Par Lafautearousseau
Dans une conférence à Marseille le 3 mars 1988 – dont il existe, par chance, une vidéo – Pierre Boutang dit à un moment, comme réfléchissant pour lui-même, au détour d’un raisonnement fulgurant, à sa manière, évoquant sa jeunesse d’Action française et ce qu’il y faisait avec ses camarades dont beaucoup, dans cette génération, merveilleux d’intelligence, d’enthousiasme, de dévouement et de courage : « finalement, lorsque nous restaurions le culte de Jeanne d’Arc, c’était peut-être ce que nous faisions de mieux ». Humilité du vrai militant. Le pays, miné par les vices du régime, roulait alors vers la guerre tragique que Maurras pensait perdue d’avance, désastre qui advint en juin 40.
Boutang considère un demi-siècle plus tard, que cette actualité poignante, quelles que soient les passions légitimes et les combats justes qu »elle suscitait alors, passerait ; que la France traverserait les terribles épreuves qui manqueraient la tuer ; mais que restaurer le culte de l’héroïne nationale, la pure figure du patriotisme français, salvifique dans le pire malheur, était, finalement, ce que l’on pouvait faire de mieux. Ce qui était le plus important. Ce qui ne passerait pas. Maintenir vivants pour la France les plus anciens symboles de sa capacité à survivre aux pires épreuves et à renaître plus forte y compris en faisant appel au secours de la transcendance, voilà ce qui primait. Et Boutang poursuit sa réflexion : il y a aussi la figure de nos rois et ce qu’il en subsiste de profond dans la mémoire populaire. Que celle-ci retrouve, qu’elle invoque et qui la rassemblent, dans les périodes difficiles de son histoire. Et Boutang d’évoquer ses modèles successifs : Louis XIV pour la grandeur et la force ; Louis XI pour la ruse, que prône Machiavel ; Henri IV pour la concorde restaurée, la vaillance, son sens du peuple …
En définitive, avec l’âge et la maturation de son esprit, il dit mettre Saint-Louis plus haut que tout, ce roi saint qui pourtant n’a pas craint de guerroyer, d’aller porter au loin la Croisade, de s’opposer au pape, lorsqu’il le fallait pour la défense du Royaume. Saint-Louis, le Prince chrétien par excellence, archétype d’un pouvoir juste et fort.
Ces hauts symboles français sont vivants dans la mémoire populaire. Ils ressurgissent dans nos épreuves. Et c’est sans-doute ce qui explique les dizaines et dizaines de Messes, de conférences, de débats, de manifestations diverses, qui sont prévus à travers la France dans cette deuxième moitié du mois de janvier. [Voir plus loin].
La mort de Louis XVI guillotiné, n’est pas symbole de victoire ni de gloire françaises. Et de fort loin. Elle en est même le contraire. Elle constitue dans notre histoire nationale un acte singulier de rupture tragique avec nous-mêmes qui a bouleversé la France et le monde, les jetant dans une suite interminable de révolutions et de guerres dont nous ne nous sommes jamais relevés.
À aucune époque ultérieure, cet événement si hautement symbolique n’a été vraiment oublié. Dans cette période chaotique où nous sommes de nouveau plongés, restaurer le lien historique qui nous rattache à notre histoire et à nos rois, dont le malheureux Louis XVI, c’est sans-doute, là encore « ce que nous pouvons faire de mieux ». Partout en France, soyons présents. Justement, pour l’avenir de notre Patrie. LFAR ■