Par Jacques Léger.
L’un de nos amis marseillais qui a bien voulu nous confier en exclusivité le fruit de ses recherches sur l’arrivée en France de la girafe Zarafa, un animal royal, populaire et diplomatique. Une suite en 10 épisodes. Parution à partir du 19 novembre et les jours suivants. JSF
Le voyage achevé, la Girafe s’est confortablement installée dans le vaste espace, dénommé La Rotonde, qui a été aménagé pour elle au Jardin des Plantes, et Geoffroy Saint-Hilaire a retrouvé la paix dans sa famille.
Quant au personnel africain, il a été, nous dit-il, convenablement remercié. Le roi a ordonné au ministre de l’intérieur de verser le soir même 2 000 F à Hassan et 1 000 F à Atir. L’administration a par ailleurs alloué à Joseph-Youssef « des moyens de retour bien suffisants ».
Le spectacle n’est pas pour autant achevé. On pourrait même dire qu’il débute vraiment. L’arrivée de Zarafa à Paris déclenche en effet un phénomène sans précédent en France qui dura 3 ans et qu’on a appelé la girafomania.
On peut dire qu’elle aura été le premier support-marketing. On la trouve sur tous les supports imaginables à l’époque : gravures, vaisselle, pendules, girouettes, etc.
On la trouve aussi dans la mode : chapeaux, éventails, ombrelles, et coiffures (le chignon se porte « à la girafe »).
On vend des tissus « ventre de girafe, girafe amoureuse, girafe en exil ». On ne peut faire plus joli compliment à une dame que de lui dire qu’elle a des yeux de girafe. Des quantités de chansons sont créées sur ce thème.
Ajoutons que les visites à la girafe, de 10 h à midi, sont payantes et que l’affluence fait la fortune des actionnaires du pont du jardin des plantes. Une autre séquence de visite se situe en fin d’après-midi. Le tarif en est nettement plus élevé, ce qui sans doute répond au souci, qu’avait exprimé à Aix Geoffroy Saint-Hilaire, de permettre aux bourgeois d’accéder au spectacle sans être bousculés par la classe laborieuse ! (À suivre, demain) ■
Zarafa devant la Rotonde.