PAR PÉRONCEL-HUGOZ.
Suite du texte de notre collaborateur publié en 1990 dans Villes du Sud (Payot, Genève).
AU ROYAUME DE BONGO.
INVOLONTAIRE POÉSIE DE LIBREVILLE
(…) Libreville s’allonge maintenant sur plusieurs kilomètres à fleur d’océan, lisérée de cocotiers et sables blancs, (Photo ci-dessus) adossée à l’une des dernières jungles intactes du monde où croissent 431 espèces (y compris l’iboga, [Photo] dont l’écorce alcaloïde, macérée dans l’alcool, « fait bander » et sert également d’hallucinogène liturgique au culte secret bwiti et aux transes-possessions des femmes). Les noms des différents quartiers sont à eux seuls un poème :
Camp-des-Boys
Derrière-la-Prison
Venez-Voir
Gros-Bouquet
Bellevue
Montagne-Sainte
Les Bas de Gué-Gué
Les Hauts de Gué-Gué
La Sorbonne
Petit-Paris
London
Dakar
Damas-Aleka
Batavia
Toulon
Tahiti
Terre-Nouvelle
Lalala
Ossengué
Oloumi
Owendo
Pointe-Owendo
Petit-Village
Grand-Village
Batterie-IV
Vallée Sainte-Marie
Camp-de-Gaulle, etc.
Et pour finir un panneau indicateur Cité du 12-Mars*, « Palais des Banquets et des Spectacles ».
Tout près de là, au marché de Mont-Bouet, (Photo) on circule entre des tapis de piments rouge cerise ou jaune bouton-d’or, qui font danser à la première bouchée. La vendeuse Antoinette-Azizé, laquelle marie en son prénom la plus vieille France et l’Islam frais débarqué, dit à sa collègue Augustine qui vient de la faire rire : «Tu m’animes ! J’en. ai besoin après la nuit de danse avec Isidore et Symphorien ». (Bravo les missionnaires pour le choix non conformiste des prénoms !) De l’autre côté de l’Atlantique, Rio a envoyé ici un bout de sa quotidienneté lascive. Grand comme la moitié de la France, le Gabon est un petit Brésil mais en mieux, car sans génocide des autochtones et sans salopage de la forêt vierge. (…) (Suite et FIN) ■
* 1968, fondation du PDG, Parti démocrate gabonais.
Cet extrait et les précédents provenaient de Villes du Sud (Payot, Genève, 1990), essai historique épuisé de Péroncel-Hugoz.