par Louis-Joseph Delanglade
« Pour une renaissance de la vraie Europe, celle si variée des peuples et des nations, dont les seuls représentants sont les Etats… »
L’argument prétendument dirimant des européistes est que, conçue pour assurer la paix en Europe, ce qui est devenu aujourd’hui l’Union européenne a parfaitement réussi. Argument rien de moins que fallacieux.
En effet, une Allemagne écrasée par la coalition soviéto-américaine et une France empêtrée dans ses guerres coloniales eussent été bien incapables, dans les années d’après-guerre, de se ré-affronter militairement alors même que le continent européen était tenu, voire occupé, par les deux super-puissances. C’est donc bien plutôt l’équilibre dit « de la terreur », forme moderne de la paix armée, qui a permis l’éclosion de la CECA puis du Marché commun, l’Union d’aujourd’hui n’étant en fait que le dernier avatar de cette Europe-croupion, forcément inféodée dès le début aux Etats-Unis.
Ces derniers ont tout naturellement, après leur victoire de 1945, continué d’imposer leur vision des choses au Vieux Continent, conformément à leur idéologie mise en oeuvre dès les traités de paix qui ont suivi la première guerre mondiale. Et cela s’est poursuivi même après la disparition de l’Union soviétique, ce que prouve la gestion du démembrement de la Yougoslavie. Aux diverses puissances qui composent de jure l’Union d’aujourd’hui, il convient donc d’ajouter les Etats-Unis, devenus de facto une sorte de puissance européenne grâce à leur force militaire et à leur influence culturelle. La première raison est évidente puisque l’Otan est à leurs ordres. M. Trump peut bien faire mine de bouder l’organisation, celle-ci reste un formidable moyen de pression sur les capitales concernées (confort sécuritaire oblige) mais aussi de profit (vente d’armes aux « alliés »).
La seconde raison est plus subtile qui fait des Etats-Unis une « puissance douce » du fait de l’américanisation des élites européennes : la plupart de ceux qui sont aux postes de commande ou d’influence de ce côté-ci de l’Atlantique, formés si ce n’est « formatés » dans les universités d’outre-Atlantique, manifestent même inconsciemment une complaisance évidente pour les les façons d’être, de faire et de penser américaines.
Au regard de ces enjeux, qu’il a paru décalé le débat-brouhaha concocté par France 2 (jeudi 4) ! Du fédéralisme incantatoire d’un Lagarde au Frexit assumé d’un Asselineau on a bien eu droit à tout l’éventail des propositions. Mais les opposants les plus déterminés à l’Union, ceux qui la critiquent à juste titre en tant que telle, semblent mal mesurer et les problèmes posés par une sortie plus ou moins sèche et l’illusion d’une réforme de l’intérieur via un groupe parlementaire important.
Et ceux qui, malgré tout, maintiennent plus ou moins leur confiance à l’Union, ne veulent pas admettre que cette Europe-là est une impasse politique car, d’essence rationaliste, il lui manque l’assentiment populaire : faite par et pour des élites coupées de l’Histoire, mais aussi dépourvue d’affect et d’imaginaire, elle « ne se souvient d’aucun passé et ne définit aucun avenir », selon l’écrivain-philosophe Régis Debray (Le Figaro, 29 mars).
Pour une renaissance de la vraie Europe, celle si variée des peuples et des nations, dont les seuls représentants sont les Etats, il faudra bien, à défaut de pouvoir l’amender, se débarrasser de l’Union mais aussi recouvrer une indépendance perdue il y a un siècle au profit de l’allié américain. Alors ou en même temps on pourra envisager non une copie de l’Etat fédéral américain mais bien ce qui correspondrait davantage au génie propre de l’Europe, à savoir une confédération. ■
Ce que suggère Louis-Jseph Delanglade est marqué au coin de la raison et du bon sens !
Toutefois,il y a ,à mes yeux,2 conditions essentielles,-et primordiales, quoique difficiles- pour aboutir à la bonne solution qu’il suggère :-il convient d’opérer simultanément les 2 opérations suggérées ;-il paraît primordial d’obtenir 1 ou plusieurs meneurs de jeu associés, dans leur fonction d’entra’inement !
Sur le dernier point,l’ Europe primitive des 6 ayant créé le Marché Commun-sur une base catholique de leurs gouvernements avec l’encouragement actif du pape Pie XII,et une signature du 1er traité à Rome en 1957,serait-elle toujours opérationne( pape décédé en 1958),
serait-elle encore opérationnelle et par conséquent envisageable
Le vrai référendum européen que la technostructure bruxelloise a fui est de choisir pays par pays entre confédération, fédération ou rien ?
Sauf ceux qui voudraient s’exclure, les pays optant pour la fédération fusionneraient sous réserve de leur continuité territoriale, et la ou les fédérations créées se confédèreraient aux autres. La question serait tranchée pour longtemps et il ne serait plus besoin de parler de cercles concentriques, d’Europe à deux ou trois vitesses etc.
Mais recouvrer l’indépendance perdue est un voeu pieux. L’indépendance de qui ?
En revanche la politique européenne de demain ou les politiques nationales convergentes devront optimiser nos dépendances, surtout stratégiques ; c-à-d. dans les domaines fondamentaux de l’agro-alimentaire (clause soja), des énergies primaires, de la R&D et de la réindustrialisation. Enorme travail qui devra terrasser les promoteurs inlassables de la facilité.
Je conseille à tous ceux qui ne l’ont pas fait de lire le dernier livre de Philippe de Villiers « j’ai tiré sur le fil… »