Par Jean-Philippe Chauvin
Réfléchir sur une stratégie plus audacieuse contre la pauvreté contrainte
La pauvreté contrainte est, en France et aujourd’hui, un véritable scandale social, ne serait-ce que parce que notre société contemporaine a désormais les moyens de l’éradiquer, ce qui n’était pas forcément le cas en des temps plus lointains.
Or, que constate-t-on ? Non seulement la pauvreté ne recule plus, alors que ce mouvement était, depuis des décennies, inscrit dans la suite des événements et de l’histoire, mais elle grignote des pans entiers de la société française, allant jusqu’à lécher de plus en plus les abords des classes moyennes fragilisées par la mondialisation, cette « guerre de tous contre tous » à l’échelle mondiale. Bien sûr, les raisons de cette persistance de la misère sociale sont multiples et cette dernière n’a pas les formes terribles qu’elle pouvait avoir jadis, jusqu’au terme fatal, mais cela n’enlève rien à son incongruité dans une société de consommation où près d’un tiers de la production alimentaire est détruit avant même d’avoir été consommé et dans laquelle l’écart entre les revenus les plus élevés et les plus faibles ne cessent de s’accroître, contre toute logique ou justice sociale.
Et pourtant, la République a inscrit dans le marbre de ses frontons le mot fraternité, qui pourrait être, si l’on considérait la nation comme une grande famille, une solidarité véritable entre tous les Français et non un simple copinage entre puissants de quelques réseaux devenus de solides (et parfois sordides) « états dans l’Etat ». Aussi, lorsqu’il est annoncé que le coût d’un repas à la cantine serait ramené à un euro pour les familles les plus nécessiteuses, il faut s’en réjouir sans s’en satisfaire : s’en réjouir parce que cela va assurer un bon repas du midi à nombre d’enfants aujourd’hui réduits à une portion alimentaire plutôt congrue ; ne pas s’en satisfaire parce que cela ne va pas régler le problème de la précarité et qu’il y a un risque, si l’on n’y prête attention, d’assistanat (et non de louable assistance). D’autre part se pose la question du financement de cette mesure : les communes doivent-elles encore être mises à contribution alors même que les petites et moyennes villes connaissent de plus en plus de difficultés à boucler leur budget ? Sans doute faudra-t-il penser à une réponse multiple et adaptée aux conditions locales, sans suivre un seul modèle centraliste mais plutôt une ligne générale éminemment sociale sans oublier d’être politique.
Néanmoins cette mesure est aussi l’occasion de réfléchir sur une stratégie plus audacieuse contre la pauvreté contrainte : elle ne peut être séparée d’une véritable stratégie d’aménagement du Territoire qui doit redonner place et avenir aux zones rurales et aux petites et moyennes villes, et qui doit se dégager de la seule logique de la métropolisation, celle-ci trop liée à la mondialisation pour pouvoir (ou vouloir) redonner vigueur à une décentralisation enracinée pourtant bien nécessaire pour revivifier notre pays en tous ses recoins habités. La mesure des repas à un euro peut d’autant mieux réussir et se crédibiliser que seront partout organisés des réseaux de circuits courts entre productions agricoles et alimentaires, appuyés sur une maîtrise raisonnée et raisonnable des territoires et de leurs potentialités : c’est un enjeu important, et une nécessité absolue, et il faudrait bien que la République, si peu « sociale » malgré les milliards qu’elle distribue en se croyant « Providence », réfléchisse au-delà de son propre calendrier perpétuellement quinquennal… Le peut-elle, le veut-elle ? Il est possible d’en douter… ■
Cher Jean-Philippe Chauvin,Dieu sait que nous sommes d’accord sur bien des points,mais là vous me permettrez une divergence. Bien entendu il n’est pas question que les enfants ne soient pas nourris,Mais tout d’abord il est rare qu’ils soient refusés à la cantine si les parents n’ont pas payé, par ailleurs ces mêmes parents touchent des allocations telles que ne pas payer la cantine leur permettra des achats de jeux vidéo et autres produits de grande consommation. Il est bien connu qu’au moment du paiement de l’allocation de rentrée scolaire ce type d’achat augmente en grande surface. Par ailleurs les budgets communaux n’y suffiront pas et une fois encore la classe moyenne qui continue a payer la taxe d’habitation paiera pour les enfants des autres,très souvent issus de l’immigration participant ainsi au financement du grand remplacement qui a aussi cet aspect économique.La classe moyenne laminée ,en voie de prolétarisation dans son segment le plus bas ,n’aura que ses yeux pour pleurer et accessoirement son bulletin de vote.Non décidément il faut que chacun connaisse le prix des choses, Fourastié disait déja il y a 40 ans: » Nous finirons par payer pour ce que nous n’avons pas et ne pas payer pour ce que nous avons »..Donc se garder le plus possible de la fausse gratuité (Un euro) et aider les plus démunis par un biais qui leur permettent de mesurer le prix des choses,
Ce qu’écrit M.(ou Mme ?) Pichon est la voix de la sagesse, merci de l’avoir ainsi exprimé.
même avis que les 2 personnes précédentes
Cher Jean-Philippe Chauvin,Dieu sait que nous sommes d’accord sur bien des points,mais là vous me permettrez une divergence. Bien entendu il n’est pas question que les enfants ne soient pas nourris,Mais tout d’abord il est rare qu’ils soient refusés à la cantine si les parents n’ont pas payé, par ailleurs ces mêmes parents touchent des allocations telles que ne pas payer la cantine leur permettra des achats de jeux vidéo et autres produits de grande consommation. Il est bien connu qu’au moment du paiement de l’allocation de rentrée scolaire ce type d’achat augmente en grande surface. Par ailleurs les budgets communaux n’y suffiront pas et une fois encore la classe moyenne qui continue a payer la taxe d’habitation paiera pour les enfants des autres,très souvent issus de l’immigration participant ainsi au financement du grand remplacement qui a aussi cet aspect économique.La classe moyenne laminée ,en voie de prolétarisation dans son segment le plus bas ,n’aura que ses yeux pour pleurer et accessoirement son bulletin de vote.Non décidément il faut que chacun connaisse le prix des choses, Fourastié disait déja il y a 40 ans: » Nous finirons par payer pour ce que nous n’avons pas et ne pas payer pour ce que nous avons »..Donc se garder le plus possible de la fausse gratuité (Un euro) et aider les plus démunis par un biais qui leur permettent de mesurer le prix des choses,
Cher Jean-Philippe,
Combien je comprends votre souci de venir en aide aux enfants démunis ou en situation de pauvreté, mais attention à promouvoir une quasi gratuité des repas généralisée.
Revenons un peu sur la gratuité de l’enseignement de l’école publique que j’ai fréquentée 53 ans de ma vie si je compte mes années africaines, et que j’ai donc un peu connue …..
.Cette gratuité obligatoire , icônisée a quand même eu quelque inconvénients; d’une part elle a permis à l’Etat d’imposer sa vison tronquée ou idéologisée de l’histoire dans le primaire et le secondaire.( l’Université est elle encore libre ? ) , aucune école ne doit être le chien de garde d’un régime, ce n’est pas son rôle., sauf dans les régimes totalitaires……
Si, par exemple; on observe les gilets jaunes, on observe qu’ils expriment un vrai désarroi, mais que formatés leur références historiques sont pauvres ou confuses, , pour ne pas dire d’une naïveté inquiétante: .déformées , par une histoire plus que sommaire, catéchisés à l’école, ils ont la tentation trop souvent de l’exprimer par une violence, qui ne mène à rien comme , l’avait averti le défunt Comte de Paris. Résultat leur mouvement est dans une impasse qui perdure.
D »autre part cette gratuité de l’enseignement l’ a lentement et sûrement dévalué. Il est considéré comme un dû , ne nécessitant aucun effort de l’élève; ni ascèse fondatrice., tuant dans l’oeuf le respect dû à l’enseignant On est des années lumières de cette belle image des débuts héroïques de l’école ..publiques- les années 1880 où chaque élève même le plus pauvre dans nos campagne, était tenu d’apporter une bûche pour chauffer le poêle de d’école du village. Qui n’ a pas entendu,de la part d’un élève grossier » Monsieur ou madame » vous êtes payés pour faire cours » – sous entendu, je m’en fous et je bavarde tout mon soûl. A quoi, j’ai répondu en colère, que non je n’étais pas payé pour faire cours, que je le faisais parce que cela me plaisait et qu’accessoirement je recevais un salaire,, car tout travail mérité d’être reconnu. et le mien respecté.
En un mot je dirais que la liberté de nos enfants ne s’achète pas . ( je sais que je touche là à un tabou partagé par tous , sauf ceux qui héroïquement cherchent des écoles hors contrat. Il y a donc là matière à réflexion sur la gratuité qui nous rend otage. Et puis entre nous, notre régime a perdu la bataille de l’école.( violence, perte de la langue, du calcul, non intégration etc…)
A terme cette quasi gratuité des repas de cantine risque aussi d’avoir des inconvénients bien signalés par Pichon, une dérivation vers des jeux vidéos par exemple , une dévalorisation de plus de la cellule familiale puis elle ne favorisera pas le circuit court, le circuit court serait le repas pris à la maison , apprendre à utiliser le restes etc.; et non à les jeter.,.;Tout un un programme. ou éducation. d’un retour à notre liberté.
Je sais combien , cher Jean-Philippe votre vocation vous tient à cour et combien vous éveillez chez vos élèves de tout bord une vocation à creuser leur liberté- et combien vous êtes à ce titre respecté- et combien par ailleurs est légitime votre souci de revitaliser cette France en déshérence,/ Donc discutons, mais ne donnons pas hâtivement un blanc seing de plus à la pensée officielle.