À la question radicale formons-nous encore une nation ? Ne sommes-nous plus qu’un archipel disjoint ? il est des moments de la vie nationale qui répondent en faveur d’une permanence, enfouie le reste du temps, du cher et vieux pays. Quasiment tout entière la France a éprouvé une même émotion, ressenti un chagrin commun, lorsque les images de Notre-Dame en flammes sont apparues aux Parisiens sidérés, d’abord, puis à tout le pays à travers les écrans. La mort des treize jeunes soldats français tués en opération au Mali, loin de chez nous, a suscité une émotion nationale unanime un peu du même ordre. L’incendie de Notre-Dame c’était l’angoisse et l’horreur de voir stupidement disparaître un symbole immémorial de notre Histoire, de nos arts, de notre spiritualité, de l’oeuvre jamais interrompue de nos ancêtres, jusqu’aux plus lointains. Les morts du Mali, c’est le sacrifice d’une jeunesse française qui n’a pas congédié le patriotisme, fût-ce à l’encontre d’un certain air du temps. C’est l’angoisse de l’avenir et de la guerre, que les générations actives d’aujourd’hui n’ont pas connue mais dont on pressent qu’elle n’est pas abolie de la vie des hommes. L’horrible guerre, voire seulement sa perspective, a au moins ce mérite de réveiller et d’unir dans le danger, dans le sursaut, la conscience nationale seulement endormie dans la tiédeur du temps calme. Les treize morts du Mali on ému la nation.
Se sont posées ensuite les questions d’ordre militaire et géostratégique. Sur la légitimité, la validité, de l’engagement de nos forces au Sahel – ou ailleurs. Certes l’armée française se souvient de son histoire africaine, des combats glorieux qu’elle y a menés. fussent-ils perdus. Elle y redéploie son incomparable et quasi atavique expertise du terrain. Nul n’a oublié, non plus, en France, la part des Africains, ces nobles races, dit Maurras ,qui ont combattu parmi les nôtres dans les deux Guerres mondiales. Loin de chez eux, eux aussi. Mais ces temps ne sont-ils pas caducs ? Sont-ils au contraire plus que jamais d’actualité ? Ce ne sont pas des questions simples. Le meilleur connaisseur de l’Afrique parmi nous et parmi tous les autres, qui est Bernard Lugan, admet que sur ces questions géopolitiques franco-africaines, il n’est pas si simple de déterminer quel est, au bout du compte, l’intérêt de la France.
N’en disons pas davantage. Louis-Joseph Delanglade traitera demain de cette actualité. Et tentera d’en dégager les prolongements, voire des solutions.
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