Par Aristide Renou.
Tout le monde l’a bien compris, on va nous refaire le coup du « déséquilibré » à propos du demandeur d’asile afghan qui a assassiné un jeune homme et poignardé huit autres personnes à Lyon, samedi. Le scénario est tellement rodé, le procédé tellement usé que désormais on entend partout, sur le ton du sarcasme, avant même que la presse et les autorités n’en ait parlé : « Bin tiens, c’est sûrement encore un déséquilibré… » Dans le fond personne n’est dupe mais l’excuse continue néanmoins à nous être resservie avec une régularité aussi métronomique qu’offensante pour notre intelligence. Il est temps de déchirer définitivement ce voile sous lequel nos gouvernants et une bonne partie de la presse prétendent nous cacher la réalité, la réalité tragique d’un pays autrefois grand qui se refuse à appeler les choses par leur nom pour ne pas avoir à s’avouer à quel point il s’est mis en danger.
Un acte de guerre à 99%
Une première expertise psychiatrique aurait diagnostiqué chez l’assassin afghan un « état psychotique envahissant avec délire paranoïde à thématiques multiples dont celles du mysticisme et de la religion. » et l’homme serait un consommateur régulier de cannabis, substance qui est en effet bien connue pour favoriser les crises psychotiques. Je ne dis pas que les psychiatres se trompent. Je ne dis pas qu’ils mentent. Je dis que le fait que l’assassin soit un « déséquilibré » (terme dépourvu de toute signification psychiatrique, rappelons-le) ou bien même un authentique psychotique ne change absolument pas le fait fondamental qui est que nous venons de subir un nouvel acte de guerre sur notre sol, un acte de guerre motivé, ultimement, par l’islam. Ou disons, si nous voulons être, très, très prudent, qu’il y a 99 chances sur 100 que nous venions de subir un tel acte de guerre.
Au mois de novembre de l’année dernière s’est tenu un colloque intitulé « Terrorisme, psychiatrie et justice », organisé par l’Institut pour la Justice, dont vous pouvez trouver les actes dans le numéro 11 de la Revue Française de Criminologie et de Droit Pénal (décembre 2018). Parmi les intervenants se trouvait le docteur Alexandre Baratta, un psychiatre travaillant en Unité de Soins Intensifs Psychiatriques et qui réalise également des expertises judiciaires. Dans le cadre tant de son travail habituel que des ses expertises judiciaires, le docteur Baratta a été amené à examiner un certain nombre de « radicalisés » violents, notamment l’auteur de la tentative d’attentat de la tour Eiffel, en août 2017. Le docteur Baratta faisait remarquer que le profil des « radicalisés » qui, depuis une dizaine d’années, commettent régulièrement des attentats ou des tentatives d’attentat sur le sol français est en général passablement différent du profil du djihadiste type tel que décrit par les études internationales.
Dans les études menées dans les pays anglo-saxons, sur des échantillons importants, les djihadistes sont en général des personnes parfaitement socialisées, parfaitement intégrées socio-professionnellement, instruites, ne présentant pas de carence éducative particulière ni de troubles mentaux. Des gens comme vous et moi en somme.
Des consommateurs de psychotropes
A l’inverse chez les « radicalisés » agissant en France on trouve très souvent des antécédents judiciaires, des antécédents psychiatriques, une consommation régulière et importante de psychotropes, notamment le cannabis. Ces gens, globalement désocialisés, peu intelligents, très déstructurés, ne sont pas capables de coordonner des attaques d’envergure mais ils peuvent passer à l’acte à n’importe quel moment avec n’importe quelle arme par destination : une paire de ciseaux, un cutter, une voiture. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l’auteur de la tuerie de Nice, par exemple, était traité pour des troubles psychotiques depuis 2004. Il lui a suffi de prendre une camionnette pour tuer plus de 80 personnes.
Comment expliquer ces différences entre les djihadistes internationaux et les « radicalisés » qui agissent chez nous ?
Je vous livre la conclusion du docteur Baratta :
« Mon avis est qu’il y a probablement des têtes pensantes dans les milieux islamistes qui recrutent à faibles frais des profils très vulnérables – des personnes désinsérées, déjà connues de la justice, présentant des troubles de la personnalité, qui voient dans le fait de se radicaliser une manière de justifier leurs actes de violence, la possibilité d’obtenir enfin la reconnaissance d’un groupe et qui, en définitive, ne sont pas plus croyants que je ne suis un spécialiste de la choucroute. A mon avis, chez eux le problème n’est pas spécialement religieux, ils trouvent simplement une explication à leurs actes dans la religion. »
Une explication qui leur est obligeamment fournie par d’autres qui, eux, sont d’authentiques fanatiques musulmans. La conclusion du docteur Baratta est exactement la même que celle de Thibault de Montbrial, avocat bien connu, spécialiste des questions de sécurité intérieure :
« Encore une fois, chez ces gens dont nous parlons, chez ces gens qui nous attaquent, vous avez des têtes pensantes. Ces têtes pensantes, elles sont dans une logique de conquête (…) C’est un objectif politique. Cet objectif politique met en place un certain nombre de stratégies. L’une de ces stratégies, c’est d’envoyer des commandos et des gens aguerris, des combattants pour faire la guerre avec des moyens de plus en plus offensifs, et l’autre stratégie, c’est de bombarder de propagande la population musulmane en Europe, et en particulier en France où elle est très nombreuse, pour générer chez certains, une petite fraction d’entre elle, des passages à l’acte individuels, en jouant sur leurs failles et leurs faiblesses psychologiques, pour en faire des combattants d’une infanterie qui ne coûte rien. (…) quand nous analysons le phénomène d’un point de vue global, il ne faut pas perdre de vue que même les fous sont manipulés par des gens dont l’objectif est de nous détruire. »
Sultan Marmed Niazi, l’assassin afghan, est peut-être fou, au sens strict du terme, mais ce genre de fous ne tombe pas du ciel. Ces fous-là sont des pions utilisés dans une guerre voulue et pensée par d’autres, une guerre de religion, une guerre de civilisation, qui ne cessera que lorsqu’ils seront détruits ou que nous serons soumis.
Laisser entrer des déséquilibrés ?
C’est cette réalité que nos gouvernants ne veulent pas voir. Parce qu’ils crèvent de peur. L’excuse du « déséquilibré » en proie à des « troubles psychiatriques » ne traduit pas seulement ou pas principalement l’ignorance, elle est d’abord le fruit d’une profonde lâcheté. C’est cette lâcheté qui fait d’eux les complices objectifs des assassins qui nous frappent : d’abord parce qu’ils les ont laissé entrer sur notre sol, ensuite parce qu’ils refusent de voir la signification de leurs actes. C’est cette même lâcheté qui explique qu’ils cherchent chaque jour un peu plus à criminaliser ceux qui veulent simplement dire les choses telles qu’elles sont. Face à cette lâcheté profonde et sans doute inguérissable, notre premier courage et notre premier devoir est de dire la vérité et de refuser obstinément le mensonge qui nous est imposé. ■
Le philosophe Yves-Charles Zarka déclarait dans l’éditorial du numéro spécial de la revue Cités consacré à « l’islam en France « :
« Il se joue actuellement une phase centrale de la rencontre conflictuelle plus générale entre l’Occident et l’islam, dont il faudrait être d’un aveuglement total, d’une mauvaise foi radicale, à moins que ce ne soit d’une naïveté déconcertante, pour ne pas le reconnaître « .