Par Gérard Leclerc.
L’émotion unanime de notre peuple à l’annonce de la mort de treize de nos soldats au Mali nous donne brusquement conscience de ce qu’est une communauté nationale.
Communauté forgée par l’histoire mais aussi vécue dans les défis et les affrontements du présent. Cette conscience se rapporte aux belles figures de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie et dont nous mesurons la force d’âme. Le compte-rendu du rassemblement qui a eu lieu lundi soir devant la mairie de Pau renforce ce sentiment d’une qualité exceptionnelle, avec la gratitude que nous devons à nos soldats, mais aussi à leurs épouses et à leurs enfants. Pau, faut-il le rappeler, contient la base d’où provenait sept de ces soldats, et la ville se trouve d’autant plus solidaire de leurs familles.
La France isolée
Mais cette épreuve nationale est aussi l’occasion de revenir sur les missions de notre armée et nos obligations internationales. Comment se fait-il que nous devions supporter l’essentiel de la charge qu’impose la sécurité de toute cette région d’Afrique ? Certes, des liens historiques nous rattachent à l’ancienne Afrique de l’Ouest et aux nations gravement déstabilisées par le djihadisme : le Tchad, le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Toutefois, si la construction européenne a un sens, elle devrait se traduire par des engagements communs sur le terrain. L’isolement de la France est révélateur d’une carence fondamentale, sur laquelle il convient de s’interroger. Tout montre que la France ne viendra pas à bout rapidement d’un conflit qui n’a fait que s’aggraver depuis que François Hollande, en janvier 2013, a pris la décision d’intervenir pour empêcher les groupes djihadistes de prendre le contrôle du Mali.
Emmanuel Macron et Édouard Philippe ont réaffirmé leur volonté de poursuivre le travail de fond mené depuis des mois au Sahel. Il est hors de question d’abandonner le terrain à l’ennemi. La tâche s’avère redoutable. Nos responsables militaires vont devoir s’adapter à une situation évolutive qui ne nous est pas favorable, parce que ce sont les équilibres internes des pays en guerre qui se trouvent compromis. Nos alliés européens, alertés par l’épreuve qui nous atteint, vont-ils réexaminer le problème ? Ce qui est sûr, c’est que notre pays n’est pas seulement confronté à des défis intérieurs qui sont sérieux, il se doit d’être fidèle à son rôle international, et celui-ci requiert l’appui de tout un peuple. ■