Il y a 116 ans, le 25 août 1903, Frédéric Amouretti mourait à Cannes, âgé à peine de 40 ans. Cʼest lʼoccasion de revenir sur la relativement courte mais intense vie de celui qui peut être considéré comme lʼun des amis de jeunesse les plus proches de Charles Maurras, à qui ce dernier a dédié la préface du Chemin de paradis, écrite en mai 1894.
Cʼest dans ce sens quʼAndré Cottez a pu affirmer quʼil fut le précurseur du nationalisme intégral dans une monographie publiée par Plon en 1937, à lʼépoque où lʼAction Française était à son apogée.
Pour mieux connaître cette personnalité importante de l’histoire du royalisme français, nous reproduisons une partie de la brève biographie que lui a consacrée Jean Gavot dans le texte Cent ans de Félibrige à Cannes[1], laquelle a été rédigée pour le centenaire de la naissance de Frédéric Amouretti.
« Ce fut au Café Voltaire, à Paris, un beau coup de tonnerre qui éclata, ce 22 février 1892, et les roulements longtemps s’en prolongèrent, en Provence… dans tout le félibrige… et même au dehors du monde félibréen…
Félix Gras, le Capoulié en exercice, (Photo) était venu rendre visite aux félibres de Paris. C’est alors, qu’au cours de leur réception, saisissant l’occasion qu’il attendait, l’un de ces félibres de la capitale, le jeune Frédéric Amouretti, de Cannes, lut une déclaration qu’il avait rédigée en collaboration avec son ami et confrère en félibrige, Charles Maurras, et qui s’inscrivit dans l’histoire félibréenne, sous le titre de Déclaration des jeunes félibres fédéralistes.
Je ne saurais mieux faire que de vous lire moi-même, en exorde à mon propos, le texte de ce manifeste, percutant pour l’époque, qui caractérise à lui seul et d’un trait, celui dont nous célébrons aujourd’hui le centenaire.
En voici donc la teneur traduite en français pour ceux qui n’entendent pas notre langue, dans laquelle il a été, bien sûr, écrit et prononcé.
Monsieur le Capoulié, Messieurs les félibres,
Ce n’est pas pour un toast que je me lève. Puisque le grand poète du Midi libertaire (il s’agit de Félix Gras) est monté à Paris, les jeunes félibres au nom de qui je parle veulent lui dire clairement ce qu’ils ont sur le cœur et dans la pensée.
Voilà longtemps, Monsieur le Capoulié, et Messieurs les félibres, que les jeunes gens mûrissent les idées que vous avez semées et voilà longtemps aussi qu’ils souhaitent impatiemment de réaliser ces idées.
Depuis trente-sept ans, le Félibrige existe. Depuis trente-sept ans on fait la Sainte-Estelle. Depuis trente-sept ans on boit la dernière bouteille de vin de Châteauneuf-du-Pape, on chante des chansons de guerre, et dans des poèmes qui ne mourront pas, on appelle au combat toutes les énergies de la terre d’Oc.
Nous avons entendu l’appel et maintenant nous allons dire, non pas comme autrefois devant les auditoires de frères et de réunions de lettrés, mais dans les assemblées politiques et devant tout le peuple du Midi et du Nord, les réformes que nous voulons. Nous en avons assez de nous taire sur nos intentions fédéralistes. Quand les centralisateurs parisiens en profitent pour nous jeter leur méchante accusation de séparatisme. Enfantillage et ignorance. Nous levons les épaules et nous passons.
C’est pourquoi nous ne nous bornons pas à réclamer pour notre langue et pour nos écrivains les droits et les devoirs de la liberté, nous croyons que ces biens ne feront pas notre autonomie politique, ils en découleront.
Voilà pourquoi avant toute chose, nous réclamons la liberté de nos communes: nous voulons qu’elles deviennent maîtresses de leurs fonctionnaires et de leurs fonctions essentielles. Nous voulons qu’elles puissent remettre à leur place les beaux messieurs qu’on appelle les sous-préfets. Et nos pauvres communes ne seront plus alors de simples circonscriptions administratives: elles auront une vie profonde; elles seront de véritables personnes et pour ainsi dire, des mères inspirant à leurs fils les vertus, les passions ardentes de la race et du sang.
Il ne nous plaît guère non plus que nos communes soient reliées entre elles, au hasard, selon le caprice — d’un soldat ou d’un rond-de-cuir — non, nous voulons que leur union se fasse suivant leurs affinités historiques, économiques, naturelles et à bien les voir, éternelles.
Point de détour — nous voulons délivrer de leurs cages départementales les âmes des Provinces dont les beaux noms sont encore portés partout et par tous. Gascons, Auvergnats, Limousins, Béarnais, Dauphinois, Roussillonnais, Provençaux, Languedociens.
Et ne croyez pas que des vœux soient des regrets d’archéologues ; les vieux partis ont souvenir des antiques divisions de la France, mais aussi les hommes d’État les plus révolutionnaires, les plus ardents à s’élancer sur le chemin de l’avenir, se sont hautement prononcés pour une plus raisonnable répartition du territoire national.
Il nous convient de saluer avec un grand respect, en dehors des luttes politiques et religieuses, la mémoire du Maître Auguste Fourès, qui vécut pour répandre et développer cette idée.
Nous sommes autonomistes. Nous sommes fédéralistes, et si quelque part dans la France du Nord, un peuple veut marcher avec nous, nous lui tendons la main. Un groupe de patriotes bretons vient de demander, pour leur illustre province, le rétablissement des anciens États. Nous sommes avec ces Bretons. Oui, nous voulons une assemblée souveraine à Bordeaux, à Toulouse, à Montpellier. Nous en voulons une à Marseille et à Aix. Et ces assemblées régiront notre administration, nos tribunaux, nos universités, nos écoles, nos travaux publics. Si l’on objecte qu’un peuple ne revient jamais sur la voie qu’il a parcourue, nous répondrons que c’est le cas : nous ne travaillons pas pour copier les institutions d’autrefois, mais pour les compléter et les perfectionner.
Car nous ne sommes pas enivrés de mots, ou de phrases. Ce qui nous meut, c’est le profond sentiment des intérêts nationaux. Nous attendons sans doute de notre idée la renaissance intellectuelle et morale du midi, mais nous voulons quelque chose de plus: la complète mise en valeur des merveilleuses richesses de notre sol.
Le Provincialisme peut seul mener à bien les grands travaux rêvés… depuis cent ans et jamais achevés: le canal des deux mers pour la Gascogne et le Languedoc, le canal du Rhône à Marseille pour la Provence et le Dauphiné — qui sait ! — peut-être que les discussions qui déchirent présentement le pays de France, pourront alors être réglées pour le bien de chacun et de tous. Allons plus loin : les deux ou trois questions sociales qui nous troublent le plus seraient de même résolues avec moins de difficultés. » (A suivre) ■
[1]https://www.cieldoc.com/libre/integral/libr0368.pdf
Dossier préparé par Rémi Hugues
remarquablement pertinent … pour aujourd’hui !
SUR UN SITE COMME LFAR/JSF LES TERMES FRANCAIS DEVRAIENT PAR PRINCIPE AVOIR LE PAS SUR LES MOTS ETRANGERS , AU NOM TOUT BETEMENT DE LA LEGITIME PREFERENCE NATIONALE ; ET DONC PAR EXEMPLE ON NE DEVRAIT PLUS Y VOIR mail OU web MAIS Courriel , Toile , ET AINSI DE SUITE / NOS FRERES FRANCOPHONES AU QUEBEC , EN COTE-D’IVOIRE OU EN TUNISIE NOUS EN SERAIENT SANS DOUTE RECONNAISSANTS , EUX QUI RESPECTENT MIEUX QUE NOUS NOTRE IDIOME COMMUN / SALUT A TOUS NOS SUIVEURS ET NON PAS followers …
Nous sommes mille fois d’accord avec l’exhortation que nous adresse Péroncel-Hugoz. Nous avons chassé de l’architecture de JSF les termes anglais que les logiciels de construction de sites imposent en abondance. Les remplacer n’est pas toujours commode, d’ailleurs. Nous venons encore de corriger dans notre en-tête, la ligne « Le quotidien royaliste sur le net » – qui nous vient de lafautearousseau ancienne formule – « la toile » remplaçant « le net ». La chasse aux termes anglais est-elle terminée dans l’architecture de JSF ? Il nous semble que oui. S’il en reste, s’il en survient de nouveaux, y compris dans nos articles, merci d’avance à nos suiveurs (et non pas « followers ») de nous les signaler.
La liberté des communes, le rétablissement des états qui guident l’aménagement indispensable de nos pays locaux, etc…et oui ce serait la France, celle de toujours, celle qui progresse, celle qui permet à tous de bien vivre chez soi et avec les autres. Le rêve…
Mais nous sommes bien loin en ce G7 2019, ou notre très cher président parisien se présente comme le gestionnaire incontournable du nouvel ordre mondial, le sien bien entendu » ré articuler la civilisation Européenne fondée sur l’humanisme, l’économie sociale du marché, le progrès technologique au service de l’homme, un collectif qui ne nie pas l’individu, la défense de la dignité de l’individu. L’Europe doit se réarmer politiquement et spirituellement ». Le Journal La Croix. Que de bons mots pour des mauvais maux à venir.
Dommage nous continuerons à périr derrière les produits surfaits non indispensables, qui remplissent déjà nos poubelles et les fossés des routes abandonnées par nos éminents politiques.