Par Je Suis Français.
Cette question nous semble avoir sa pertinence et mériter d’être posée en ce décembre agité comme le fut le précédent il y a un an. Dans des conditions toutefois bien différentes.
Gilets jaunes
Les gilets jaunes avaient surgi du néant en novembre 2018 comme un phénomène étrange, étonnant, déroutant, dérangeant et très vite menaçant pour les superstructures politiques et syndicales classiques au fur et à mesure que le mouvement s’enflait tandis qu’une large majorité de Français le soutenait, disait sa sympathie. Sympathie que, d’ailleurs, il ne lui a jamais retirée.
La révolte des gilets jaunes avait commencé par une simple colère contre l’augmentation du prix de l’essence, elle finissait en contestation globale des élites mondialisées et en rejet radical du type de vie personnelle et sociale que les dites élites entendent imposer autoritairement. Par intérêt, certes. Mais pas seulement. Par idéologie aussi.
Le monde du Système n’avait plus face à lui les grands cortèges de papa, lourdement régis par un immuable rituel, survivance de l’ère stalinienne, mais à un spontanéisme populaire auto-mobilisé et auto-géré plus proche des jacqueries des temps anciens que des mouvements sociaux habituels lancés et dirigés par des bureaucraties syndicales dont c’est le métier. Plus une vocation. Une expertise plutôt qu’un idéal. Une routine, pas une espérance.
Les gilets jaunes avaient l’apparence d’un Pays Réel miraculeusement ressuscité des morts ou présumés tels et spontanément soulevé contre le Pays Légal. Ne cachons pas que c’est en cela que nous l’avons apprécié et soutenu.
Ce n’était qu’un peuple sans organisation ni chefs. Et sans ligne politique. Il aura suffi des black blocs habilement (scandaleusement) manœuvrés par Christophe Castaner et de l’extraordinaire capacité d’infiltration et de récupération de l’ultra-gauche – comme Zemmour le premier l’avait prévu – pour casser et discréditer ce mouvement sans analogue contemporain. Pour le discréditer d’abord à ses propres yeux puisque dès lors les gilets jaunes de l’origine sont rentrés chez eux en grand nombre et que les manifestions se sont peu à peu réduites à presque rien. Les gilets jaunes des débuts n’étaient pas des casseurs ; pour la plupart ils n’étaient pas non plus de l’ultra-gauche. Ils sont partis. Sauf sur les ronds-points de la France périphérique épargnée par les blacks blocs et l’ultra gauche qui ont sans doute mieux à faire à Paris et dans les grandes métropoles. Alors que sur les ronds-points, il semble que l’esprit originel des gilets jaunes a perduré …
Il n’empêche : les gilets jaunes avaient soulevé directement ou un directement une grande partie du pays ; ils avaient réussi à effrayer, y compris physiquement, les plus hauts dirigeants de l’État – à commencer par le président de la République – et cette peur – qui fut probablement une vraie trouille – a fait sortir des caisses (vides) de l’État quelque 17 milliards d’avantages sociaux en faveur des Français les plus défavorisés.
Revanche des appareils
En matière de luttes sociales, les syndicats français, CGT en tête, n’ont jamais admis d’être doublés sur leur gauche voire sur leur droite, ni que quiconque se révèle dans ce qu’ils considèrent comme leur domaine réservé, plus en pointe et plus efficaces qu’eux. Question de survie ! L’esprit de revanche, l’envie et / ou la nécessité d’une reprise en main, les animent sans-doute aujourd’hui au moins autant que l’objet même du mouvement social en cours.
Quant aux pouvoirs publics, désorientés en novembre et décembre 2018 par la révolte insaisissable des gilets jaunes, perdus de n’avoir eu face à eux aucun interlocuteur constitué, de ne pouvoir mener avec personne le train-train habituel des négociations, ils préfèrent de beaucoup négocier avec des syndicats organisés, même s’ils ont cessé depuis longtemps d’avoir une quelconque représentativité, même s’ils sont exsangues, même s’ils n’ont plus d’adhérents ni de cotisants, même si ils ne sont plus que des coquilles vides, peuplées de bureaucrates survivants du désastre. Des bureau-technocrates devenus très semblables à ceux d’en face, censés incarner l’Etat. Et des appareils syndicaux qui ne survivent plus que grâce aux subventions de l’État auquel ils sont censés s’opposer… Curieuse connivence.
Les syndicats avaient à coup sûr une revanche à prendre sur les gilets jaunes et l’État à retrouver d’urgence des interlocuteurs organisés pour mener la négociation de la réforme des retraites.
Pierre Debray avait longuement étudié et expliqué jadis cette sorte d’osmose, d’assimilation et finalement d’empathie qui réunit les différentes branches de la bureau-technocratie. En mai 68, les jeunes anarcho-syndicalistes de Billancourt avaient demandé à Benoît Frachon, venu les haranguer, de montrer ses mains et ils lui avaient lancé qu’il devait y avoir bien longtemps qu’elles n’avaient pas tenu un marteau. Le vieux chef syndicaliste cégétiste était déjà devenu un bureau-technocrate comme les autres …
Dans le mouvement social en cours, c’est l’esprit du Pays légal qui tente de prendre sa revanche sur l’offensive inaboutie du Pays Réel, l’an dernier, avec les gilets jaunes.
François Marcilhac – qui a écrit sur ce sujet un intéressant éditorial sur le site de l’Action Française – a raison de signaler que, sur le terrain, ces jours derniers « en dépit des tentatives de récupération, gilets jaunes et syndiqués professionnels se mélangeaient comme l’huile et l’eau : chacun retrouvait rapidement son indépendance. » La très ancienne, l’irréductible opposition Pays Réel – Pays Légal est loin d’être achevée. JSF ■
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Les syndicats révolutionnaires ne tiennent que grâce à leur pouvoir de nuisance., là où ils peuvent bloquer la société, empêcher les VRAIS travailleurs de rejoindre leur lieu de travail. Dans ce domaine la SNCF ( jeu de mot connu: Sur Neuf Cinq Feignants), en défendant les avantages du grand père avec les conducteurs et chauffeurs , est le n° 1 du syndicalisme archaïque, se moquant bien des intérêts réels des travailleurs.
Il n’empèche qu’il est utile qu’une fraction du Pays Légal s’allie à la part active du Pays Réel, fussent des syndicalistes.
Jamais un changement de régime ne s’est mené sans que le Pays Légal ne se divise.
Alors dans une révolte de masse ne faisons pas la fine bouche idéologique. On sait qu’une partie des syndicalisés et des sympathisants LFI votent pour le Rassemblement National. Actuellement sur la question des retraites ce sont les syndicats qui mènent l’opposition. Ils savent que leur base les pousse à majorer leur revendication. Débordons les anti-fa et autres trotskystes dans l’action…
Les Gilets jaunes n’ont jamais été des casseurs. Ce n’est pas leur intérêt de discréditer leur mouvement ainsi. Seuls des alliés objectifs du pouvoir macronien pouvaient y avoir intérêt. Il est contre-productif d’opposer les Gilets jaunes, aux syndicats, qui, hélas, n’ont pas du tout voulu se structurer ce qui aurait pu bousculer la donne politique et syndicale. Chacun son domaine pour contribuer à la lutte contre le pouvoir en place.
Dans la lutte sociale en cours comme dans toutes les autres et depuis longtemps les appareils syndicaux sont déconnectés de leur faible base. Pour mémoire Bernard Thibaut ex-meneur des cheminots CGT en 1995 appelle à voter oui le 29 ami 2005 pour le référendum sur le traité constitutionnel de l’UE le texte le plus anti-social qui soit. Il n’en demeure pas moins nécessaire que le monde du travail aie une repésentation syndicale pour peser sur le cours du monde. On peut envisager l’obligation syndicale sachant qu’il y a bien le choix en la matière entre la CFTC et la CGT, notamment.
Je ne vois pas – soyons sérieux – qui peut penser et dire que le monde du travail ne doit pas être organisé et représenté. Mais ne nous tortillons pas trop et voyons les choses comme elles sont : avec 7% de syndiqués et des centrales syndicales sous perfusion étatique, c’est le fait que le monde du travail n’est pas actuellement représenté hormis les épisodes de surchauffe sociale qui font illusion un bref moment.
Les gilets jaunes sont hors de ce schéma : ils n’ont pas d’appareil ni d’apparatchiks et ne vivent pas de l’argent public.
De fait, qu’on le veuille ou non ces différences les opposent.
Je pense d’ailleurs que la technocratie syndicale est structurellement et mentalement intégrée au Système que nous combattons et qu’elle finira par s’entendre avec l’État sur la réforme des retraites.
Pourquoi pas l’obligation syndicale si l’on veut vraiment la représentation du monde du travail ?
Mais que sortira-t-il de 100% de syndiqués ? Nous n’en savons rien. Il faudrait sortir dans ce cas de nos habitudes de pensée. Il n’est pas sûr du tout que les seuls interlocuteurs après réforme soient toujours durablement la CFDT et la CGT ni même les principaux. D’autres forces s’organiseront, peut-être plus et mieux que les suscitées. Il faut l’espérer, d’ailleurs, au vu de leurs résultats.
N’oublions pas non plus qu’ils souffrent de la part d’une large majorité de Français du même discrédit que les politiciens et les journalistes.
On pourra toujours trouver des alliés dans le Pays légal politique et syndical. Mais globalement, faut-il compter sur le Système pour s’auto-détruire ? Selon toute évidence, il est surtout conservateur.
Je suis surpris que certains des commentateurs de la Roycosphère puissent penser que les « Gilets jaunes » ont constitué ou pourraient constituer une force organisée.
Je n’ai vu dans leurs revendications, depuis le début du mouvement, qu’une sorte de patchwork anarchique revendicatif, exigeant tout et n’importe quoi, empli de contradictions insurmontables.
De bien braves gens, pour la plupart, sans doute (mais regardant les blacks blocs démolir l’Arc de Triomphe avec au mieux indifférence, au pire sympathie), mais animés par une rancoeur souvent compréhensible, mais non canalisable.
Les plus raisonnables se sont vite retirés de ce guêpier ; ceux qui sont demeurés, quand ils demeurent sur les ronds-points, reconstituent certes de la convivialité villageoise ; ceux qui, de moins en moins nombreux, viennent néanmoins perturber un Paris déjà affligé des ukases anti-voiture de Mme Hidalgo et occuper des forces de l’ordre qui seraient plus utiles ailleurs me sont totalement incompréhensibles.
Et pendant qu’ils grognent contre ils ne disent pas quoi (ah si ! Paris, le luxe, les riches) l’immigration sauvage se poursuit…