Antoine de Lacoste
Après la débâcle de l’Etat islamique …
La fin du califat en Syrie et en Irak ne signifie pas la fin de Daech, loin s’en faut. Pour ceux qui en douteraient, le sympathique Abou Bakr al-Baghdadi s’est rappelé à notre bon souvenir par une vidéo de 13 minutes suivie d’un enregistrement de 6 minutes.
Dans ces documents enregistrés courant avril, dans un lieu inconnu bien sûr (mais très probablement en Syrie ou en Irak), il évoque la bataille perdue de Baghouz et ses nombreux militants tués. Cela ne semble pas l’affecter outre-mesure, car « la guerre d’usure » qu’il nous annonce va, selon lui, s’étendre largement dans l’espace et dans le temps. Pour une fois nous sommes d’accord : le fléau du djihadisme n’en est qu’à ses débuts et ses exploits barbares se multiplieront assurément.
Le bon calife [Photo au temps de sa « splendeur »] se réjouit d’ailleurs des attentats anti-chrétiens commis au Sri-Lanka, preuve que la vidéo est très récente. Il annonce également le ralliement de plusieurs cellules situées au Mali, au Burkina-Faso, en Somalie, en Afghanistan et en Turquie. Le fait est déjà bien connu pour ces trois pays africains (nos militaires en savent quelque chose pour les deux premiers). En ce qui concerne l’Afghanistan, on a en effet pu observer ces derniers mois une activité soutenue de nouveaux groupes ayant fait allégeance à Daech. Composés de combattants aguerris, dont un certain nombre viennent directement de Syrie, ils se sont attaqués aussi bien à la piteuse armée afghane qu’aux talibans, avec qui ils sont évidemment en concurrence directe.
C’est d’ailleurs cette nouvelle menace qui a poussé les Américains à entreprendre des négociations avec les talibans. Trump veut en effet quitter ce pays où l’échec américain est total mais un départ immédiat de leurs 15 000 hommes entraînerait une chute presque immédiate du régime corrompu et discrédité qu’ils ont mis en place. Alors des discussions ont lieu depuis plusieurs mois entre talibans et Américains afin de préparer un futur accord de paix. Inquiets de la teneur d’un éventuel accord précipité, les Russes ont invité à Moscou, le 25 avril, les dits-talibans et de nombreuses personnalités politiques afghanes non issues du gouvernement. Les Américains ont été bien sûr très mécontents de cette rencontre mais ils n’ont guère le choix : c’est la Russie qui est voisine de l’Afghanistan, et non l’Amérique. En attendant, Daech se renforce sur le terrain.
Il est plus surprenant que Baghdadi ait cité la Turquie où l’Etat islamique fait moins parler de lui depuis un certain temps. Erdogan a du souci à se faire.
Baghdadi est donc vivant et, apparemment, en bonne santé. Cela ne change en réalité pas grand-chose : les morts de Ben Laden et de Zarkaoui ont immédiatement été comblées sans affecter les capacités opérationnelles des groupes qu’ils ont créés.
La menace islamiste, on le sait maintenant, n’est pas intacte, mais croissante. Ce que nous avons vécu en Europe n’est rien à côté de ce qui nous attend.
Beaucoup de Baghdadi sont déjà chez nous. ■
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c’est pour cela qu’il faut être sans pitié avec ces gens .Même chez nous en Europe il ne faut plus lésiner sur les moyens !!!! Autrement adios
Un espoir parmi d’autres pour la liquidation des djihadistes bagdadistes, c’est la guerre qui a déjà commencé entre les talibans et les mercenaires de Daech .Les talibans afghans étant nationalistes et refusant toute sujétion étrangère,,arabe ou occidentale; il y aura de la « casse » pour les sectaires suppôts d’al Baghdadi. En Afrique, seule l’aide armée occidentale, peut endiguer l’expansion djihadiste vu la corruption et l’impéritie des gouvernants locaux. Quant à la Turquie, on voit mal le satrape stambouliote se faire mettre en cage par une racaille irakienne envers lequel il n’a que mépris.