite à ce que le Général De Gaulle avait laissé.