Robert Schuman, haute figure morale au service des États-Unis, explique comment la France pourra profiter d’une association politique non contraignante.
Par Jacques Trémolet de Villers
Justice. L’Union européenne est une création des États-Unis d’Amérique.
Le livre de Philippe de Villiers J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu n’est pas déplacé dans cette rubrique où la justice est première.
Cette plongée romanesque et policière – car le livre se lit comme un roman d’espionnage – dans les origines de « l’Union européenne » a une dimension juridique de grande importance – notre droit, en effet, est de plus en plus tributaire de ce qu’on appelle, par abus de mots, « le droit européen » alors qu’il s’agit d’un simple ensemble de contraintes réglementaires, porté par une idéologie qui prétend s’imposer comme le nouveau pouvoir spirituel. La Cour européenne des droits de l’homme y joue le rôle d’un consistoire laïc.
Au fil du récit mené de main de maître – qui a parlé de plagiat ? on y reconnait à chaque ligne le style et la mise en scène de cet exceptionnel auteur dramatique qu’est le créateur du Puy du Fou –, on voit se dessiner, dans la galerie de portraits, le vrai visage des « pères fondateurs », Jean Monnet et Robert Schuman qui, à la fin, tels des Lénine dans la Russie libérée, gisent à terre, déboulonnés de leur socle commun comme de vulgaires idoles.
Le marchand du temple et le pharisien
Le « génial » Jean Monnet était d’abord et avant tout un intrigant, agent d’influence au service des services américains avec des rétributions qu’on peut dire « lourdes ». On songe, le talent en moins, au Voltaire de Frédéric II. Il a pu traverser les deux guerres mondiales sans jamais porter l’uniforme de son pays ni le servir dans quelque défense que ce soit. Quant à Robert Schuman, s’il a bien porté l’uniforme, en 14-18, c’était l’uniforme allemand, et en 39-45, il a erré de couvents en monastères pendant que d’autres combattaient sur tous les fronts. Deux « planqués » habiles, l’un plus mondain, dont le seul aspect attachant est son aventure amoureuse, bien qu’adultère, avec une splendide italienne qu’il épousera, grâce à la complicité de l’ambassadeur des États-Unis – son patron – et du maréchal Staline, en Union Soviétique, l’autre, « indigne national » rattrapé par De Gaulle, gagnait son banc à l’Assemblée Nationale comme un chanoine la stalle qu’il a si longtemps convoitée.
Ah ! que cette démolition est jubilatoire ! Les conformistes s’étranglent de rage. Philippe de Villiers, en démontrant que l’Union européenne est tout sauf européenne, que ce n’est même pas « les États-Unis d’Europe », mais tout simplement le règne des États-Unis en Europe et le prélude d’un gouvernement mondial, est allé, au bout du mensonge, à la Vérité. Et cette vérité nous annonce, avec certitude, l’écroulement de cette prétendue Union.
« L’ouvrage des méchants demeure périssable,
Les idoles d’argent qu’ils se sont élevées
S’écrouleront demain sur leurs bases de sable
Et la nuit tombera sur leurs formes rêvées »,
dit le psalmiste.
Après la nuit, la lumière du jour
Pour les assoiffés de justice qui sont aussi les amoureux de vérité, c’est une bonne nouvelle. Le temps est venu de revenir au juste et au réel en se libérant des carcasses absurdes et des dogmes idéologiques, pour retrouver la méthode du droit naturel qui veut que les juges et les avocats, au moyen de débats contradictoires, recherchent ensemble, dans chaque litige le droit – id quod justum est… ce qui est juste. Ce livre a sa place dans la grande tradition des écrivains « pourfendeurs de nuées », aux côtés de Léon Daudet et du Bernanos de La France contre les robots.
On comprend que les bénéficiaires de cette « construction » se démènent comme des diables pour conserver leurs places, seul but aujourd’hui de la presque totalité des partis, mouvements et institutions dites politiques qui ne sont plus que ce qu’Edouard Parker appelait « des complots d’éduqués » pour vivre confortablement de l’argent public sans avoir à gagner leur pain à la sueur de leur front. Mais la construction, aujourd’hui, vacille sous le choc de la révolte des « puent-la-sueur ». En mettant à nu le mensonge qui a présidé à sa fondation, Philippe de Villiers contribue puissamment à sa chute. Après, entre nations rendues à la liberté de leur souveraineté, on pourra enfin parler et, donc, s’entendre, et l’Europe, la vraie, deviendra possible.
Un jour, aux Baux-de-Provence, j’étais assis à la table des dédicaces, à côté d’Hélie de Saint Marc. Pendant une pause, ce vrai héros de la résistance, qui se mourait à Buchenwald tandis que Robert Schuman se faisait dorloter dans un prieuré, me dit en aparté : « Vous êtes royaliste, vous ? » Comme je cherchais une réponse un peu argumentée, sans attendre, il ajouta : « Pensez à ceci : le vrai chemin pour une Europe des peuples passe par une Europe des Rois. » Là est l’avenir, quand nous aurons dégagé les débris du mensonge. ■
Jacques Trémolet de Villers ,si je comprends qu’on discute de la conception de l’Europe fédérale et de notre soumission aux USA , je trouve quelque peu déplacé la manière dont vous traitez Robert Schuman , en 1914 et en 1940. Comme Alsacien Lorrain depuis moult générations je trouve particulièrement malvenu donc les insinuations accusations de Philippe de Villers sur le fait que Robert Schumann fut enrôlé en 14 du coté allemand ( déjà pro boche ! ) ( et je me sens aussi insulté) Ce fut le cas de mon grand-père en tant que Médecin! . Philippe de Villiers se range ainsi du coté de Jacques Duclos qui insulta dans les années 50 un jour Robert Schumann à l’Assemblée nationale le traitant de « boche » à cause de ce fait. . Ensuite insister lourdement sur le vote des pleins pouvoirs à Pétain, c’est là aussi oublier le contexte. Quant aux reste des accusations, Ministre de Pétain, combien de jours ? et la polémique aigre sur son refuge dans les monastères, ne grandit pas le livre(1) Quand on sait, et je le sais par famille , comment les Allemands traitaient les Alsaciens Lorrains réintégrés de force dans le Reich et soumis donc à une surveillance incessante de » la Gestapo , risquant leur vie ou la déportation . Mon grand- Père l’a vécu, parce que son fils s’était sauvé sur ses conseils en 40 en zone libre et qu’en tant que Médecin chef du servie de Gynécologie à Colmar, il avait refusé de se soumettre aux autorités nazies de l’hôpital qui lui exigeait de lui un avortement de lui, Il et n’a pas été dénoncé sinon… ;.
Donc Robert Schuman après avoir fait le tour de ses relations a choisi d e sauver sa peau, comme Adenauer , ( lui a réussi en 1945 à se sauver d’un camp) Il ne s’est pas engagé certes, Etait-si facile pour le sujet allemand qu’il était redevenu par notre faute ? ? Je n’en sais rien ? Aurait –il pu faire de la résistance dans la brigade Alsace Lorraine ? ,. Quant au reste, à savoir si Jean Monnet était un agent d’influence USA, ce n’est pas un scoop, Boutang l‘avait déjà largement révélé il ya plus de trente ans . Maintenant la conception de l’EUROPE de Robert Schuman peut être discutée et celle de Gaulle peut être préférée mais le débat mérite d’être approfondi à la lueur de l’Europe d’aujourd’hui. Mais ne pas oublier quand même que c’est en chrétien que Robert Schuman a tenté avec Gasperi et Adenauer d’exorciser les démons du conflit fratricide de 14 et celui épouvantable de 40 , ce qu’ont aussi tenté de faire de Gaulle et Adenauer en 1962. Un peu de hauteur ne serait pas du luxe pour le vaillant initiateur du Puy du Fou.
le fond du problème est un peu escamoté: à savoir sur quoi fonder l’Europe? Sur une base matérialiste d’un simple marché ou sur un sursaut de conscience de l’Europe revenant à ses racines, non otage de l’Atlantisme hier et aujourd’hui du mondialisme, ce qui est une autre manière d’éradiquer l’héritage spirituel de l’Europe? C’est peut-être là le principal reproche à faire à Jean Monnet, à force de pragmatisme, il a oublié l’essentiel; Quant à ceux qui fidèles aux efforts de De Gaulle de ne pas aliéner la France, ils ne doivent pas oublier que le souverainisme n’est pas une fin en soi et que notre rivalité avec l’Allemagne ne doit pas structurer notre action. Ils doivent revenir aux fondamentaux; » la conception chrétienne de l’histoire est une conception hiérarchique » selon Théodore Haecker. Il serait temps de sortir de la rivalité mimétique, qui comme l’a analysé R. Girard nous a conduit à » la montée aux extrêmes »
H.P.
(1) Je cite Duneau Sureau ici ; Habile à détruire les réputations, M. de Villiers feint de s’étonner que M. Schuman ait porté l’uniforme allemand, comme s’il ignorait que la Moselle fut alors annexée depuis 1871 et que ce Lorrain fut donc citoyen allemand jusqu’en 1919. Affecté à l’administration, il n’a d’ailleurs pas porté les armes contre la France. Vingt ans plus tard, nommé sous-secrétaire d’Etat aux réfugiés en mars 1940, il est, sur le papier, reconduit à ce poste par Pétain, mais il en démissionne aussitôt. S’il vote les pleins pouvoirs au Maréchal le 10 juillet 1940, c’est sous le coup du chantage de Laval qui lui fait croire que ce vote empêchera l’Alsace-Moselle d’être à nouveau annexée. L’annexion effectuée, se sentant trompé, il se retire en Lorraine où il est arrêté par la Gestapo, emprisonné, puis assigné à résidence. En 1942, il réussit à s’échapper.
Comparer la production de Philippe de Villiers à Bernanos ?
» La France contre les robots » , » le lendemain c’est vous » , » les enfants humiliés » , » La grande peur des bien pensants » ; de mémoire , Bernanos ne reprenait pas l’injure de boche mais il fut combattant lors de la première guerre mondiale .
Dans le même ordre d’idées et toujours de mémoire , Julien Green relatant son expérience de volontaire ( pour la France , lors de cette même guerre ) notait : » les civils se haïssent » , les soldats se battent » .