par Louis-Joseph Delanglade
Oubliant les insultes de M. Macron contre la « lèpre » illibérale, nationaliste et populiste, le Quai d’Orsay vient d’accuser l’Italie de « provocations » et d’« ingérences ».
Le piquant de l’affaire est que M. Macron fait l’objet de la même accusation de la part de M. Maduro. Or, si France et Italie sont tellement proches depuis toujours qu’elles peuvent bien se disputer, le Vénézuéla nous est terre lointaine, en termes géopolitiques et économiques, et cela même si nos Antilles ne sont qu’à quelques centaines de kilomètres de Caracas. Nous faisons donc nôtre l’analyse de M. Aliot, selon laquelle il ne faut pas confondre les régimes et les Etats : on pense ce qu’on veut (et plutôt du mal, en l’occurrence) du régime de M. Maduro mais ce qui se passe au Vénézuéla est « une affaire qui ne nous concerne pas » (BFMTV et RMC, mardi 5 février).
Cependant, eu égard à « la violation des principes de démocratie, de l’état de droit et des droits de l’homme », en accord avec d’autres pays européens et avec la bénédiction de l’U.E., la France de M. Macron a cru intelligent de se prévaloir d’un prétendu droit d’ingérence qualifié d’« humanitaire » et de « démocratique » pour lancer un ultimatum à M. Maduro. Ultimatum dont le rejet prévisible a souligné l’incohérence de la démarche. En effet, il faut se rappeler que les Européens, dont la France, à qui personne ne demandait rien, avaient d’abord posé aux médiateurs entre MM. Guaido et Maduro en créant un « groupe de contact » (huit pays européens et cinq latino-américains) afin d’aider à l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle. Groupe dont la réunion de jeudi dernier à Montévidéo a accouché des habituels voeux pieux de circonstance. Or, en prenant de front M. Maduro, les Européens, dont la France, se sont de fait ralliés à M. Guaido.
Mais pas seulement à lui et notre incohérence fait les affaires de gens plus cohérents. C’est que les difficultés de M. Maduro constituent pour les Etats-Unis une belle occasion de remettre la main sur le Vénézuela : M. Trump évoque même sans ambiguïté la possibilité d’une « intervention militaire ».
La politique américaine dans la région a, elle, le mérite de la constance : fondée sur une interprétation impériale de la doctrine de Monroe (1823), elle fait de la mer des Caraïbes une chasse gardée en raison de son importance stratégique. Avoir secondé l’hégémonisme américain, quel beau succès en perspective pour la diplomatie française ! Mais ce n’est pas tout et il y a pis encore. Le simple bon sens montre en effet que le précédent vénézuélien pourra servir à toute remise en cause de tout régime, partout dans le monde, donc là où nous avons encore quelque influence et beaucoup d’intérêts (politiques, économiques, militaires et culturels). Ce serait par exemple le cas pour le Congo ex-Léopoldville où la récente élection présidentielle a sans doute manqué de transparence. En attendant le reste, ou presque, de l’Afrique.
En se mêlant de ce qui ne la regarde pas vraiment, la France a pris deux risques : celui de favoriser un impérialisme américain forcément hostile dans une région où elle possède encore quelques territoires et celui de se mettre elle-même en grande difficulté dans certaine(s) région(s) où elle est directement impliquée. ■
Si le VENEZUELA n’avait pas de pétrole, y aurait-il autant d’intervenants. Dans les années 50, les Etats Unis étaient déjà intervenus dans ce pays pour dégager un régime qui contrariait leurs intérêts Ils firent de même pour MOSSADEGH en IRAN, pour les mêmes raisons. Quant à notre petit jeune de l’Elysée,, il est temps de lui faire connaître l’œuvre de Jacques BAINVILLE.
L’analyse et les conclusions de notre ami L.J.Delanglade sont excellentes, à l’évidence.
C’est pourquoi je me sens presque coupable d’oser y ajouter un mot de mon cru personnel.
De tout temps, les relations internationales évoluent dans un contexte bien différent des relations essentiellement « domestiques »ou nationales.
Elles mettent en effet en rapport ou en contact direct des peuples, des nations dont les antécédents, les origines, l’Histoire,les langues, les civilisations même, les religions, les coutumes, les réflexes sont différents, et souvent contradictoires pour ne pas dire opposés.
Il n’existe pas de loi commune entre elles, et le droit international-public ou privé-n’existe pas : à la vérité, il ne peut être qu’une juxtaposition, une comparaison au mieux, ou une confrontation, ou même une agression intellectuelle ou spirituelle,( au maximum de l’optimisme).
Le seul dénominateur commun qui existe en la matière est la force, et sa conséquence est le rapport de force.En règle générale, c’est toujours la force qui régit seule la loi internationale.
Elle peut ,certes se manifester de très différentes manières : les armes, la diplomatie, la ruse et l’espionnage,les diverses sortes d’alliances, des institutions « ad hoc »,même-comme la SDN ou l’ONU….-,ces institutions correspondant d’ailleurs aux voeux et aux intérêts des plus forts.
Enfin, il ne convient pas d’oublier le rôle-occulte ou pas- des croyances, des religions, des sectes,des associations, des idéologies……,ni celui du Bien et du Mal-qui sont intrinsèques à l’humanité entière.
De nombreux exemples historiques peuvent aisément illustrer mon propos, sans parler des situations actuelles que nous avons sous les yeux, en France même ,et ailleurs.