Par Jean Sévillia
Jean des Cars, historien des dynasties européennes,
consacre un « Dictionnaire amoureux » au monde des porteurs de couronne.
Jean Jaurès, le très républicain directeur de L’Humanité, parlait avant 1914 du « charme séculaire» de la monarchie. Ce charme, un siècle plus tard, opère toujours quand un prince d’Angleterre épouse une ravissante jeune femme et que cette princesse donne ensuite le jour à un royal bébé devant lequel toute la presse s’extasie. Quant à la doyenne des souveraines, Elisabeth II, ses 365 tenues annuelles assorties d’autant de chapeaux peuvent faire sourire, la dignité de cette femme qui incarne depuis bientôt soixante-huit ans une certaine idée de la Grande-Bretagne fascine le monde entier.
Comme historien, Jean des Cars, lui aussi, a toujours été passionné par les vieilles dynasties européennes, ayant consacré de très nombreux
livres aux Wittelsbach, aux Habsbourg, aux Bonaparte, aux Windsor ou aux Romanov. Il était donc l’homme idoine pour consacrer un volume de la collection des « Dictionnaire amoureux » aux monarchies qu’il connaît si bien, tout en évitant l’aspect people qui menace toujours dans ce domaine.
Voici donc un livre d’histoire, mais avec la part de subjectivité et de fantaisie que permet la formule. De Louis XIV à l’empereur François-Joseph, on y croise les figures classiques du passé, sans compter le roi des Belges Albert II ou Felipe VI d’Espagne, chefs d’Etat contemporains.
L’oeil de l’auteur, cependant, dépasse le Vieux Continent et se porte jusqu’au Bhoutan (« le royaume du bonheur »), jusqu’au sultanat d’Oman ou jusqu’au Japon dont on apprend que l’actuel souverain, en visite officielle à Paris quand il était prince héritier, avait demandé à visiter non seulement le jardin de Monet à Giverny et le musée du Louvre, mais aussi les égouts de la capitale.
De Christine de Suède à Marie-Amélie de Portugal et de Marie-Antoinette à Margrethe de Danemark, les reines sont bien présentes.
De Charles Maurras à Jean Raspail, les écrivains royalistes ne sont pas oubliés, non plus que les artistes qui ont portraituré des têtes couronnées, du peintre Winterhalter au photographe Cecil Beaton.
De la galette des rois aux écrouelles que le roi de France, guérissait, les symboles monarchiques sont également là.
« L’essence de la monarchie est la transmission », souligne Jean des Cars. En notre époque de ruptures généralisées, cet esprit de continuité fait du bien.
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Dictionnaire amoureux des monarchies, de Jean des Cars, Plon/Perrin, 450 p., 25 €.
Toutes les petites filles veulent être Princesse ou Reine des Neiges, aucune ne demander à être Ministresse de la République
Quant aux petits garçons ils se voient Prince ou Chevalier et pas député ou Sénateur.
La Monarchie est inscrite dans nos gênes.
La République n’est qu’une pièce rapportée