Par Olivier Perceval
L’opération Barkhane est un dispositif militaire français, auquel, sur initiative de notre état major, s’est ajouté le G5 Sahel destiné à terme à éliminer les groupes djihadistes qui déstabilisent toute la région.
Barkhane est actuellement la plus importante opération extérieure de l’armée française, avec environ 4500 militaires déployés. Depuis le 26 juillet 2019, ils sont placés sous le commandement du général de division Pascal Facon, qui opère depuis un poste de commandement interarmées stationné à N’Djamena au Tchad. Ce dispositif s’articule autour des trois points d’appui permanents : Gao au Mali, Niamey au Niger et N’Djamena au Tchad. Pour pouvoir agir dans les zones les plus reculées, aux côtés des armées partenaires, des détachements sont également déployés sur des plateformes désert-relais ou sur des bases avancées temporaires. Il s’agit bien d’une guerre asymétrique d’assez haute intensité.
41 soldats français sont tombés depuis le début des hostilités.
La guerre au Mali remonte au début des années 2010, alors que le nord du pays est hautement instable. Les indépendantistes touaregs ainsi que des groupes terroristes comme Al-Qaida au Mahgreb islamique s’attaquent en 2012 à l’armée malienne dans cette région difficile à contrôler, car loin de la capitale Bamako. Les deux groupes, alliés pour l’occasion, reçoivent également le soutien de nombreux combattants libyens dont le pays, en 2011, a vu la chute du régime de Kadhafi.
L’opération Serval, avec 1500 hommes a rapidement mis en déroute les troupes djihadistes qui fonçaient sur Bamako.
Aujourd’hui, certains s’interrogent sur la pertinence de cette guerre. Ne parlons pas des pacifistes, dont le credo est de se soumettre sans cesse aux armées belliqueuses plutôt que d’offrir la moindre résistance, avec l’argument décisif selon lequel tout occidental en Afrique (ou ailleurs) est un néocolonialiste. D’autres allégueront que, du fait de la présence de gisements d’uranium, cette action est au service du capitalisme international. Il est vrai que la France a besoin de cet uranium pour sa filière nucléaire et je ne vois pas pourquoi elle l’abandonnerait à des nations étrangères qui le convoitent également. La mollesse du soutien européen est directement liée à ce constat :
« Après tout, que les Français défendent leurs propres intérêts, pourquoi pas ? On ne va pas mettre nos armes à leur service ».
Cependant, ce combat vise aussi et surtout à défendre l’Europe contre une menace mortelle. Ne pas voir le danger que représente pour elle l’établissement d’un califat islamique au Sahel est la manifestation d’une cécité coupable. Du reste, Merkel aurait certainement préféré que l’OTAN à la dérive et qu’elle soutient bec et ongle, fasse le « job ». Ce que l’on peut contester en revanche est l’absence de politique africaine menée par les trois derniers présidents (à minima). La chute de Kadhafi dont la France fut le principal artisan, étant sans doute la dernière faute la plus dramatique par l’ampleur, dont les conséquences directes furent le regain de tension au Sahel avec un déferlement d’armes et de guerriers décidés à en découdre.
Non seulement notre pays ne mène plus de politique africaine, mais l’ensemble de sa diplomatie, naguère la plus avisée et la plus admirée au monde, a été détruite , d’une part à cause de la teinture idéologique culpabilisante instillée par les socialistes depuis 1981 (et suivie par la droite toujours), et d’autre part du fait de la soumission de nos élites dirigeantes aux théories mondialistes longtemps téléguidées par les USA à leur seul profit.
Pour autant nous devons soutenir nos soldats déployés au Sahel car nous avons la certitude qu’ils constituent une défense efficace contre le danger islamiste. Ils protègent les intérêts français et ils obligent nos politiques à rechercher une diplomatie plus cohérente . Une bonne diplomatie, suppose de peser sur le pouvoir de Bamako, dont les troupes ne sont pas en mesure de rompre avec les inimitiés ethniques historiques que les administrations coloniales et post coloniales n’on jamais prises en compte comme le dénonce l’africaniste Bernard Lugan. Mais aujourd’hui notre gouvernement est-il en mesure de peser sur une réforme de l’organisation d’un pays tiers émergeant, pour reprendre une expression prudente à la mode ? Une diplomatie un peu musclée menée par un pays occidental en direction d’un état africain (où règne la corruption) est d’autant plus difficile à mener que la notion de néocolonialisme est suggérée aussitôt.
Les soldats se battent et se battent bien, ils versent leur sang pour obéir à des hommes politiques qui définissent leur mission, encore faudrait-il que les mêmes responsables politiques se dotent d’une diplomatie capable de mesurer les enjeux géopolitiques. ■