Beauté de ces immeubles du passé : pierres, sculptures et fer forgé …
L’an dernier, pour faire suite à la fête de Jeanne d’Arc, nous avions publié une brève information sur une statue de Jeanne réalisée par Maxime Real del Sarte. Statue qui se trouve à l’intérieur de l’église Saint-Philippe à Marseille.*.
Nous évoquons cette année, une autre statue de Jeanne qui se trouve à la Plaine, à l’angle de la rue de la Bibliothèque. Particularités : elle n’est ni dans, ni devant une église et elle a été sculptée avant que Jeanne d’Arc ait été béatifiée ou canonisée.
Il faut lever les yeux au ciel pour apercevoir cette statue en pierre de Jeanne d’Arc de 1898. Signée d’Adolphe Royan, elle couronne une colonne et un chapiteau ouvragé encastrés dans l’angle d’un immeuble situé au carrefour de la rue de la Bibliothèque et de la place Jean Jaurès (la Plaine pour les vieux Marseillais).
Selon Laurent Noet, spécialiste de la sculpture marseillaise, « l’immeuble a été construit à l’instigation d’un certain Pierre Casile. Celui-ci n’y réside que quelques années, le temps de faire fructifier son investissement. Il perçoit notamment les loyers de ses locataires et des bains publics qui occupent dès l’origine le local commercial.
A l’instar de nombreux bâtiments de Marseille, l’immeuble abrite une statue d’angle. Il s’agit traditionnellement d’une effigie religieuse (une Vierge ou un saint protecteur) placée dans une niche.
Cependant, le traitement diffère ici par sa monumentalité : couronnant une colonne et un chapiteau ouvragé, une Jeanne d’Arc plus grande que nature se dresse fièrement, épée à la main et bannière au vent.
La sculpture, vraisemblablement l’œuvre d’Adolphe Royan (actif à Marseille de 1889 à 1906) d’après les traces de signature, apparaît totalement solidaire de l’architecture et date assurément de la construction.
Le choix de cette iconographie soulève toutefois plusieurs questions. En 1895, la Pucelle d’Orléans n’est encore qu’une héroïne populaire (béatification en 1909, canonisation en 1920).
De fait, elle ne répond sans doute pas à la montée de l’anticléricalisme en France. Elle semble donc relever davantage de l’esprit revanchard consécutif à la perte de l’Alsace-Lorraine.
Reste le blason présent sur le chapiteau : peut-être désigne-t-il la famille Casile puisque ce ne n’est pas celui de Jeanne d’Arc. » ■
* Patrimoine • Présence de Maxime Real del Sarte à Marseille
Source : Michel Franceschetti