Ces rubriques de JSF (Dans la presse et Sur la toile) sont destinées à ne pas nous satisfaire de l’entre-soi. A être familiers des analyses et de la pensée de ceux qui nous entourent, parfois très proches, parfois adversaires. Nous nous y enrichissons et souvent nous créons par là des contacts qui portent leurs fruits. Car nos idées, nos articles, aussi séduisent, bien au-delà de nos cercles. Ainsi, d’ailleurs de Zemmour lui-même, à l’évidence. Parfois plus – ou mieux – Action Française que nous !
Il s’agit ici de ce que De Gaulle – et beaucoup d’autres après lui – appelait le système des partis. Que la Vème République avait eu la prétention d’abolir ou de juguler et qui est revenu en force si tôt constatés les premiers revers électoraux du même général De Gaulle. Système des partis qui a pris plus de force encore sous la présidence de Giscard qui n’était pas le chef du parti majoritaire et de Mitterrand qui voulut la montée en puissance du Front National de Jean-Marie Le Pen pour créer à droite cette division irréductible qui ouvrirait un boulevard de long terme aux forces de gauche. Et nous y sommes encore quoique entre le Rassemblement National et le ou les partis effondrés dits de droite, le rapport de force se soit radicalement inversé. Ce système tiendra-t-il le choc du discrédit profond qui frappe désormais tous les partis institutionnels ? Car tel est peut-être le fait nouveau : l’émergence d’un courant populiste puissant – en France comme ailleurs – qui tend à transcender le clivage partis de droite et partis de gauche. Il s’agit d’une forme de résistance embryonnaire du Pays Réel face à la tentation de plus en plus autoritaire du Pays Légal. [Figaro magazine du 6.12). JSF
« La tête juvénile de Tegnér au bout d’une pique est le cadeau de sacre de Christian Jacob ».
Il fut un temps pas si lointain où les partis politiques se refusaient, par principe, à exclure quiconque.Le souvenir des purges staliniennes au sein du Parti communiste était trop frais ; les communicants craignaient « l’effet d’image » auprès de médias qui dénonçaient le moindre acte de sectarisme partisan ; les chefs des mouvements politiques ne voulaient pas donner une auréole de « victime » à un rival ou même à un second couteau. Il semble que ce temps soit révolu.Chez LR en tout cas, on n’a plus peur de rien. La procédure d’exclusion engagée contre Erik Tegnér le prouve. Ce jeune militant a commis un seul crime, celui de faire activement campagne pour l’« union des droites ». Il faut noter qu’il est en cela d’accord, selon tous les sondages, avec au moins 30 % des sympathisants LR. Faut-il eux aussi les exclure ? Ce parti ressemblait déjà de plus en plus à un club de retraités de la Côte d’Azur ; il se dirigerait alors vers la cabine téléphonique.
La tête juvénile de Tegnér au bout d’une pique est le cadeau de sacre de Christian Jacob. Avec Jacob, ce sont les chiraquiens qui reviennent en force à la tête du parti. Des chiraquiens dont on ne sait jamais si le plus grave est qu’ils n’aient pas de convictions ou qu’ils se soumettent toujours au politiquement correct. Des chiraquiens qui ont retourné l’antique principe « pas d’ennemi à droite » en « pas d’ennemi à gauche ». Des chiraquiens qui estiment qu’on peut s’allier à LREM, mais pas au RN.
Retourner dare-dare au centre
L’analyse des chiraquiens est simple : la défaite cuisante de Bellamy aux européennes est celle de la ligne Wauquiez ; et la ligne Wauquiez est la «droitisation » du mouvement. Leur conclusion est simple, voire simpliste : il faut retourner dare-dare au centre. C’est bien la ligne Chirac, celle d’après 1981, qui a conduit le RPR gaulliste dans les bras de l’UDF giscardo-centriste. Une stratégie qui a tué le gaullisme, puis la droite, et a fait du Front national, qui n’en demandait pas tant, le réceptacle d’un électorat populaire en manque de nation, de drapeau, d’autorité, d’État. Croire que Bellamy a perdu parce qu’il était trop à droite, c’est croire que Sarkozy a perdu la présidentielle en 2012 parce qu’il était trop à droite, alors qu’il a justement perdu parce qu’il ne le fut pas assez pendant son quinquennat.
Comme d’habitude, les chiraquiens reprennent l’analyse des médias quel qu’en soit le coût. Les chefs LR sont mûrs pour rallier Macron, tandis que l’électorat va continuer de se diviser entre les pôles macronien et lepéniste. Cette histoire de l’alliance avec l’extrême droite empoisonne la droite depuis les années 1980. En 1983, Raymond Aron était favorable à l’alliance du RPR et du FN à Dreux. En 1986, Charles Pasqua proposait d’incorporer dans la majorité les députés FN entrés à l’Assemblée. En 1997, après la dissolution perdue, Alain Peyrefitte montait à la tribune du RPR pour réclamer cette même alliance. Christian Jacob les aurait-il exclus ? ■
Christian Jacob est l’héritier de ce vieux monde bousculé par l’élection de Macron. Un chiraquien qui ne veut pas voir, ni savoir que son parti n’a plus d’espace politique parce que Macron et les siens dont Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gerald Darmanin font la politique que les LR voulaient faire sans l’oser. Les européennes ont montré que son électorat est parti à LREM. Alors certains veulent faire une union des droites avec le RN mais c’est accorder au RN le primat de cette union mais il n’est pas sûr du tout que l’électorat approuve cette union. La solution serait de recréer une droite SOCIALE, et populaire sous l’égide d’un Julien Aubert disciple de Henri Guaino et Philippe Seguin. Bien évidemment cela implique une rupture fondamentale avec l’UE et surtout d’avec sa monnaie qui n’est qu’un crypto-Deutsche Mark. Avec une affirmation clairement souverainiste, patriote.