Les Lundis
Par Louis-Joseph Delanglade.
A-t-il vraiment « changé » au seuil de « l’acte II » de son quinquennat comme aiment à le répéter ses communicants les plus proches ? N’est-il pas plutôt devenu un politicien opportuniste comme les autres, ce qui serait au fond dans la nature démocratique des choses ? En donnant à sa ligne politique une inflexion fortement écologiste, M. Macron imite d’abord ce vieux rad-soc de Chirac devenu en 2003, par son ardeur à défendre l’environnement, le « premier écolo autoproclamé de France » (A. Guiral, Libération, 30 janvier 2003), masquant ainsi sa vacuité politique. Rien de bien glorieux donc, outre l’éventuel paradoxe (un de plus) d’avoir prétendument changé pour en revenir à ce vieux monde tant décrié. Mais ne l’accablons pas (en tout cas, pas encore), sinon on pourrait aller jusqu’à penser qu’il a saisi l’occasion de l’absence momentanée, pour cause de navigation princière, de celle que Michel Onfray appelle plaisamment « Greta la science », pour être sûr de bénéficier seul des feux de la rampe.
L’épisode amazonien est malgré tout révélateur. Le fait est que les forêts brûlent année après année et que le déboisement progresse un peu partout sur la planète, et pas seulement en Amazonie – et il serait évidemment souhaitable de maîtriser le phénomène. Mais la ficelle est un peu grosse qui a consisté à faire de M. Bolsonaro l’épouvantail idéal : la polémique engagée avec lui aura permis à M. Macron de soigner sa popularité intérieure par le recours au thème verbeux et plutôt consensuel de « l’écologie humaniste », et ce grâce à la complicité de médias surtout préoccupés de stigmatiser un « président d’extrême-droite ». Certains ont fait valoir qu’il en est résulté le retrait de la France du très controversé (à juste titre) traité avec le Mercosur. C’est politiquement un peu court : ou c’est un bon traité et il faut le signer ou c’est un mauvais traité et on n’a pas besoin de prétexte pour ne pas le signer.
Il est probable que M. Macron, à mi-mandat, songe avant tout à son avenir politique, c’est-à-dire à sa réélection en 2022. Mais rien n’est moins sûr, pour lui, que le vote écologiste : l’électorat est fluctuant et les militants volontiers « radicalisés » ; et, de toute façon, M. Macron lui-même n’en fera forcément jamais assez pour leur complaire. Pis : instrumentaliser l’écologie pour attirer à lui jeunes et bobos, c’est préférer l’écologisme politicien à une authentique politique écologique. On ose encore espérer que M. Macron, compte tenu de la gravité des enjeux, choisira d’aborder le problème de l’environnement en prenant en compte tous les paramètres, même ceux qui gêneraient les bonnes consciences et la bien-pensance de la gauche écolo. Il pourrait par exemple écouter M. Sarkozy qui, à l’université du Medef, a fort justement souligné l’importance de la démographie pour l’environnement.
Nous ajouterons que faire le rapport entre démographie exponentielle, migrations massives et dégâts environnementaux relève du bon sens le plus élémentaire. Et qu’on pourrait aussi inclure dans la réflexion et dans l’action écologiques la sauvegarde des cultures et sociétés humaines sur leurs territoires historiques. Etc.
L’écologie est chose sérieuse qui n’appartient à personne, surtout pas à une secte. On jugera M. Macron à ses oeuvres : si elle est mal engagée, la partie n’est pas encore perdue. ■