Par Jacques Léger.
L’un de nos amis marseillais qui a bien voulu nous confier en exclusivité le fruit de ses recherches sur l’arrivée en France de la girafe Zarafa, un animal royal, populaire et diplomatique. Une suite en 10 épisodes. Parution à partir du 19 novembre et les jours suivants. JSF
Tandis que le peuple s’amuse et que les commerçants commercent, la diplomatie s’active et Zarafa demeure un pion sur ce jeu d’échecs. En juillet, Geoffroy Saint-Hilaire envoie au Pacha d’Egypte un portrait de la girafe dans un cadre doré.
La correspondance qui accompagne ce présent plaide pour l’affranchissement de l’Egypte. « L’intérêt de l’humanité et la prospérité des nations européennes demandent que la terre égyptienne soit affranchie. Ayant son gouvernement à part, l’Egypte arrivera à de grandes destinées ».
On se doute que ce langage, doux aux oreilles de Mehemet Ali, a été dicté par le ministre des relations extérieures. La réponse arrive vite. C’est Drovetti qui en est porteur. Le Pacha propose de retirer ses troupes de Grèce à condition que la France se proclame son alliée et l’aide à se défaire du joug turc.
C’est là, depuis l’origine, le vœu même de la France. Pourtant, l’opportunité ne sera pas saisie. Sous la pression des libéraux, qui bientôt le renverseront, Charles X doit refuser la main tendue et un contingent français part porter secours aux insurgés grecs.
Le 18 octobre 1827 une flottille anglo-russo-française dispute au large du Peloponnèse la dernière bataille de la marine à voile de l’histoire. C’est la bataille de Navarin dans laquelle le Sultan perdra toute sa flotte et environ 6 000 hommes. (Image en tête de cet article).
Cherchant à tirer son épingle du jeu, Méhemet-Ali rappelle alors ses troupes et demande au Sultan, en dédommagement de la perte de sa marine, de lui donner la Syrie. Comme celui-ci refuse, Mehemet Ali entreprend en 1831 une guerre de conquête qui a fait sa gloire. Remportant victoire sur victoire, il gagne la Syrie, la Palestine et le sud de la Turquie actuelle. En 1840, il obtient du sultan de Constantinople le gouvernement de l’Egypte à titre héréditaire et fonde une dynastie. Son rêve de jeunesse est réalisé.
Un autre protagoniste termine l’aventure sur un grand succès. Drovetti, le 21 octobre 1827, vend à la France une deuxième collection d’antiquités pour 150 000 francs.
Le roi Charles X ne connaîtra pas la même fortune. Après un revers électoral en novembre 1827, il a tenté de reprendre la main en publiant ses célèbres ordonnances.
Mais, en juillet 1830, une révolte parisienne l’emporte en trois jours sur un pouvoir qui n’avait plus d’armée, puisque la meilleure partie de celle-ci venait de conquérir Alger. (Image ci-contre)
C’est un autre convoi qui s’ébranle, de Rambouillet jusqu’à Cherbourg pour un exil en Angleterre, le second de Charles X, celui-ci définitif.
En 1844, Geoffroy Saint-Hilaire s’éteint. Il est aveugle depuis 4 ans. L’année suivante, c’est au tour de Zarafa. Elle a 21 ans. Elle est aussitôt empaillée et va orner la grande galerie du museum.
En 1849, c’est au tour de Mehemet-Ali de disparaître, enfin en 1852 celui de Drovetti.
En 1869 est ouvert le canal de Suez. C’est alors un déferlement de girafes sur l’Europe et l’Amérique
Presque 100 ans plus tard, en 1931, le Museum décida de se séparer d’un certain nombre d’animaux naturalisés.
Le conservateur du museum d’histoire naturelle de La Rochelle porta son choix sur Zarafa.
Elle y est toujours, en fort bon état, et elle attend votre visite. (Suite et FIN) ■
Postface
Cette chronique a largement puisé dans Les avatars de Zarafa, le très bel ouvrage, richement illustré, qu’Olivier Lebleu a consacré à notre héroïne. Les lecteurs désireux d’en approfondir l’histoire, ou de la faire connaître à leurs enfants ou petits enfants, ne regretteront pas son acquisition. J.L.
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