« Il est décidément bien difficile à un Chef d’Etat élu de ne pas mentir à ses concitoyens. »
Il y a des mots, dans une période déterminée et dans des circonstances particulières, qui connaissent une fortune inopinée, une vogue dont ils n’avaient guère joui jusqu’alors. Du moins à ce degré. Nous voulons dire qu’on les emploie soudain à tort et â travers. À tout bout de champ. Au point que, pour qui réfléchit un tant soit peu, leur utilisation politique hors norme devient suspecte. Suspecte d’hypocrisie et de tactique. Les deux, comme il se doit…
En l’occurrence le mot dont nous parlons est un verbe. Le verbe entendre, lequel a de multiples sens qui s’étendent et glissent de l’un vers l’autre. Le premier sens tient simplement de l’ouïe, le second de la compréhension, le troisième, à la forme pronominale, de l’entente et même de l’accord. « Je vous entends » : en premier lieu avec mes oreilles, en second lieu avec mon intelligence, ce qui revient à dire « je vous comprends ». « Ils se sont bien entendus » signifie convergence et bonne intelligence ; mais au-delà, « ils se sont entendus » veut dire « ils se sont mis d’accord ». De même que celui qui dirait à quelqu’un d’autre « je vous ai écouté » peut très bien vouloir lui signifier qu’il a suivi ses conseils. De l’ouïe initiale, pure et simple, la langue passe ainsi à l’intelligence, la compréhension, le conseil, l’accord.
Avez-vous remarqué que le verbe entendre n’a jamais été aussi prononcé que dans les trois ou quatre mois que nous venons de vivre ? Le président de la République « entendait » la révolte des Gilets jaunes qui, au moins dans leurs commencements, disaient à grand fracas et parfois à haut risque, la colère des Français. Mais le Premier ministre aussi a fini par les « entendre » lui aussi, malgré qu’il en ait très certainement, et les ministres, les porte-parole, les parlementaires et même les journalistes, trop heureux que le tohu-bohu de la rue leur rapporte cet audimat si nécessaire … tout ce beau monde détesté des Gilets jaunes et de nombre de Français entendait. De façon répétitive et mécanique. Comme lorsqu’on a un tic. Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire qui ne fût pas du vent ?
L’entendement du Pouvoir, c’est à dire d’Emmanuel Macron, se résolut à débloquer 10 milliards pour calmer l’émeute après les samedis où Paris avait vécu des heures de guerre civile, où l’on craignit pour la sécurité du Président à l’Elysée, où un ministre dut être discrètement exfiltré de son ministère en compagnie de ses collaborateurs ébahis, où l’effigie du Chef de l’État avait été promenée dans la ville, suspendue à des guillotines virtuelles. Etc. En haut lieu, on répétait incessamment que l’on « entendait ».
Sans-doute entendait-on surtout au sens de l’ouïe. Beaucoup moins au sens de la compréhension et pas du tout au sens de l’entente ou de l’accord.
Du haut de l’appareil d’État, à vrai dire, l’on avait eu peur, ce qui ne s’était plus vu depuis mai 68 et au-delà depuis mai 58. La crainte avait conduit à entendre à hauteur des 10 milliards de décembre. Mais de compréhension, entente ou empathie, point du tout.
Cela est si vrai qu’après avoir reconnu compréhensible et même légitime la colère des Gilets jaunes, l’on redevint critique sitôt que leur mouvement eut commencé à faiblir et le soutien des Français à s’effriter. Pour le discréditer, les casseurs, Blacks Blocs et Antifas, les racailles de banlieue, les pillards des cités avaient été laissés libres d’agresser, de casser et de piller. Les Gilets jaunes en porteraient la responsabilité… Les porte-parole et les médias – ce qui revient un peu au même – s’en sont chargés. Le ministre de l’Intérieur – si soucieux d’éviter tout amalgame aux musulmans vivant en France – n’a pas eu ce genre de délicatesse envers les Gilets jaunes. Il a usé contre eux de mauvais stratagèmes. Nécessité fait loi.
Qu’est-ce que tout cela signifie ? Sans-doute que lorsque les hautes autorités gouvernementales du régime qui est le nôtre commencent à nous répéter en boucle qu’ils nous entendent, il y a toutes raisons de penser qu’ils se moquent de nous sans vergogne. L’usage intensif et commode de ce verbe polysémique est fait pour tromper, enfumer, mentir. Ce n’est pas d’hier, mais il est décidément bien difficile à un Chef d’Etat élu de ne pas mentir à ses concitoyens. ■
« vox populi clamavit in déserto»
Ce n’est pas d’aujourd’hui ..mais ce qui l’est c’est la prise de conscience de certains et le reveil d’une partie de la nation
Excellent article sans langue de bois
Entendre et comprendre ne peut se faire que si on accepte un tant sois peu l’avis de l’autre. Il y a déjà longtemps qu’une partie de la France n’entend pas, ou ne veut pas entendre , l’autre partie du pays. De Gaulle avait eu le geste de permettre à la gauche de gouverner, il n’en a pas été remercié. Cette partie des Français , élus et gouvernants compris, continuent a envisager leur France comme l’avait fait les révolutionnaires en 1791, une France nouvelle, toute neuve. Alors on brade, on vend les bijoux de famille. Pourquoi? Parce qu’ils refusent notre grande histoire; notre généalogie, notre civilisation. Ce qui pose un problème de compréhension de nos partenaires Européens.
L’autre partie des Français est plus accrochée à l’histoire de notre pays, on y trouve les grands chefs militaires, les grands industriels, les Français du rang, de la campagne ou la terre s’accroche aux sabots. Pour imager ce propos: Issus de vos informations. Le jour de la cérémonie d’enterrement du Général Bigeard, les vieux Paras ont entamé une des chansons préconisées par le Général. C’était pour ces anciens un honneur , ils ont (dites vous) été stoppé par un officier de l’état major. L’acte est parfait les ronds de cuir n’entendent pas le chant des casquettes du briscard et refusent de comprendre le passé.
C’est la France: Vercingétorix n’a pas été entendu, ni compris, par le reste des Gaulois , enfin des Celtes, qui s’étaient déjà ralliés aux Romains.
L’actuelle France est coupée en deux, qui aura le dessus, Ceux qui rendent la vie des autres impossible, en imposant sans préparation une organisation des service informatisés à tors et à travers qui prétend moderniser; ou bien ceux qui préféreraient une prolongation de l’histoire de leur ancêtres vieille de cinq ou six millénaire et qui permettrait de s’adapter progressivement au modernisme qui n’est qu’une continuité de notre civilisation.
Entendre et comprendre, s’entendre et se comprendre, Impossible notre actuel gouverneur et ses sbires n’entendent pas le peuple qui gronde et qui veut poursuivre son histoire et non en créer une autre utopique….
vous avez tout dit .