Chine: le forum des « routes de la soie »
par Louis-Joseph Delanglade
L’Union Européenne vouée à n’être qu’un nabot politique et militaire ?
Les deux grandes puissances du moment, la Chine et les Etats-Unis, viennent de délivrer la semaine dernière, chacune à sa façon, un message clairement impérial.
En début de semaine, le monde apprend la décision américaine de durcir l’embargo contre l’Iran. L’interdiction de tout achat de pétrole iranien à partir du 2 mai, menaces de sanctions à l’appui, permet aux Etats-Unis de faire coup double : tout en donnant satisfaction à leurs deux alliés de la région, Israël et l’Arabie séoudite, ils réaffirment leur force de première puissance mondiale capable de dicter sa volonté aux autres.
On peut craindre la réaction d’un Iran ainsi mal traité. Un Iran qui avait déjà fait savoir en 2008 et 2011 qu’en cas d’attaque militaire ou de sanctions commerciales il pourrait bloquer le détroit d’Ormuz, empêchant ainsi toute exportation de pétrole par les pays arabes du Golfe : casus belli aux conséquences incalculables, notamment pour les pays d’Europe, lesquels seraient les premiers exposés après s’être pourtant soumis au diktat de Washington.
Sans rapport apparent, se tient en fin de semaine à Pékin le deuxième Forum des « Routes de la soie », ces liaisons maritimes et ferroviaires entre Chine et Europe notamment, avec les infrastructures qu’elles nécessitent : cent vingt-trois pays souvent représentés au plus haut niveau ! Quand l’unilatéralisme américain se manifeste avec brutalité, Pékin semble faire preuve de souplesse dans une approche qui se veut pacifique et multilatéraliste. Mais l’objectif stratégique de prépondérance reste le même et les éventuels partenaires européens ont de bonnes raisons de rester méfiants. Il y a ce que l’on sait déjà : les banques chinoises prêtent volontiers leurs dollars mais au prix d’un endettement qui peut vite devenir insupportable ; quant aux travaux, les entreprises chinoises en ont le monopole, ce qui a pour effet, outre de les renforcer, de favoriser l’exportation de certains excédents. Il est par ailleurs impensable que cette forme d’entrisme chinois au coeur de l’Europe (exemple de l’accord sino-italien) puisse ne pas avoir de suite géopolitique.
N’ayant ni le besoin ni le souci de régner sur le reste de la terre, les Européens devraient en revanche se protéger et des Chinois et des Américains, des foucades de ceux-ci et des tentatives de séduction de ceux-là. Les pays européens n’en finissent pas de perdre un temps précieux, fourvoyés qu’ils sont dans une Union utopiste et impuissante qui, plus de soixante ans après ses premiers balbutiements, reste vouée à n’être qu’un nabot politique et militaire. Nous voici à moins d’un mois des élections européennes. On peut être à peu près sûr qu’il n’en sortira rien, sauf en cas de séisme électoral populiste qui aurait au moins le mérite d’ébranler les bases du temple. ■
Les Etats Unis étant redevenus 1èr producteur de pétrole, ont certainement l’intention de freiner l’économie de leurs 2 rivaux: Chine et Europe, il leur suffit de provoquer l’Iran qui bloquerait, comme vous l’indiquez , le détroit d’Ormuz, el là: envolée des cours à 100, 120$ le baril, mesure qui ne les gênerait pas, contrairement à leurs concurrents.