Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Le « Collectif des 44 » (il s’agit des quarante-quatre rescapés des attentats islamistes du 13 novembre 2015) vient de publier dans Le Parisien un appel en faveur des Kurdes « lâchement abandonnés de tous ». Il y est souligné que c’est grâce aux Kurdes que les apprentis terroristes « français » ont été fixés en Syrie où la plupart ont été tués ou capturés, évitant d’autres bains de sang en France même. Peut-être. On peut d’ailleurs penser ce qu’on veut des Kurdes, certains les idéalisant même au point de souhaiter un improbable et dangereux Kurdistan. Il reste que cet appel plein de bons sentiments est rien moins que politique. Il faut d’abord rappeler que si les Kurdes ont été « lâchés », c’est par le maître d’oeuvre américain. Se demander ensuite où serait notre intérêt dans une opération de confrontation directe avec une Turquie frontalière et surarmée. Constater enfin qu’il serait de toute façon impossible à la France de s’immiscer dans le nouveau contexte géo-militaire d’une région où le retrait des Américains a entraîné un accord russo-turc et le retour de l’armée syrienne.
Sur le plan politique, l’engagement de la France en Syrie – nous l’avons déjà souligné dans ces colonnes – n’est pas un succès et, sauf revirement peu probable, s’apparente même à un fiasco : en effet, M. Assad, malmené verbalement par MM. Fabius et Hollande lors du quinquennat précédent et nommément désigné comme l’homme à abattre en vue d’une sortie de crise, est toujours à Damas – et ce n’est pas plus mal. Ne nous reste plus maintenant que la possibilité (et encore n’est-ce pas sûr) de gérer le cas des combattants survivants.
C’est là qu’intervient Me Chemla. Ce dernier profite en effet de sa qualité d’avocat de certains des quarante-quatre signataires pour réclamer la présence et le jugement en France – et c’est à dessein que nous utiliserons ici l’écriture « inclusive » pour que les choses soient dites – des combattant(e)s islamiques réputé(e)s « français(es) » détenu(e)s en Syrie. On éviterait ainsi le pire, c’est-à-dire leur évasion des camps gérés par les Kurdes et leur retour pour commettre ici des attentats et autres actes de guerre.
Scénario bien naïf. Me Chemla doit en effet savoir que réunir des preuves contre ces combattant(e)s ne serait pas chose facile et que la plupart des procès pourraient aboutir à des peines ridicules eu égard aux événements.
Dans le contexte pénitentiaire actuel, avec des établissements en surtension, ces peines auraient en revanche pour effet assuré de conférer une aura de héros et de martyr à chacun(e) des condamné(e)s avant une remise en liberté assurée à terme. Il est donc fâcheux que M. Le Drian n’ait pas pu obtenir d’un Irak toujours en proie au désordre qu’il récupère et juge cette engeance. Voilà qui eût été mieux qu’un « rapatriement » (terme bien peu convenable en l’occurrence), au vu de la peine encourue à Bagdad, et certainement plus juste, les actes de guerre et les exactions ayant été commis sur le territoire du « califat ».
Si l’Irak persiste dans son refus, il resterait évidemment la solution « radicale », le pouvoir politique donnant son feu vert à nos forces spéciales pour une intervention directe visant à éliminer des personnes nuisibles. Opération certes délicate sur le plan militaire mais difficile sur le plan politique : il serait surprenant que M. Macron ait ce courage face à ceux qu’il appelle les « droits-de-l’hommistes la main sur le coeur » (Valeurs Actuelles). Attendons-nous plutôt au pire. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF Peut être repris à condition de citer la source
La solution préconisée. par le dernier paragraphe de cet excellent billet me semble effectivement la préférable à bien des titres mais, pour les raisons énoncées, inapplicable hors à doses homéopathiques.
Une autre serait aussi envisageable (mais tout autant frisant la rêverie) : la constitution d’un bagne sur une de nos terres ultramarines. Non, non, pas à Mayotte que ne servira jamais à rien que d’être une porte d’entrée en France des Comoriens et autres.
Il y a beaucoup mieux : j’avais jadis songé à Clipperton ; il y a quelque temps Nicolas Dupont-Aignan – ce qui m’a ravi – a donné le nom des Kerguelen. Voilà en tout cas des terres à mettre en valeur…
Pour le reste et pour rester, hélas, dans le réalisme le plus cru, je m’interroge : en leur faisant garder ce ramassis d’assassins réels ou potentiels, nous donnons, d’une certaine façon, barre sur nous aux geôliers à qui nous sous-traitons ce lourd problème.
Que faire ? comme disait notre vieux camarade Lénine…
A Pierre Builly :
Il me semble, en fait j’en suis sûr, que plusieurs mois avant Dupont-Aignan L.-J.D. avait suggéré cette solution ultramarine.
Il est fort dommage que les assassins de DAESH n’aient pu rejoindre ALLAH. Il reste la solution proposée par Pierre BUUILLY: KERGUELEN ou autre lieu désert .
C’est fort possible ; mon Clipperton n’a pas (encore) été repris mais j’avais été heureusement surpris de voir ce genre de solutions repris – pour les Kerguelen – par un Dupont-Aignan qui a tout de même un peu davantage « pignon sur rue » que nous.
Mais les bonnes idées rapprochent les bons esprits, n’est-ce pas, Jacques ?