Par Jean de Maistre*
Je suis partisan d’une émancipation absolue de l’individu et c’est pourquoi je me sens si bien dans mon époque.
Il faut s’émanciper de ce que la nature a fait de nous, homme ou femme, afin de pouvoir choisir à la fois son sexe et son genre et en changer plusieurs fois par jour si c’est son vœu. Pourquoi accepter cette forme de servitude qui nous aliène aux aléas de la biologie ?
Non, Sigmund Freud, la biologie n’est pas notre destin ! Et pourquoi devrais-je être un humain plutôt qu’un animal puisque je ne l’ai pas choisi ? Et si c’est mon désir d’être une tique ou un ornithorynque ?
Mais il faut aller encore plus loin et s’émanciper de ce carcan qu’est la langue, que l’on cherche à nous imposer dès les premières années de notre vie. Pourquoi devrai-je parler français alors que je ne l’ai pas librement choisi plutôt que le tchouvache ou la iakoute ? . C’est à chacun d’inventer sa propre langue sans avoir à subir les contraintes des normes sociales.
J’ai toujours vécu le fait d’avoir une date de naissance qui m’a été imposée comme une effrayante servitude et je revendique le droit de choisir celle qui m’agrée. La prochaine émancipation, je la vois dans la libération à l’égard de la pesanteur que nous subissons depuis trop longtemps et à l’égard du temps, qui nous impose un ordre de succession que je n’ai pas choisi. Pourquoi en effet me soumettrais-je au fait que le futur vient après le passé si je désire que le présent vienne avant le passé et le passé après le futur ?
Je veux être un individu libéré de tout et enfin capable d’être à la fois tout et n’importe quoi, flottant enfin dans un espace vide et se réinventant à chaque instant. De nouvelles luttes nous attendent et de nouvelles conquêtes afin d’être vraiment libres ! ■
* Commentaire reçu le 6.11.2019
Très beau texte.
J’ai moins apprécié le cliché d’un commentaire du texte précédant sur le pléonasme que constituerait « lessociologues gauchistes ».
L’expérience m’a appris qu’il y avait deux sortes de sociologues, ceux qui haïssent leur objet (du style de Pierre Bourdieu) dont l’étude est sous-tendue par une dénonciation au moins implicite du scandale que la société fonctionne et qu’elle se reproduise ; et ceux qui aiment leur objet (du style de Pierre Sansot) qui visent à retrouver les harmoniques d’un ordre caché, même à travers l’apparent désordre des sociétés humaines. J’appartiens à la seconde catégorie et j’ai toujours eu une méfiance a priori pour les placages des idéologues surtout de ceux qui ont conquis un pouvoir institutionnel (« le pays légal »), et veulent imposer leur utopie contre l’ordre spontané des comportements coutumiers (« le pays réel »). Si les hommes se conduisent comme ils se conduisent, et pensent comme ils pensent, (en général pas comme une certaine « rationalité » le voudrait), c’est qu’il y a de bonnes raisons pour cela, et qu’on ne peut vouloir entreprendre de « changer la vie », qu’après avoir pris en compte ces logiques sous-jacentes.
Ce sont les juristes qui raisonnent sur des abstractions conceptuelles, les vrais sociologues travaillent sur le réel, ce en quoi consiste l’empirisme organisateur
Et ne pas oublier que Michel Maffesoli a donné une conférence au Camp Maxime… Une référence !
Ce genre de généralisation est absurde…
Je me permettrai d’abord de répéter Michel MICHEL : Très beau texte.
la facilité de plume que Jean de Maistre s’est accordée dans une parenthèse d’un commentaire précédent a permis à Michel MICHEL de nous livrer une analyse que j’ai trouvée brillante et surtout instructive sur les deux types de sociologues qu’il discerne et distingue. J’en ai été très intéressée. Ma profession ne m’a pas donné l’occasion de rencontres avec des sociologues. Me voilà moins ignorante sur eux.
Et puis Michel MICHEL, à son tour, donne ce qui pourrait ressembler à un coup de patte aux juristes !!!
Tout cela est bien intéressant. Merci Messieurs !