Par Gérard POL
Les Espagnols auront voté quatre fois en quatre ans dont deux en 2019. Et sans résultat.
Les élections générales du 28 avril n’ont envoyé au Congrès des députés aucune majorité. Quoique sorti « vainqueur » de la consultation, à la tête du parti socialiste (PSOE), le malheureux Pedro Sanchez, surnommé El Guapo dans son pays, mais certainement pas El Feliz, n’a pas été capable en six mois de constituer une majorité. Son seul grand œuvre, magnum opus, aura été le transfert de la dépouille du général Franco du Valle de los Caìdos au cimetière du Pardo. C’était l’obsession de la gauche espagnole. Ce n’était pas ce qu’attendait l’Espagne, ni ce qu’elle a approuvé, rongée qu’elle est par la crise catalane qui est d’une tout autre actualité et, pour ce qui est du présent, d’une tout autre urgence.
Sauf cette grande victoire de la démocratie, ainsi nommée et proclamée sans crainte du ridicule, Pedro Sanchez a présidé un gouvernement sans majorité, en permanente recherche de cette dernière, continument infructueuse. Sanchez était en sursis et n’a pu que se résigner à de nouvelles élections, les secondes de l’année, dans l’espoir, pensait-il, en tout cas disait-il, qu’elles lui seraient plus favorables et conforteraient le PSOE. C’est l’inverse qu’a produit le scrutin de ce dernier dimanche. Le PSOE a perdu trois sièges (120 au lieu de 123) tandis que le Parti Populaire (PP dit conservateur) en a gagné 22 (88 au lieu de 66), la coalition de la gauche radicale Podemos a chuté de 42 à 35 sièges, les libéraux de Ciudadanos se sont effondrés de 57 à seulement 10 députés. Le véritable événement de ce scrutin aura été le succès de Vox. Politiquement inexistant il y a seulement un an, Vox, avec plus de 3,5 millions de voix (15 %) passe de 24 à 52 sièges.
Certains ont cru devoir exprimer leur joie, d’ailleurs justifiée, devant cette croissance rapide de Vox, parti unioniste, c’est à dire hostile et résolument actif face aux indépendantistes catalans. Et, en outre, fervents soutien de l’institution monarchique. Les gens de Vox savent ce que leur développement doit au discours très ferme du roi Philippe VI au cœur de la grande crise catalane d’il y a deux ans, réveillant partout en Espagne et de façon déterminante un puissant courant patriotique En effet, la France et l’Europe auraient tout à perdre d’une Espagne qui entrerait en convulsion au Sud-Ouest du Continent, en tout cas à nos frontières. Et il n’est nullement assuré qu’elle n’en prenne pas le chemin.
Mais au-delà de cette victoire de Vox, se profile le spectre de l’ingouvernabilité de l’Espagne, car de l’assemblée qui vient d’être élue, une fois de plus, aucune majorité ne paraît pouvoir se dégager.
Cette situation nous semble d’une extrême gravité au moment où l’activisme indépendantiste catalan renoue en force avec ses luttes absurdes. Ces jours derniers nous en ont donné les exemples les plus clairs. Et c’est cela l’élément marquant de ces élections. Une fois de plus : un coup pour rien. Où va l’Espagne ? On aurait grand tort de s’en désintéresser de ce côté-ci des Pyrénées. ■
© JSF Peut être repris à condition de citer la source.
L’Espagne fera comme la Belgique, des mois sans gouvernement, mais une administration qui « fait tourner la boutique » et SURTOUT le ROI qui maintient la permanence à la tête de l’Etat