Les diverses réactions de Boualem Sansal à la crise algérienne sont importantes d’une part à cause de la qualité de ce grand intellectuel algérien, d’autre part à raison de sa connaissance des réalités de son pays. Ses déclarations ont été sollicitées et publiées par la grande presse française, tels Le Figaro, L’obs, L’Express, etc. Et au Maroc, particulièrement concerné, notamment par Le360. En fin d’article, on notera les terribles constats portés sur la situation singulièrement exposée de la France et sur son pitoyable état politique et moral. Pas de quoi rire, vraiment ! LFAR
Boualem Sansal, le célèbre écrivain algérien, s’est élevé dans différents médias français contre le 5e mandat que brigue Bouteflika. Au dernier jour du dépôt des candidatures, dimanche 3 mars 2019, il avertit du risque d’explosion si Bouteflika est réélu.
Dans une interview publiée par L’Obs, l’écrivain explique que lui-même et beaucoup de ses semblables pensaient que le régime algérien n’aurait pas été jusqu’à pousser Bouteflika à briguer un cinquième mandat.
« Le 4e mandat s’achevait (si on peut appeler ça un mandat, le président l’a entièrement passé en soins dans sa résidence médicalisée de Zéralda et dans des cliniques à l’étranger). La présidentielle 2019 était dans toutes les conversations. Qui sera candidat, qui a des chances de l’emporter, que décidera l’armée, quid des islamistes, qui sera l’homme des Américains, qui est le favori de la France, etc.? », explique Boualem Sansal.
« Le questionnement a viré à la colère lorsque des voix autorisées ont commencé à faire circuler la nouvelle que Bouteflika le moribond allait rempiler et que l’armée le soutenait. On n’y croyait pas, le système n’oserait pas faire ça alors que le pays est au bord du gouffre », analyse l’auteur de « Poste restante : Alger. Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes ».
Le 1er mars, dans « Le Figaro » cette fois, Boualem Sansal a affirmé que les manifestations en cours en Algérie constituent « une insupportable humiliation pour le président, ses frères, son armée, sa police, ses députés, ses sénateurs, ses oligarques, ses fonctionnaires, ses milices d’appoint », observant que le pouvoir algérien « n’a pas pour habitude de se laisser impressionner par des foules qui n’ont ni canons ni missiles et qui ne brandissent ni Coran ni rien d’aussi puissant ».
Dans un entretien au Figaro, l’écrivain considère que le « silence » du pouvoir « a un air de veillée d’armes qui n’augure rien de bon », affirmant que jamais personne n’a manqué de respect à la « Famille révolutionnaire » sans « le payer de sa vie ».
« La mèche s’est allumée » lorsque Bouteflika a fait annoncer par ses missi dominici sa décision de s’accorder un cinquième mandat, rappelle Sansal qui qualifie de « réjouissant » le fait de « voir les gens sortir de leur longue et insupportable léthargie et venir, très civilement, rappeler au pouvoir qu’ils existent et qu’ils veulent vivre ».
L’écrivain avoue cependant que « l’inquiétude est plus forte » chez lui que « cet espoir fou qui se répand sur le pays comme au sortir d’un long cauchemar » qu’il s’efforce de ressentir.
« Attendons de voir dans quelle direction le vent va souffler. Ça manipule dur derrière le décor », lance-t-il en écartant toutefois que le pouvoir puisse tomber.
« Le pouvoir ne tombera pas. Il contrôle totalement le pays et dispose de tous les moyens, et d’abord de la détermination, pour abattre quiconque approcherait de la ligne rouge », explique-t-il.
Il a « beaucoup appris du printemps algérien et de la décennie noire qui a suivi, ainsi que des printemps des pays arabes », ajoute-t-il .
Selon Sansal, « quand le pouvoir se sentira acculé, il fera ce qu’il a toujours fait quand le peuple bouge et le déborde, il plongera l’Algérie dans le désordre et la violence et, au moment propice, quand les choses seront à point, il fera toutes sortes de bonnes concessions et de beaux cadeaux pour imposer la paix sociale ».
Pour l’écrivain algérien, « si Bouteflika n’avait pas eu son AVC, le plan se serait poursuivi tout tranquillement, l’homme a du bagou, il peut vendre du vent à un avare, comme à son arrivée triomphale au pouvoir en 2000, il a en cinq secondes vendu aux gentils Européens son projet de bonheur pour tous ».
En réponse à une question sur les conséquences qu’une grave déstabilisation de l’Algérie est de nature à avoir sur la France, Sansal a souligné qu’ « une nouvelle déstabilisation sera terrible » sur le partenaire français.
« Dans l’état de fracturation sociale et politique où elle se trouve, elle pourrait éclater et sombrer », affirme-t-il en observant que « la France est à ce point piégée par l’islamisme et le politiquement correct qu’elle ne sait plus qui elle est, sur quel pied danser, quels noms donner aux choses, quelle langue parler…».
« Les présidents français pensaient que l’Algérie était « leur cauchemar » mais ils ne le disaient pas, ils souriaient niaisement aux uns et aux autres et les flattaient par de belles paroles, c’est-à-dire des paroles de soumission », indique-t-il. ■
Sources : Le Figaro, L’Obs, Le360 [Mohammed Boudarham – Youssef Bellarbi]
Mais pourquoi voter pour Bouteflika,? C’est la question à laquelle je n’ai pas trouvé de réponse.
On parle de l’armée mais à elle seule elle ne peut constituer une majorité ou alors que les algériens nous parlent plus de système démocratique;
Le jour où vous comprendrez la situation réelle de l’Algérie sera un grand pas en avant. Ce pays est dominé par des factions ( les rentiers du FLN,les militaires, les islamistes, le milieu des affaires, la famille Bouteflika et ses nombreux clients et trabendistes). Tous ces gens-là ne se sont toujours pas mis d’accord sur le nom du successeur. Là est le problème politique. Le second problème est lié à la rente pétrolière et gazière qui a ces dernières années subi des baisses significatives. Or, le pouvoir a réussi à se maintenir jusqu’ici grâce à l’ouverture des vannes financières sous la forme de diverses subventions notamment des produits de base.Les caisses inexorablement se vident et quid de la colère d’une population largement assistée.L’heure de vérité a enfin sonné !