Par Marc Fourny
Dans une interview au « JDD », le plus flamboyant de nos acteurs, qui n’a jamais marqué sa sympathie pour la gauche, tire à boulets rouges sur la maire de Paris.
Ne parlez pas d’Anne Hidalgo à Fabrice Luchini, le sujet lui donne de l’urticaire, comme en témoigne sa sortie cinglante sur la maire de Paris dans les colonnes du JDD.
« Cette femme a réussi à éteindre 1,5 million d’automobilistes, réduits en agneaux qui n’avancent plus. L’agressivité est passée au scooter, ce nouveau monstre polluant et sonore qui sème le chaos. Sans compter la trottinette et le vélo, le summum du danger… »
Luchini, qui habite le nord de la capitale, estime que la ville est devenue invivable pour les Parisiens. « Je vis dans le 18e. C’est d’une saleté sublime, comme une ville du Moyen-Orient. Roland Barthes écrivait : “Je n’aime une ville que quand elle est habitable.” Mme Hidalgo a réussi à faire de Paris une ville qui n’est absolument plus habitable pour n’être plus que visitable. Mais elle va être réélue, car ça plaît aux bobos. Je dis bravo ! »
« Je ne suis pas de gauche »
Tandis qu’il égrène ses souvenirs avec les hommes politiques, dont beaucoup sont venus le voir sur scène – comme Chirac, Sarkozy, ou encore Macron –, Fabrice Luchini relève qu’il n’a jamais eu le plaisir de compter Anne Hidalgo dans ses salles. « Il n’y a aucune raison qu’elle vienne, explique-t-il dans le JDD. Je ne suis pas de gauche, pas moderne, je n’aime que le génie absolu d’un Chamfort. Pas le chanteur, hein ! Vous savez, les politiques, je ne les réclame pas non plus à mes spectacles, qui de toute façon sont complets. Et puis j’en ai un peu marre : ils prennent six places, avec leur tireur d’élite et tout ça. Je plaisante : Hollande ou Sarkozy ne viennent plus qu’à deux et ils seront toujours les bienvenus. »
L’acteur, qui revient à l’affiche dans Alice et le maire, un film où il incarne un politicien vieillissant à la tête de la mairie de Lyon, évite de se prononcer pour l’instant sur les différents candidats à la mairie de Paris. Il rappelle au passage ses convictions politiques et sa méfiance vis-à-vis de la gauche française. « Il y a dans l’angélisme des gens de gauche quelque chose d’inadéquat avec ma perception des hommes. Je ne crois pas l’humain merveilleux par nature et dégueulasse parce qu’il est dans une structure qui l’opprime. »
Après Anne Hidalgo, la droite en prend également pour son grade. « Je hais la lourdeur et l’arrogance des gens de droite, je suis atterré par la misère de ceux qu’on appelle les gagnants. » Au final, il se définit comme un « conservateur », en raison de son caractère « pessimiste » : « Je n’ai aucune aptitude à la jouissance, explique-t-il. Seul l’homme de droite jouit. Moi je passe mon temps à lire et à travailler. »
Fabrice Luchini exprime la vie au théâtre avec grand talent, tandis que les politiciens s’essayent laborieusement au théâtre dans la vie, la réconciliation est impossible. On nous pardonnera de préférer le talent à la médiocrité.