Pendant les presque deux mois d’interruption exceptionnelle de notre site, le Prince Jean s’est largement exprimé dans les médias : presse nationale, radio, télévision, etc. Voici l’entretien exclusif du Comte de Paris publié sur le site de la ville de Dreux le 8 juillet. On le lira. Nous en détacherons cette réponse éminemment capétienne : « Le rôle politique, je l’ai sans avoir besoin d’être élu. C’est tout à fait dans le rôle d’un prince de pouvoir sortir un peu de cet échange partisan et de s’intéresser au bien commun, à l’intérêt général de la cité.»
Suite à la disparition de votre père, vous êtes désormais chef de la Maison de France, l’héritier du trône de France. Aujourd’hui, quel est votre état d’esprit ?
J’apprends tous les jours. Bien sûr, j’ai été formé à cela par l’école, l’université, le travail et aussi les principes d’éducation que j’ai reçus de mes parents. Mais ce qui change, c’est le rythme et les sollicitions : j’ai eu plusieurs entretiens dans la presse nationale et je suis sollicité pour des événements, comme l’inauguration en juillet d’une place Louis-Philippe à La Ferté-Vidame ou l’accueil du Président de la République à Amboise pour les 500 ans de Léonard de Vinci. J’essaye de trouver le bon rythme qui me permette à la fois de répondre à ces sollicitations et peut-être d’être plus présent dans l’actualité. Et je continue avec l’accueil de groupes à la Chapelle Royale et mes engagements comme officier de réserve. Je vais régulièrement dans mon régiment à Gap. Et puis il y a mes cinq enfants.
Quels changements cela implique dans vos droits et devoirs, pour votre fils aîné et vous-même ?
Pour mon fils aîné, Gaston, 9 ans, l’important aujourd’hui, c’est qu’il grandisse comme un garçon de son âge. Il faut qu’il réussisse bien son école, qu’il évolue intellectuellement, que son caractère se forge, qu’il fasse du sport, qu’il ait de bons camarades… Qu’il même une vie normale. Pour moi, sur le fond, cela ne change pas grand-chose. Je n’assumais pas le rôle de chef de Maison, mais j’étais juste derrière celui qui l’assumait, donc c’est juste un braqué un peu plus important. C’est la normale continuité avec deux éléments forts : l’unité de la famille et la vie publique qui s’intensifie avec une partie administrative importante.
Vous êtes attachés à Dreux, vous y résidez depuis sept ans, est-ce que votre rôle va vous amenez à quitter la ville ?
Je vais devoir ouvrir mes horizons, c’est certain. En tant que chef de la Maison de France, je suis aussi président d’honneur de la Fondation Saint-Louis. Et dans la Fondation, il y a Dreux, Amboise et Beaumont. Il va donc falloir que je me partage un peu pour les événements sur ces trois lieux. Pour la vie, on va essayer de garder notre enracinement ici d’abord parce que c’est proche de Paris et puis parce qu’on a mené une action ici que l’on souhaite continuer. À la fois dans les visites et ces groupes envoyés par les écoles, et dans les événements avec la mairie ou les villes avoisinantes.
Développer Dreux, c’est important ?
Bien sûr puisque c’est un peu une ville témoin de ce qu’on peut vivre aujourd’hui dans notre pays avec à la fois les bons côtés et les difficultés : problématiques du travail, de l’école, de la vie dans une petite ville, des relations entre les communautés… Il y a quand même pas mal de choses intéressantes à faire.
Un rôle politique vous intéresserait ?
Le rôle politique, je l’ai sans avoir besoin d’être élu. C’est tout à fait dans le rôle d’un prince de pouvoir sortir un peu de cet échange partisan et de s’intéresser au bien commun, à l’intérêt général de la cité.
Quelle est votre vision de la société française actuelle (politique, sociale) ?
Je pense qu’il y a aujourd’hui un certain nombre de fractures dans notre pays entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas, ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas, ceux qui habitent les villes et ceux qui habitent la campagne, entre le socle de traditions de notre pays et le monde musulman… Il y a plein de choses qui s’affrontent. Et il y a deux réponses qui sont données et qui sont, me semble-t-il, les deux extrêmes : soit profiter de cela et en remettre une couche, que ce soit à droite ou à gauche, soit ignorer la chose. Il y a une vraie problématique de représentativité et de représentation… Et derrière de recherche d’un intérêt général. Je pense qu’au niveau local, il y a une plus grande sensibilité à ces choses-là.
Dans ce sens, vous avez un rôle à jouer ?
Je peux tout à fait, à plusieurs niveaux, soit à travers les actions que j’aies par exemple avec les visites que l’on fait ici, dans l’échange que l’on peut avoir avec les enfants et les plus jeunes. C’est déjà un premier point pour les jeunes générations de montrer que l’on peut avancer ensemble différemment. Ensuite, avec les autorités, c’est dans une discussion, un échange. Il s’agit d’apporter un avis différent, contradictoire ou même de conforter quelqu’un dans une direction parce qu’il y va de l’intérêt de la ville et qu’il peut y avoir de l’intérêt de la Région et pourquoi pas de la nation.
La différence entre la vision de votre père et vous de la société actuelle ?
Il n’y a pas énormément de différences. Quand on est plus âgé, on assombrit parfois un peu le tableau. Quand on est un peu plus jeune, il y a encore des zones claires. On se dit qu’il y a quand même des éléments pour avancer, les Français sont généreux, gardent un certain bon sens. ■
«Rencontre avec le prince Jean d’Orléans, devenu comte de Paris »