Notre chroniqueur Péroncel-Hugoz, malgré le final savoyard de son second nom, est de bonne roture provençale. Habitant la même maison varoise depuis cinq générations, les papiers de famille y sont naturellement conservés. Péroncel-Hugoz en a extrait pour nos suiveurs la carte d’appartenance à l’AF de son père, Jean Péroncel-Hugoz (1913-1978).
Notons que le scribe de la section marseillaise de l’AF a orthographié « Péroncel » avec un a à la place du o… Ladite carte est signée Maxime Real del Sarte (1888-1954), fondateur des Camelots du Roi. Real del Sarte fut également l’un des sculpteurs les plus cotés en France et internationalement durant la période Art Déco.
On notera les formules claires et énergiques de la déclaration signée par le membre : « Je m’engage à combattre tout régime républicain. La République en France est le régime de l’étranger. L’esprit républicain désorganise la défense nationale et favorise les influences religieuses directement hostiles au catholicisme traditionnel ».
Et ainsi de suite. On ne saurait mieux dire… A l’époque, bien sûr, l’Islam n’était pas encore un danger pour la France qui se trouvait être, par ses colonies, mandats, protectorats, une puissance mahométane. Cependant, Charles Maurras qui, dès Kiel et Tanger (1910) avait écrit « L’Islam renaît », vit un symbole négatif pour l’avenir dans l’ouverture à Paris, au milieu de la décennie 1920, à l’initiative du parfait monarchiste qu’était le maréchal Lyautey, d’une grande mosquée à Paris. 90 ans plus tard, il y a 2.500 mosquées en France métropolitaine, dont plusieurs « Grandes », et les projets de constructions nouvelles se multiplient, dans une France largement déchristianisée qui plus est… JSF ■
Photo de droite : La carte de ligueur d’Action Française, recto-verso.
Notre chroniqueur, Peroncel-Hugoz
Publié le 7 août 2016 – Actualisé le 7 septembre 2019
Quelques remarques d’un historien du dimanche….
1) Il s’agit d’une carte de ligueur mais j’ignore si l’organisation des camelots du roi disposait de sa propre carte.. Avez vous l’information ?
2) Le père de monsieur Péroncel-Hugoz adhère à l’Action française quelques jours seulement après les événements du 6 février 1934. Il s’agit probablement d’un acte fort de la part de ce marseillais.
3) Le dernier timbre est celui de l’année 1936 ou le gouvernement de Front Populaire décide de dissoudre un certains nombre d’organisations d’Action française. C’est la revanche de la gauche après sa grande peur de février 1934.
4) Le numéro d’adhérent semble porter le nombre 63.291, qui donne une idée de l’importance de la force militante de ce mouvement politique « hors système » au début 1934.
5) On note que la carte mentionne l’assassinat de Marius Plateau, comme pour informer le nouvel adhérent de la responsabilité de l’engagement qu’il vient de prendre.
Les Camelots du Roi et Commissaires d’Action Française avaient leur propre carte. Nous en publierons un exemple, un jour prochain. Cordialement.
MON PERE M’A TOUJOURS DIT QU’IL AVAIT ETE CAMELOT DU ROY . JE N’EN SAIS PAS PLUS . J’AI EGALEMENT UNE PHOTO DE LUI DEFILANT EN PLEIN MARSEILLE LORS D’UNE MANIF OU CEREMONIE DESDITS CAMELOTS .
A PERONCEL-HUGOZ
Je pense que votre père était « ligueur » ET Camelot du Roi. On appartenait forcément à la Ligue d’Action Française quand on était, de plus, Camelot du Roi !.
Petit point d’histoire en réponse à « Papy » : ce n’est pas le gouvernement de « Front populaire », je crois, qui a dissous les organisations d’AF : cette dissolution a eu lieu à la suite des incidents qui ont suivi l’enterrement de Jacques Bainville le 9 février 1936, où la voiture de Léon Blum avait été chahutée. Je pense que c’est le ministère Albert Sarraut qui a prononcé la dissolution.
Parfaitement exact cher Pierre !
Voici les éléments rapidement récupérés et j’en profite pour mentionner deux actions marseillaises auxquelles le camelot du roi Jean Péroncel-Hugoz (1913-1978) a probablement du participer.
Le 9 février 1936, Jacques Bainville mourait. Le jour de ses obsèques, pendant que Léon Daudet prononçait son éloge funèbre à la maison mortuaire, une automobile dans laquelle avait pris place Léon Blum et Georges Monnet fut arrêtée par la foule qui attendait boulevard Saint-Germain le passage du cortège. Cette auto voulut forcer le barrage. Léon Blum reconnu, une bordée de sifflets et de huées jaillit de toutes parts.
Un provocateur brisa la vitre arrière de la voiture ; la foule se jeta sur l’auto dont les autres vitres furent brisées, blessant légèrement Léon Blum et Mme Monnet… Les Camelots du Roi, massés sur le trottoir autour de leurs drapeaux, se précipitèrent, menés par Pierre Juhel, pour empêcher que Léon Blum soit mis en plus piteux état. Ce n’était qu’un incident de rue, mais l’occasion était trop belle pour ne pas être exploitée par la République. L’incident Blum, grossi pour les besoins de la cause, fut évoqué à la Chambre et Albert Sarraut promit de venger Léon Blum « sans hésitation, sans faiblesse, sans retard » (s’ils avaient sû adopter la même devise face au danger Allemand…)… Un conseil des ministres fut réuni d’urgence à l’Elysées et le président Lebrun signa, séance tenante, le décret de dissolution « des associations et groupement de fait, dénommés ci-après : la Ligue d’Action Française, la Fédération Nationale des Camelots du Roi et la Fédération Nationale des Étudiants d’Action Française ». Les perquisitions étaient aussitôt organisées et le soir même la police cernait la rue du Boccador et le journal. Perquisitions, bien sûr infructueuses… Perquisitions aussi chez Maurice Pujo, Charles Maurras, Maxime Real del Sarte, Lucien Lacour, François de Lassus, Georges Calzant, Pierre Juhel, Cravayat, etc. avec « arrogance, brutalité et inconvenance » . Charles Maurras était inculpé de provocation au meurtre. Les services d’ordre socialo-communistes, protégées par la police, attaquaient nos permanences, nos amis isolés, faisant des blessés sérieux (entre autre, le docteur Golse eut l’oeil gauche crevé). En province, en banlieue comme à Paris, les perquisitions allaient bon train, même aux sièges et permanences des associations non dissoutes telles que les J.F.R (Jeunes Filles Royalistes) .
Ceci dit l’activité des camelots du roi se poursuivi et il est possible que le père de monsieur ait été associé aux actions suivantes :
En 1936, à Marseille, la campagne contre le défaitisme et le pacifisme est, comme à Paris et dans toute la province, la cible des Camelots du Roi : en juin, Georges Bidault, au nom du Parti démocrate des chrétiens, héritier du Sillon vient présider une réunion pacifiste pour une entente « à tout prix » avec l’Allemagne.
Les Camelots, dirigés par leur chef de région, Jean Lavoëgie, vident la salle et la réunion est, bien sûr, annulée sur place, les orateurs et le public ayant pris la fuite, non sans quelques horions.
Encore à Marseille, cette année-là, peu après les élections qui amenèrent au pouvoir le Front Populaire, un des vendeurs de l’Action française qui diffusait le quotidien dans le quartier rouge de la Belle de Mai, Raymondino, fut agressé par un groupe de communistes et tué par eux d’une balle à bout portant.
L’année 1935-1936 a été une des plus mouvementées qu’ait connues l’Action Française.
Et dire que Lucien Rebatet a osé diffuser la légende de « l’inaction française » !
Détail : dans le gouvernement Albert Sarraut, Marcel Déat était ministre de l’Air.
Je dispose de la carte de Camelot du Roi- année 1934- ( équipe de Lucien Lacour).
Je peux vous en transmettre une copie si cela vous intérésse
précision ( avec mes excuses) . il s’agit de la carte de mon père 25 ans à l’époque.
Bien-sûr, nous sommes intéressés. Pouvez-vous scanner les documents que vous possédez ? Cordialement LFAR