Par Jacques Léger.
L’un de nos amis marseillais qui a bien voulu nous confier en exclusivité le fruit de ses recherches sur l’arrivée en France de la girafe Zarafa, un animal royal, populaire et diplomatique. Une suite en 10 épisodes. Parution à partir du 19 novembre et les jours suivants. JSF
Durant la période d’installation, les premiers visiteurs de Zarafa sont les élèves du collège royal de Marseille, le 30 novembre. Puis ce furent quelques privilégiés, lors de soirées mondaines. On le sait par le témoignage d’une Marseillaise qui écrivit : « Comme je la regardais, elle fixa ses regards sur moi et je ne pus m’empêcher de l’appeler ma belle. A ces mots elle baissa la tête vers moi. Je crois que son intention était de me lécher, car elle sortait sa langue, mais je me reculai et elle retira son long col. »
Viennent ensuite plusieurs artistes qui réalisent de magnifiques lithographies, destinées aux scientifiques de toute l’Europe mais aussi au public. (Photo ; Le Lycée Royal de Marseille, l’actuel lycée Thiers).
Le 13 décembre, deux des accompagnateurs de Zarafa, dont le neveu de Drovetti, sont repartis en Egypte, avec une gratification de 200 F, « marque de la munificence du gouvernement ». Il ne reste plus que 2 cornacs indigènes.
Le sevrage va débuter à Marseille, à partir du 12 février, jour où l’on a observé que la girafe mangeait du foin des vaches. Le lait sera progressivement remplacé par un mélange quotidien de 18 kilos de maïs, d’orge et de fèves brisées au moulin.
En outre la girafe, qui sort dans les jardins de la préfecture, puis, venus les beaux jours, dans les allées de Marseille, broute les feuilles d’arbres, à l’exception des frênes. On observe qu’elle dédaigne également l’herbe des pelouses.
Les sorties en ville vont concrétiser l’adoption de Zarafa par la population de Marseille. A midi, on l’entraîne avec ses nourrices pour une promenade de 2 à 3 heures dans la campagne environnante. Elle y obtient un si grand succès que, le 3 mars, le préfet doit ordonner que des gendarmes accompagnent sa promenade.
La question à l’ordre du jour est désormais la montée sur Paris et la livraison au Roi, qui commence à s’impatienter. Les avis divergent. Certains, dont Drovetti, sont partisans de poursuivre en bateau, par Gibraltar, Le Havre et la Seine. Le préfet est contre. Il redoute également un trajet par terre : « trop d’accidents et d’embarras pourraient résulter de la rencontre avec les attelages et de l’affluence des curieux ». Il opte pour « l’embarquement sur le Rhône et la continuation du voyage par la navigation intérieure ».
On s’en remet en définitive aux professeurs du Museum, qui, le 5 avril, délèguent la question à l’un d’entre eux, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, qu’ils envoient à cet effet en mission à Marseille.
Geoffroy Saint-Hilaire est le quatrième et le dernier des acteurs de l’épopée Zarafa. Nous ferons sa connaissance dans le prochain épisode. (À suivre, demain) ■
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