En introduction à cet intéressant article, Le Figaro écrit : Les raisons de la percée du parti Vox en Espagne sont d’une banalité confondante: d’abord et avant tout l’immigration et l’islam. (Figaro Magazine du 3.05). Éric Zemmour montre aussi que ce n’est pas que cela et c’est à lire. LFAR
« Les leaders de Vox ont donc posé la question du peuple.»
L’Espagne était la dernière à résister. Au nom de l’Europe, de l’humanisme, du traumatisme franquiste.
La dernière à ne pas avoir de députés « d’extrême droite » ou « populiste » à l’Assemblée nationale. La dernière à « faire barrage ». La dernière à connaître une alternance d’ancien monde entre sociaux-démocrates et chrétiens-démocrates. Même l’Allemagne avait cédé.
Depuis les dernières élections législatives du dimanche 28 avril, l’Espagne ne pourra plus se vanter de son « exception ibérique ». Le parti Vox a réalisé une percée remarquable (gagnant 24 députés d’un coup) dans une bataille électorale où les places étaient chères et la participation forte (75%).
Les raisons d’une semblable percée sont d’une banalité confondante : d’abord et avant tout l’immigration et l’islam. Comme en Allemagne avec l’AfD, comme en Italie avec la Ligue. Comme en France avec le Front national. Il n’y a que les aveugles pour continuer à ne pas voir ce qu’ils voient et surtout dire ce qu’ils voient, selon la célèbre formule de Péguy.
Longtemps, l’Espagne a résisté parce que sa situation était atypique. Les immigrés ne restaient pas, sauf en Catalogne, à cause des salaires trop bas et de la faiblesse des allocations. Le pays se voulait un Européen exemplaire, le meilleur élève de la Bruxelles et des juges européens. Le meilleur soutien de l’Allemagne, aussi. Quand l’Italie de Salvini a fermé ses ports aux migrants, l’Espagne a ouvert les siens. Depuis quarante ans, l’après franquisme avait viré à un antipatriotisme. Médias, universités, école déversaient un discours militant de « haine de soi ». Tout y était passé : l’empire de Charles Quint, la découverte de l’Amérique, les rois très catholiques. Même la tauromachie. Le féminisme, dominé par le lobby LGBT, attaquait et ridiculisait le « machisme » national. La Catalogne tentait de faire sécession. Interdisait la langue castillane. Et faisait venir en masse des travailleurs marocains pour mieux « déshispaniser » la « nation ». Dans ce contexte de « suicide » national, voulu par le politiquement correct d’extrême gauche, la crise de 2008 a encore aggravé la situation. Le modèle économique, qui reposait sur la spéculation immobilière, s’est effondré. Les Espagnols ont, eux, subi une réelle austérité avec des baisses de salaires de 25 %.
La révolte vint donc de l’extrême gauche avec Podemos. Le fameux populisme de gauche tant admiré par Mélenchon et même par les plus grands esprits comme Jean-Claude Michéa. Un populisme qui se limitait au combat du bas contre le haut. Du peuple contre les élites.
Mais quel peuple ? La question n’a pas tardé à se poser. C’est la question qui pose la limite du populisme de gauche. La question identitaire. La question qui ramène tout naturellement les prétendus populistes dans le giron d’une gauche traditionnelle.
Les leaders de Vox ont donc posé la question du peuple. La question de l’islam et de ces militants islamistes qui veulent reconquérir l’Andalousie par « le ventre de leurs femmes ». Et toutes les questions adjacentes, celles du féminisme, de la famille, de la démographie qui s’effondre aussi en Espagne, de la place de l’homme, donc. Des traditions, de l’histoire, de la nation. Des questions qui fâchent. Et qui n’ont pas fini de fâcher. ■