Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
On reproche à Eric Zemmour de dire ce qu’il dit, notamment sur le danger islamiste.
Jeudi 3, sur La Chaîne Info, devant un Pujadas un peu médusé par la vivacité du propos, l’invité s’exprime sans tabou : l’islamisme « modéré », cela n’existe pas, tout islamisme reposant sur le concept même d’une violence assumée ; dans islamisme, il y a islam, même si cela ne plaît pas à beaucoup ; un journaliste se doit de dire la vérité, et de dénoncer la complaisance des idéologues et l’électoralisme des politiciens, etc.
Était-ce donc Eric Zemmour dans une de ses interventions médiatiques qui lui sont tant reprochées ? Non, mais bien M. Sifaoui, spécialiste franco-algérien du travail de sape mené en France par les cellules et les réseaux salafistes. Les mêmes vérités valent à Eric Zemmour les ennuis et poursuites que l’on sait – ce qui fait dire à Michel Onfray qu’il est victime d’un « délit de sale gueule ».
L’acharnement de certains contre Eric Zemmour est révélateur : pour le faire taire, on n’hésite pas à réclamer des sanctions dignes du feu régime soviétique ou des états islamiques les plus excessifs. M. Noiriel (Photo), universitaire confit dans ses certitudes de « sachant », établit ainsi, dans son livre Le Venin dans la plume, un de ces parallèles gratuits entre Zemmour et Drumont qui autorise une condamnation sans appel, pour « délinquance de la pensée ».
En effet, si délinquance il y a, cela suppose, en creux, l’intervention possible et souhaitée d’une police de la pensée et, à défaut et de manière toujours implicite, un appel à tous les redresseurs de torts susceptibles de châtier le déviant. La haine, une haine inexpiable, est au coeur de la démarche de M. Noiriel. Voilà à quelle dérive mène la défense aveugle des « immortels principes ».
Mais faut-il s’en étonner, voire s’en offusquer ? C’est sans doute une erreur, en s’identifiant à la cause défendue par Eric Zemmour, de déplorer qu’il soit la victime d’attaques abjectes et attentatoires à sa liberté d’expression. C’est en effet penser que son (notre) adversaire dans le combat d’idées ne serait plus cet ennemi qui, chaque fois qu’il en a eu l’occasion, des massacres de la Révolution aux jugements sommaires de l’ « épuration », a montré sa préférence pour la mort physique de ceux qu’il combattait, la haine chevillée au corps : le Comité national des écrivains a ainsi eu la peau de Robert Brasillach. « La gauche aime haïr, tandis que la droite préfère mépriser » constate fort justement Alain de Benoist (Boulevard Voltaire, jeudi 3). Photo
Et puis il y a ceux qui se croient habiles quand ils ne sont que madrés et cauteleux. Ainsi en est-il de M. Legrand dont l’argumentation (France Inter, mardi 1), est particulièrement faible, voire incohérente. Pour lui, Eric Zemmour, « homme politique sans électeurs, journaliste sans rigueur, historien sans science » n’a aucune légitimité. M. Legrand, lui, membre éminent du club très fermé des gauchos-bobos de la radio publique serait donc un journaliste « rigoureux », tout comme M. Noiriel cité ci-dessus serait un historien « savant », autorisés par là même à vouer aux flammes infernales l’impénitent Zemmour. Tout au plus ce dernier est-il, et le terme se veut méprisant, un polémiste dont les « saillies médiatiques […] expriment non pas une pensée articulée mais une série d’angoisses, de phobies, de détestations ». M. Legrand ne craint pas l’incohérence, lui qui se montre en l’occasion si polémique et semble d’ailleurs ignorer que de grandes plumes françaises – un Voltaire, un Bernanos et bien d’autres – n’ont pas dédaigné de se comporter en polémistes.
Ils sont nombreux et puissants ceux qui menacent et vilipendent Eric Zemmour. S’ils font preuve de tant de hargne, c’est qu’ils ont peur, peur d’entendre des vérités qui les dérangent dans leur petit confort d’intellectuels bien-pensants formatés au moule de la pensée unique ; peur surtout que d’autres les entendent. Ils ont raison : pour eux ce serait tellement mieux si, enfin, il se taisait ! ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
Cruelle, impitoyable clarté de cet article !
Relire :De J Kessel , « L´ARMÉE DES OMBRES »
Ce dimanche dernier , pour la premiére fois, on utilise dans un journal , le terme » collaboration. »