Devant l’incapacité, les errances et la dramatique théâtralité de nos politiques, il nous revient à la mémoire ce long poème de Verlaine (Sagesse XII) dont voici les premières et dernières strophes.
Or, vous voici promus, petits amis,
Depuis les temps de ma lettre première,
Promus, disais-je, aux fiers emplois promis
À votre thèse, en ces jours de lumière.
Vous voici rois de France ! À votre tour !
(Rois à plusieurs d’une France postiche,
Mais rois de fait et non sans quelque amour
D’un trône lourd avec un budget riche.)
À l’œuvre, amis petits ! Nous avons droit
De vous y voir, payant de notre poche,
Et d’être un peu réjouis à l’endroit
De votre état sans peur et sans reproche.
Sans peur ? Du maître ? Ô le maître, mais c’est
L’Ignorant-chiffre et le Suffrage-nombre,
Total, le peuple, « un âne » fort « qui s’est
Cabré », pour vous espoir clair, puis fait sombre.
………………..
Vous, nos tyrans minuscules d’un jour
(L’énormité des actes rend les princes
Surtout de souche impure, et malgré cour
Et splendeur et le faste, encor plus minces),
Laissez le règne et rentrez dans le rang.
Aussi bien l’heure est proche où la tourmente
Vous va donner des loisirs, et tout blanc
L’avenir flotte avec sa Fleur charmante
Sur la Bastille absurde où vous teniez
La France aux fers d’un blasphème et d’un schisme,
Et la chronique en de cléments Téniers
Déjà vous peint allant au catéchisme.
Tout est dit, ne trouvez-vous pas ? ■
Merci à Sylvie Hueber