Par Mathieu Bock-Côté
CHRONIQUE – Cette chronique de Mathieu Bock-Côté – de celles que nous reprenons souvent pour leur pertinence – est parue dans le Journal de Montréal du 10 août. C’est à lire ! Tout simplement. Faut-il préciser que nous sommes d’accord ? Ce qui vaut pour le Québec vaut pour la France. JSF
« Partout, l’immigration massive engendre des troubles sociaux et des tensions identitaires. »
On apprenait avant-hier que Jean-Nicolas Beuze, le représentant du Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU, présentera dans quelques jours un mémoire à l’Assemblée nationale pour inciter le Québec à accueillir davantage de réfugiés. Beuze va même jusqu’à donner le Liban comme exemple au Québec en matière de capacité d’accueil des réfugiés.
Du haut de son magistère onusien, il expliquera que le Québec se dérobe à ses devoirs humanitaires. Pire encore, le discours public contribuerait à la « stigmatisation » de certaines populations. Une xénophobie profonde déterminerait nos gouvernants. Ces accusations injustifiées deviennent lassantes.
Réfugiés
Certains seront peut-être secoués. La référence à l’ONU les impressionne encore. Mais ils sont de moins en moins nombreux. S’il est une institution à la réputation surfaite, qui se croit autorisée à sermonner les sociétés occidentales alors que sa crédibilité est terriblement entachée par sa complaisance abjecte pour les pires dictatures, c’est bien l’ONU.
Ses représentants, surtout lorsqu’ils prétendent s’occuper des « droits humains », n’ont aucune crédibilité. Ils agissent en fait comme des bureaucrates qui déplacent des masses humaines sur une carte, comme si la terre était un espace politique unifié aux populations interchangeables.
L’ONU a sa philosophie migratoire, qu’elle a exprimée dans le Pacte de Marrakech. Dans sa perspective, il existe une telle chose qu’un droit fondamental à la migration, qu’il faudrait concrétiser le plus possible. Pour cela, il faudrait faciliter le plus possible les déplacements de population à grande échelle, et déconstruire progressivement les frontières, pour un jour les neutraliser.
Il y a quelque chose de fascinant à voir l’ONU promouvoir cette vision des choses alors que, partout, l’immigration massive engendre des troubles sociaux et des tensions identitaires.
Mais l’ONU, on le sait aussi depuis le Pacte de Marrakech, aimerait censurer les discours critiques sur l’immigration. Les onucrates se croient démocrates, mais sont très autoritaires.
Redisons-le : nous sommes témoins d’un détournement à grande échelle du droit d’asile, qui revient une filière migratoire parmi d’autres. On peut le constater chaque été avec le chemin Roxham. On le voit aussi en Europe occidentale de manière catastrophique.
Ingérence
Pourtant, le droit d’asile n’a jamais été pensé et élaboré pour encadrer des migrations massives. Et puisque nos sociétés sont de plus en plus impuissantes politiquement, elles hésitent à reconduire à la frontière ceux qui trichent. Elles semblent paralysées et se laissent accuser de racisme quand elles redressent la colonne vertébrale. On trouve ensuite plusieurs associations associées à la gauche radicale pour légitimer ce détournement du droit. Les médias les présentent ensuite sous le signe de l’héroïsme humanitaire.
Le Québec, quoi qu’en disent les donneurs de leçons, assume ses responsabilités humanitaires. C’est un pays incroyablement généreux, et c’est tout à son honneur. Mais il le fait à partir de sa propre réalité et n’a pas à se faire dire quoi faire par une organisation internationale moralement abimée qui veut s’ingérer dans nos affaires. ■