PAR JSF
Marcel Jullian, le président de Plon et d’Antenne 2 sous le septennat de Giscard, l’éditeur des Mémoires de guerre du général De Gaulle et des Mémoires d’exils et de combat du comte de Paris, l’homme des Rois maudits et aussi celui qui vint deux fois au rassemblement royaliste des Baux de Provence, en 1977 (Photo avec Gabriel Domenech, rédacteur en chef du Méridional et Gustave Thibon) et, vingt-cinq ans plus tard, en 2002, pour y accueillir le prince Jean, Marcel Jullian, donc, nous racontait bien des choses sur bien des sujets. Il aimait à le faire. Jullian était un conteur né. Une anecdote qu’il nous a rapportée nous revient à la mémoire.
C’était sous De Gaulle. Le général s’était brouillé avec le prince Rainier de Monaco, les relations franco-monégasques étaient au plus bas, et malgré toutes sortes de pressions de la puissante France, la petite principauté résistait. David contre Goliath : ce dernier ne décolérait pas.
Dans son bras de fer avec Rainier III, De Gaulle n’aurait négligé aucun moyen. Il s’était mis en tête de couler Radio Monte-Carlo. Le moyen qu’il avait trouvé c’était Sud Radio. L’ex-Radio-Andorre. De Gaulle avait décidé de jouer cette station à fond contre Radio Monte-Carlo. Il en avait chargé un fidèle d’entre les fidèles, un homme de caractère et à poigne, homme de toutes les missions, Pierre Lefranc (Photo). Ce dernier aurait la main sur Sud-Radio pour accomplir les noirs desseins du général.
C’est alors que dans un ascenseur où ils s’étaient retrouvés, Jullian avait entendu De Gaulle intimer à Lefranc : « Faites bien vulgaire, Lefranc, faites bien vulgaire ! Il nous faut absolument couler ces gens-là. »
Le général voyait donc dans la vulgarité une garantie de succès en matière de médias. Les exemples n’ont jamais manqué…
Sur ces entrefaites, comme il était à prévoir, les choses s’apaisèrent entre la France et Monaco, il ne pouvait guère en être autrement. De Gaulle avala sa colère. Il ne parla plus de Radio Monte-Carlo, il oublia Sud Radio et passa à autre chose. Le Prince et lui se retrouvèrent et se réconcilièrent dans les sourires et la cordialité. La vulgarité n’avait pas été employée.
RMC n’a pas coulé. Sud Radio prospère. André Bercoff y tient brillamment rubrique et, comme Marcel Jullian jadis, le 21 janvier 2019, à Marseille, il était l’invité de l’Union Royaliste Provençale. Ce fut un franc succès. (Photo)
La leçon que nous tirons pour JSF de l’anecdote de Jullian : nous ne ferons jamais dans le vulgaire. Du moins, nous ferons de notre mieux pour y échapper. Pour la vulgarité, les places sont prises. La France est gavée de sottises et de vulgarités. JSF ■
Et n’oublions pas que Marcel Jullian nous avait très aimablement reçus pour en entretien paru dans JSF n°16 de janvier 1979 !