L’histoire de la monarchie elle-même nous l’apprend. Lorsque les parlements – qui étaient, sous l’Ancien Régime, plus nombreux et souvent plus puissants qu’aujourd’hui – s’écartent de leur rôle de représentation des peuples pour défier l’Etat et bloquer son action, au nom d’intérêts privés ou de l’idéologie de quelques-uns, leur nocivité têtue crée des situations d’intense désordre, de blocages dangereux et de conflits déclarés. C’est ce que Zemmour expose ici à propos de l’Italie et de la Grande-Bretagne. Il nous semble bien que Bainville n’aurait rien écrit d’autre. [Figaro magazine du 13.09). JSF
Les Parlements s’emploient à bloquer des hommes qui reçoivent, dans les sondages et dans les urnes, un énorme soutien populaire.
On les croyait devenus vains. Rendus inutiles, obsolètes, par le fait majoritaire, les règles du parlementarisme rationalisé, la montée en puissance des juges, les directives européennes, la personnalisation du pouvoir, la télévision, les réseaux sociaux, le référendum. Les Parlements étaient devenus une institution chargée d’histoire mais vide de pouvoir, comme la reine d’Angleterre.
On se trompait. Ils ont trouvé un nouveau rôle. Tueur de populistes, telle est leur nouvelle mission, acceptée avec entrain. En Italie, les parlementaires ont jeté Salvini par la fenêtre. En Angleterre, les députés pourrissent la vie de Johnson. Tous les coups sont permis contre ceux qu’on n’hésite pas à qualifier de « fascistes ». Les coups les plus tordus, les plus retors, ces « combinazione » qui ont dans le passé disqualifié justement les régimes parlementaires.
En Italie, la classe politique tout entière s’est coalisée contre Salvini. Droite, centre, gauche, partis du « système » et de l’antisystème, tous contre le nouveau Duce ! Peu importent les idées, les clivages, les convictions, les traditions, les projets, pourvu qu’on ait la peau de cet homme qui leur fait si peur. C’est le « cartel des non » version italienne. Mais Salvini ne dispose pas des armes référendaires du général de Gaulle. Exit Salvini. On se croirait revenu sous la IIIe ou la IVe République, lorsque le Parlement se débarrassait de tous les hommes qui avaient le soutien populaire et voulaient gouverner: Clemenceau, Poincaré, Mendès France, etc.
Vagues migratoires
En Angleterre, c’est une autre méthode qui est utilisée, plus sournoise, plus « perfide Albion », mais pas moins efficace : c’est au sein même du parti majoritaire que s’élèvent des dissidents pour priver le gouvernement de majorité. Cette révolte parlementaire contre Johnson confirme d’ailleurs l’intuition qu’avaient certains qu’on traitait de complotistes : il y a, au sein des élites britanniques, la volonté délibérée d’empêcher par tous les moyens le Brexit. Comme il y a, au sein des élites politiques italiennes (et économiques ?), l’impérieux souci de ne pas arrêter les vagues migratoires.
Dans les deux pays, il s’agit de bloquer des hommes et des politiques qui reçoivent, dans les sondages et dans les urnes, un énorme soutien populaire. Dans les deux cas, les institutions européennes soufflent sur les braises et les médias dansent autour du brasier. On appelle dictateur celui qui a l’appui du peuple. On se souvient que de Gaulle, dans les années 1960, était surnommé par la gauche « Badinguet », comme Napoléon III, et « Caudillo », comme Franco. La démocratie parlementaire retrouve ainsi son pire rôle, celui de la monarchie de Juillet, au temps du suffrage censitaire, de frein « bourgeois » aux « passions » populaires. Une lutte des classes qui se superpose aux luttes politiques. Les parlements et ceux qui les soutiennent devraient se méfier de leurs triomphes du jour : ces histoires finissent toujours mal. ■
Éric Zemmour
Lire l’article de JSF par Pierre de Meuse
Les Parlements censés représenter le Peuple, ne sont que des agences représentant les intérêts de la mouvance mondialiste. Et peut-être prochainement la citation de BRECHT : quand le Peuple vote MAL on change de Peuple, risque de se réaliser