Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Péroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il travaille depuis 2005 pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc et ailleurs, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR ■
EXTRAITS INÉDITS DU JOURNAL DE PÉRONCEL-HUGOZ, DU MAROC ET D’AILLEURS, ANNÉES 1983-1984 et 2013
Casablanca, 26 février 2013
Au Marché central, chef-d’œuvre inchangé de l’architecture lyautéenne, déjeuner avec le psy casablancais Rouchdi Chamcham (Photo) et le Père Julien, curé de Mohamédia.
Tous deux affirment croire encore au dialogue islamo-chrétien et savent que je n’y crois plus depuis belle lurette. Après avoir, selon l’usage local, acheté nous-mêmes nos poissons (calamars, espadon, sardines etc) aux poissonniers du marché, nous les faisons griller par un gargotier populaire du même endroit. Le curé, ancien gendarme à vocation tardive, ancien aumônier de la Jeanne-d’Arc, homme instruit et peu porté sur le pacifisme, m’étonne fort en disant ne pas connaître ou avoir oublié la parole christique de l’Évangile, relative au Glaive et au Manteau. Sitôt rentré chez moi, je lui courrielle la Parabole : « Celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acquérir une ! » (Jésus dans « le repas du Seigneur », XXII, Évangile selon saint Luc).
Il y a certes, aussi, « la joue tendue pour une seconde gifle » — mais ça c’est sur le plan privé, en famille, entre amis, entre confrères. Le conseil christique du Glaive, c’est en cas de danger public. Ne pas se défendre contre l’ennemi, serait une sorte de suicide, ce que l’Eglise condamne rigoureusement. Si les chrétiens du Liban ou d’Ethiopie (Photo) n’avaient pas pris les armes, ils n’existeraient plus depuis longtemps. En 2013, la question se pose tous les jours pour nos coreligionnaires de Syrie ou du Nigéria, pour ne citer qu’eux. ■
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