Emmanuel Macron prend ces derniers temps, en matière de politique étrangère, différentes initiatives qui pourraient laisser penser à une tentative de restauration ou de réaffirmation tous azimuts de l’indépendance française sur le théâtre du monde.
Voudrait-il y rétablir la souveraineté de la France ? On pourrait alors, pour le coup, qualifier son activisme de divine surprise. Hypothèse bien hasardeuse, cependant.
La politique française dans le dossier iranien s’est opposée nettement à celle des États-Unis et se différencie par plus de hardiesse de celle de l’Allemagne, laquelle est pétrifiée, comme on le sait, par la menace américaine de sanctions sur ses exportations d’automobiles. Risque majeur pour l’industrie allemande. D’ailleurs, l’Angleterre, elle aussi, semble plus hardie que l’Allemagne, le gouverneur de Gibraltar ayant refusé, a-t-on annoncé, d’obtempérer à la demande américaine d’arraisonner un pétrolier iranien passant au large du Rocher. La dynamique du Brexit a tout l’air d’avoir donné des ailes à la diplomatie britannique. Son comportement relativement indépendant dans l’affaire iranienne ne l’a pas empêchée d’annoncer la conclusion prochaine d’un important accord commercial anglo-américain qui viendrait compenser et même largement les inconvénients d’une rupture sans accord avec l’UE, en octobre prochain. En tout cas, la diplomatie française semble être en pointe et à la manœuvre pour sauver l’accord international sur le nucléaire iranien. À tel point, que de guerre lasse, le président Trump aurait fini par lâcher à Emmanuel Macron, « allez-y » se réservant sans doute d’intervenir pour le compte des Etats-Unis, le moment venu. Trump, ce moment-là arrivé, agira alors pour le compte des entreprises américaines d’ores et déjà impatientes de se réintroduire sur le marché iranien, un marché de 80 millions d’acheteurs dont les besoins sont considérables au terme (?) de longues années d’embargo. De ce redéploiement américain, il y a fort à parier que, volens nolens, ‘Emmanuel Macron accomplit les préliminaires. Il ne faut pas oublier en effet que les entreprises européennes avaient piteusement plié bagages et s’étaient retirées d’Iran au premier coup de semonce du président Trump. Au reste, l’arrivée inopinée au G7 de Biarritz du ministre iranien des affaires étrangères, initiative du président Macron, ne s’est certainement pas faite, contrairement à ce que l’on a pu croire de prime abord, sans l’accord du président des États-Unis et sans qu’il en ait été prévenu. Sans qu’il y trouve son intérêt…
L’activisme extérieur, si l’on peut dire, d’Emmanuel Macron s’était déjà manifesté, lorsque il a reçu le président Poutine à Brégançon comme il l’avait reçu à Versailles à l’orée de son quinquennat, ou encore lorsqu’il a proposé, ce qui n’était sûrement pas du goût des Américains, que se tienne à bref délai une réunion quadripartite (France, Allemagne, Russie et Ukraine) pour traiter voire régler la question ukrainienne, laquelle, soit dit en passant, du temps des Soviets, n’avait jamais été soulevée par les Occidentaux qui n’avaient guère contesté alors que Kiev appartînt à l’ère russe, mais sujet qui les taraude sous Vladimir Poutine.
Naturellement, investi de la responsabilité universelle et transcendante de l’application stricte de l’accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron intervient en la matière en toute occasion et en tous lieux mais en particulier au Brésil de Bolsonaro climatiquement mais aussi politiquement très incorrect ce qui lui vaut un double motif d’infamie . Emmanuel Macron se charge de la proclamer urbi et orbi, non sans une certaine volupté. Cela lui a valu de la part des Brésiliens, d’être traité en retour de noms d’oiseaux. Crétin et opportuniste étant plus que douteux pour le premier terme et sans-doute tout à fait évident pour le second. Macron en a aussitôt conclu qu’il ne signerait pas l’accord dit du Mercosur, unique vraie bonne nouvelle – mais possiblement provisoire – de ce G7. Provisoire comme l’unité des chefs d’État de ce G7 de Biarritz, que les médias commentent ce matin sur tous les tons les plus angéliques.
L’action internationale intense d’Emmanuel Macron pose en bref la question suivante : s’agit-il d’une volonté d’indépendance française, d’un retour de la souveraineté française dans le monde ? Ou d’une ambition du chef de l’État : se poser comme le chef de file des dirigeants politiquement corrects, mondialisés, post nationaux et postmodernes de la planète ? Jusque à la preuve du contraire, c’est malheureusement cette seconde hypothèse qui nous paraît la plus plausible. . ■