Par Frédéric Rouvillois.
Fondation du Pont-Neuf.
France TV diffuse jusqu’au 19 janvier prochain une vidéo sur l’interdiction du vouvoiement en France durant la Révolution française. C’est le 11 novembre 1793 que le député Claude Bazire propose aux membres de la Convention d’interdire le vouvoiement dans l’espace public, considéré comme un archaïsme de l’Ancien-Régime maintenant les inégalités entre les personnes. Le 8 novembre 1793, la Comité de Salut public publie donc un décret sur le tutoiement obligatoire dans l’administration qui sera appliqué jusqu’à la chute de Robespierre en juillet 1794. Auteur d’une Histoire de la politesse de la Révolution à nos jours, Frédéric Rouvillois est interrogé sur le sujet dans une courte vidéo qui est consultable sur le site de France TV, ainsi que sur les pages Facebook de France TV arts et de Culture Prime.
Le tutoiement est quasi-obligatoire en Suède ce pays parpaillot à la pointe du politiquement correct en Europe, qui traque haineusement toute forme de supériorité au nom d’un égalitarisme légèrement frénétique.Je cite un article sur ce funeste pays » Ceci a commencé à la fin des années 60 et a été formalisé et encouragé lors de l’entrée en fonction de Bror Rexed au Ministère de la Santé Publique (disons ça comme cela), le 3 juillet 1967, dans son discours de bienvenue il déclara qu’il avait l’intention de tutoyer tout le monde et demanda à tous de l’appeler par son prénom. » En France s’installe cette habitude, dans les médias et en particulier à la télévision d’appeler les gens par leur prénom, une étape de plus dans l’infantilisation et la bêtification du monde, phénomène justement relevé par Renaud Camus. On imagine un interview de Goethe à la télévision à propos de sa correspondance avec Schiller » Alors Wolfgang, tu communiques toujours par SMS avec Friedrich ? On attend la publication de ta correspondance avec impatience ». Du délabrement des mœurs en démocratie …
C’est exactement cela ! Moi qui m’occupe entre autres choses e donner un peu de Culture générale à des élèves. de lycée, je me tue à leur expliquer combien ce clivage a de l’importance sociale et civilisée… Et essayer de faire comprendre combien, jadis, le passage du vouvoiement au tutoiement était une marque de chaleureuse sympathie ou – avec les jeunes filles – un pas vers une possible intimité…
Parmi les petits plaisirs offerts à tous, comme le chant des oiseaux ou le coucher du soleil, il y a le jeu subtil, charmant ou pervers entre tutoiement et vouvoiement (ou, mieux voussoiement): je te voussoie mais tu me dis tu. je tutoie l’ami mais pas son épouse…Si on n’y met fin en quelques jours, ou quelques années, il peut s’éterniser…Tout un spectacle pour les étrangers.
A ma connaissance, le fascisme italien prohiba le très cérémonieux « Lei » (votre grâce) pour le remplacer par un vous semblable au nôtre (« voi »). Aujourd’hui on joue sur les deux formes, à quoi s’ajoute un tutoiement assez général entre amis. Les Italiens savent, de plus, omettre les pronoms, élider certaines désinences (« Cosi fan tutte ») et ils cultivent encore les finesses du pur subjonctif, sans notre horrible et obligatoire « que »: « venga il tuo Regno » . Musique.
Merci à Marc Vergier pour son frais et subtil commentaire aux exemples si bien choisis. Il m’a rappelé l’espagnol qui a son Usted, son Tu et son Vos. Les temps du subjonctif y sont tous utilisés couramment et ne marquent nul pédantisme ou passéisme. Ne défendons pas notre cher français en méprisant les langues de nos voisins. Je crois les langues étrangères toujours intraduisibles pour leur part la plus fine. Les langues seraient ainsi comme des personnes avec secrets et mystères. Toutes ouvrent sur un univers différent où il est jubilatoire d’entrer. Aimons les langues étrangères !
Jolis échanges Messieurs ! Mais, vous savez, j’ai écouté ce matin sur France Inter deux collégiens participant au jeu des 1000 francs, enfin des 1000 euros. 11 et 12 ans et qu’est-ce qu’ils étaient savants ! Et finement ! Il y a peut-être une générations qui pousse et qui sera moins sotte que les précédentes. Les deux collégiens de ce matin ont dit que leur passion était la lecture et le résultat était là : La culture ! Simple, pas pédante, naturelle comme sont les enfants, même lorsqu’ils mentent ! Rien à voir avec les 20 à 50 ans abrutis par les écrans … Peut-être que les plus jeunes auront soupé d’avoir des aînés idiots. Ils jetteront les écrans à la poubelle et liront La Fontaine, écouteront Mozart et le chant des oiseaux. Musique ! Tout va très mal. Mais il y a la vie, le miracle de chaque naissance, les ricorsi ! N’ayons pas l’outrecuidance de croire tout définitivement noir ! Les deux petits Français de ce matin m’ont rendu ma confiance.