Par Georges GUGLIOTTA
Le professeur André Martel (Photo), professeur émérite des universités s’est éteint à Aix-en-Provence le 15 août 2019 dans les locaux de la résidence Pasteur, ancien hospice créé par Jacques de la Roque au début du XVIe siècle.
Il était entouré de ses disciples et amis qui constituaient « l’escadron sacré » de l’amitié la plus fidèle.
Issu de deux lignées de paysans, André Martel est né à Cavaillon en 1930. Elève au lycée d’Avignon, il prépara l’agrégation d’Histoire à Aix-en-Provence (1952). Dès lors il compléta sa carrière d’enseignant-chercheur et administrateur par celle d’officier de réserve orienté vers les responsabilités de défense. Breveté de Saumur, il accomplit ses obligations militaires et, à sa demande, fut affecté en Tunisie où il enseigna l’histoire jusqu’en 1967.Sa thèse d’Etat soutenue à la Sorbonne en 1966 sous la direction du doyen Renouvin portait sur « les confins saharo-tripolitains de la Tunisie (1881-1911) ». Nommé professeur à la faculté de Montpellier en 1967, il fut élu en 1975 président de l’université Paul Valéry Montpellier III, poste qu’il occupa jusqu’en 1980. En 1968 il créa le centre d’Histoire militaire et d’études de défense nationale qui renouvela l’approche de cette discipline. En 1987, il obtint une chaire d’Histoire de la Défense à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence qu’il occupa jusqu’en 1997.
André Martel fut le fondateur de l’école historique de Montpellier et son extension à l’IEP d’Aix-en-Provence en histoire militaire contemporaine. Celle-ci était centrée sur l’homme en guerre, dans le sens de l’Histoire totale mêlant géostratégie, sociologie, politique, culture et croyances, traditions militaires, études tactiques, économies de guerre, industries de guerre et armements, biographie d’officiers… On lui doit de nombreuses études dont le tome IV de « Histoire militaire de la France » (PUF 1991), de la présentation érudite de Foch « Des principes de la Guerre » (PUF 1997), « Leclerc : le soldat, le politique » (Albin Michel 1998), « Félix et Colette Pijeaud, deux héros de la France libre » (Privat 2006) et en 2017 « La Libye des Ottomans à Daech » (L’Harmattan). En 2018, il rendait mémoire à son père en publiant, comme un adieu, un dernier ouvrage d’après les mémoires manuscrites de celui-ci « Maurice Martel, sous-officier de gendarmerie à cheval (1890-1969) » Giovanangeli.
André Martel avait accompli tous les stages d’officier de réserve de l’arme blindée et de la cavalerie qui lui avaient valu d’être nommé colonel en 1981. Il était officier de la Légion d’Honneur à titre universitaire, officier des Palmes académiques et officier de l’ordre du Mérite à titre militaire. Il laisse le souvenir d’un universitaire à part qui, toute sa vie incarna les plus hautes valeurs patriotiques et le refus de l’abaissement, tout en défendant l’idée de la souveraineté nationale. ■