PAR RÉMI HUGUES.
Un « mini-dossier » en 4 parties, à paraître du 30 septembre au 3 octobre. À suivre.
Le psychanalyste, feignant de lui révéler les tréfonds de son inconscient, a pour mission véritable de défausser son moi de toute la culpabilité socio-économique quʼil pourrait ressentir à cause de son statut dʼexploiteur de prolétaires en le convainquant dʼêtre depuis sa naissance la victime dʼun père exerçant sur lui une violence a minima symbolique et dʼune mère envers qui il ne peut quʼéprouver un désir inassouvi.
Le freudisme : une rupture métaphysique et anthropologique
Slezkine précise que « lʼexistence du freudisme en tant que religion du salut a coïncidé avec celle de la génération de la Seconde Guerre mondiale, après quoi elle sʼest métamorphosée en doctrine du bonheur et de la victimisation tribaux et individuels ». Cela implique que tout être est considéré comme souffrant, quʼil en est une victime de manière ontologique.
Cette souffrance est sociale, et non métaphysique : « Le Mal devenait simplement le symptôme dʼune pathologie parfaitement curable, et la plupart des malades se transformaient en victimes de leur psyché, de leur enfance, de leurs parents, de leurs nourrices ou de leurs voisins »[1], même si, peut-on objecter à Slezkine, le cœur de lʼéclosion de cette prétendue pathologie est la cellule familiale, et plus précisément la famille nucléaire, les figures du Père et de la Mère étant centrales dans la théorie œdipienne.
De surcroît, toujours en ce qui concerne la genèse de la pensée psychanalytique, laquelle fait autorité aujourdʼhui, lʼimportance de la pédophilie dans certains milieux – ceux abondamment fréquentés par Epstein –, cette pratique ayant tendance à se reproduire de générations en générations, les premiers émois érotiques que peut connaître un individu constituant lʼinfrastructure, le fondement, de sa fantasmagorie dʼadulte, laisse à penser la choses suivante : quand Freud a théorisé le complexe Œdipe, nʼa-t-il pas renversé lʼinstinct lubrique quʼéprouvent certains adultes envers leurs enfants afin de dédouaner les siens ?
La concupiscence coupable des héros de lʼAncien Testament
Une telle observation se voit corroborée par les multiples cas de relations incestueuses et/ou pédophiliques que lʼon retrouve dans les écrits vétéro-testamentaires. Premièrement : « Abraham disait à propos de sa femme Sara : ʽʽCʼest ma sœur.ʼʼ » (Genèse 20 : 2).
Ensuite, au sujet du neveu dʼAbraham, Lot, qui habite dans une grotte avec ses deux filles : « Lʼaînée dit à la plus jeune : ʽʽNotre père est vieux et il nʼy a pas dʼhomme dans la région pour sʼunir à nous comme cela se fait partout. Viens, faisons boire du vin à notre père et couchons avec lui afin de lui donner une descendance. Elle firent donc boire du vin à leur père cette nuit-là et lʼaînée alla coucher avec son père. Il ne remarqua ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. Le lendemain, lʼaînée dit à la plus jeune : ʽʽJʼai couché la nuit dernière avec mon père. Faisons-lui boire du vin cette nuit encore et va coucher avec lui afin que nous lui donnions une descendance.ʼʼ Elle firent boire du vin à leur père cette nui-là encore, et la cadette alla coucher avec lui. Il ne remarqua ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. Les deux filles de Lot tombèrent enceintes de leur père. » (Genèse 19 : 31-36)
En outre, Juda, le fils de Jacob, alors quʼil est veuf, a, suite à une liaison avec sa bru Tamar deux fils, les jumeaux Perets et Zérech : « Juda la vit et la prit pour une prostituée, parce quʼelle avait couvert son visage. Il lʼaborda sur le chemin et dit : ʽʽLaisse-moi avoir des relations avec toi.ʼʼ Il ignorait en effet que cʼétait sa belle-fille. » (Genèse 38 : 15-16)
Lʼantinomisme, de lʼécole de Francfort à lʼO.N.U.
Une telle observation se pourrait bien la première pierre dʼune déconstruction massive et redoutablement efficace de lʼaffabulation freudienne. Cette imposture a forgé une science nouvelle qui est antinomiste, ce qui veut dire quʼelle sʼévertue à prescrire les normes diamétralement opposées à la loi naturelle, à la morale chrétienne. Dʼoù le jaillissement de lʼécole de Francfort qui peut se caractériser comme la tentative de conciliation des pensées des haskalah Freud et Marx :
« Toujours fidèles à la promesse de salut du marxisme mais dépités par le peu dʼenthousiasme du prolétariat allemand pour le projet dʼenterrer le capitalisme (ou plutôt par sa tendance à lire Marx à lʼenvers et à sʼen prendre directement aux Juifs), ils sʼefforçaient de combiner marxisme et freudisme en psychanalysant les déviations de classe et en collectivisant la pratique psychanalytique. »[2]
Prenons par exemple lʼauteur de La Révolution sexuelle, Wilhelm Reich. Dans cet essai il dénonce la « société autoritaire », bâtie sur lʼordre moral défini par lʼÉglise, et son travail de refoulement ou « répression de la sexualité juvénile »[3], Laquelle, défend-il, doit être banalisée : « Les adolescents qui se sont libérés de ce refoulement savent très bien que ce quʼils veulent, ce sont les rapports sexuels. »[4]
Tout un programme… qui après sʼêtre matérialisé dans des actes de tortures perpétrés au prétexte de la nécessaire recherche empirique – en un mot sous les auspices de la Science – par lʼentomologiste américain Alfred Kinsey, a fait lʼobjet dʼune Charte des droits sexuels proclamée en 2008 par une organisation partenaire de lʼO.N.U., lʼInternational Planned Parenthood Family (I.P.P.F.), sorte de Planning familial mondial.
Jeffrey Epstein est un symptôme, ni plus ni moins. (Suite et fin) ■
[1] Ibid., p. 342.
[2] Ibid., p. 99.
[3] Paris, Plon, 1968, p. 170.
[4] Ibid., p. 171.