Par Pierre de Meuse.
En général, les lois les plus nocives sont votées avec une large majorité, sinon l’unanimité.
C’est ce que nous constatons à nouveau avec la loi récemment présentée à la Chambre des députés sur proposition de Laetitia Avia. Avec 434 voix pour et 33 contre, cette loi a entamé son périple et sera sans doute présentée au Conseil Constitutionnel avant la fin de l’année. Si le RN et LFI ont voté contre, LREM a voté pour, ainsi que les trois quarts des Républicains.
Quel est l’objet de cette loi ? C’est, nous dit-on, de lutter contre « la haine sur internet ». Remarquons d’abord le caractère aberrant de cet objet. La haine est en effet un sentiment, qui ne tombe pas directement sous le coup de la loi pénale. Ce qui doit logiquement être sanctionné, ce sont des actes, qu’ils soient motivés notamment par la haine, l’appât du gain, la jalousie ou l’ambition. En fait tout s’explique quand on voit que cette loi n’a nullement pour but de punir les harcèlements des réseaux sociaux ni la mise en ligne de films diffamatoires (Revenge porn, par exemple). Non, le but est, comme nous avons l’habitude de le voir, de réprimer toutes les résistances à la société indifférenciée. Toute remise en cause de l’interchangeabilité des sexes et de leur insignifiance, du métissage obligatoire, ou de l’absence d’identité des peuples doit être muselée impitoyablement et épinglée sous le nom de racisme et de haine. Tel est le programme que s’est fixé Emmanuel Macron depuis son élection. Cela a un nom : une censure de plus en pesante. Et pour cela, le gouvernement a décidé de copier en l’aggravant la loi allemande Netzwerkdurchsetzungsgesetz de 2017 qui instaure une répression maximale sur internet. De quoi s‘agit-il ? De déléguer les tâches de la censure à deux types d’organismes privés, tous deux gratuits ; que rêver de mieux ?
Le premier est bien connu, ce sont les « ligues de vertu » antiracistes, antisexistes, antihomophobie, anti-islamophobie, qui voient leur fonction élargie. A elles incombera de passer au crible tous les messages et commentaires des blogs et des articles sur la toile. Dès qu’un texte leur apparaît « dicté par la haine », elles doivent les signaler aux Parquets, et aussi aux opérateurs de réseaux sociaux. Ces organismes sont déjà largement subventionnés à nos frais.
Le second, ce sont les opérateurs de réseaux eux-mêmes, qui doivent faire disparaître dans les 24 heures les messages incriminés sous peine de sanctions dissuasives (4 % du chiffre d’affaire mondial environ !) On voit par là le côté tyrannique de cette législation : La société opératrice préférera toujours supprimer un texte, même s’il ne contient rien de « haineux », plutôt que de prendre le risque, même minime, de payer ces gigantesques amendes. Et pour cause : elle n’a pas d’autre but que commercial. Laetitia Avia ne se limite pas à cette nouvelle incrimination. Il faut aussi, nous dit-elle, un système de « plainte en ligne » début 2020, un parquet et une juridiction spécialisés dans la lutte contre la haine en ligne, mais aussi a création d’une « base de données de la haine » qui regrouperait la signature numérique de tous les contenus « manifestement illicites ». Et enfin, un service associatif spécialisé » dans le conditionnement par le discours, avec comme objectif la lutte contre les préjugés et la déconstruction de ce type de messages.
Mme Avia s’est rendue célèbre il y a deux ans pour avoir mordu jusqu’au sang un chauffeur de taxi qui refusait de la laisser sortir, de peur qu’elle s’enfuie sans avoir payé sa course. C’est sans doute cette aptitude mandibulaire qui lui doit aujourd’hui la confiance du président. ■
Rassure-moi, Pierre : Si je ne peux pas pifer mon cousin, mon beau-frère (ce n’est pas le cas), les carottes et les betteraves (ça, c’est vrai), Jean Marais et Jean Richard, Pierre Boulez et Vincent van Gogh, la poutine québécoise et le potage aux ailerons de requin et si j’exprime ça sur Facebook, je suis passible de quoi ?