Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade**.
Il fallait que cela fût pour montrer que le politique peut dire non et, en l’occurrence, permettre à un grand pays de sortir de l’impasse européenne où il s’était fourvoyé.
Voilà donc la première leçon de l’incontestable victoire de M. Johnson au élections législatives. Quelle claque, de ce côté-ci de la Manche, pour tous ces journaleux ignares mais béats et bêlants devant le veau d’or de Bruxelles ! Dès le vote de juin 2016, une campagne de presse d’une rare violence a voulu nous faire croire que les votants avaient été abusés par les fausses nouvelles d’une campagne mensongère, que le Brexit ne pourrait de toute façon pas avoir lieu, qu’il fallait revoter, etc. Dans les jours qui ont précédé ces élections de décembre 2019, les sectateurs euro-médiatiques ont cru bon de traiter M. Johnson de clown, allant jusqu’à insinuer, dans un reportage télévisé, qu’il risquait bien d’être battu dans sa propre circonscription par le candidat travailliste, un obscur Oriental à passeport britannique.
Maintenant que les choses sont claires, les mêmes prédisent un éclatement du Royaume-Uni, via un nouveau référendum favorable à la sécession de l’Ecosse et même à un détachement progressif de l’Irlande du Nord où les unionistes reculent au profit des nationalistes. Peut-être des problèmes surgiront-ils pour la Grande-Bretagne de M. Johnson. Cependant, le séparatisme écossais, doublé d’un réel attachement à l’Union européenne, ne date pas d’aujourd’hui et il faut alors que l’Union soit pour les Anglais un vrai repoussoir pour que, malgré tout, M. Johnson et son slogan* aient obtenu l’aval populaire recherché. En effet, et c’est la seconde leçon du scrutin, le succès des conservateurs est largement dû à la débâcle de travaillistes englués dans un socialisme radical ringard et au basculement électoral des fiefs historiques du Labour (le fameux « mur rouge » du nord) : l’électorat ouvrier blanc, davantage préoccupé selon la presse elle-même « par l’immigration et la criminalité » que par le grand soir social de M. Corbyn, a voté une seconde fois en moins de quatre ans pour la sortie de l’Union, s’inscrivant ainsi sans conteste dans le mouvement « populiste » d’hostilité à la mondialisation dite heureuse qu’incarnent les euro-technocrates de Bruxelles.
Dès le résultat connu, M. Macron et Mme Merkel, après les félicitations d’usage, se sont montrés explicitement inquiets de la perspective d’avoir un nouveau concurrent aux portes de l’Union. Propos qui, soit dit en passant, tranchent avec les prophéties catastrophistes de ceux qui prévoyaient forcément le pire pour nos voisins d’outre-Manche. Et c’est la troisième leçon : maintenant, il va falloir abandonner les incantations européistes et privilégier une approche politique. On peut, c’est vrai, craindre que, cédant aux sirènes de M. Trump, une Grande-Bretagne affranchie des entraves de l’Union n’en profite pour se comporter en moins-disant (social, fiscal, environnemental, etc.) et en retirer de façon « déloyale » les bénéfices. La Grande-Bretagne pourrait même pousser le cynisme jusqu’à exploiter les diverses dérogations dont bénéficient certains pays membres de l’Union.
Cependant la réalité fait que la Grande-Bretagne et l’Union en général, la France en particulier, sont et devraient rester des partenaires privilégiés, tant elles sont intriquées (économie, finance, défense, etc. – par exemple pour l’automobile, l’électricité ou les interventions militaires) – ce qui rend d’ailleurs plus cuisant l’échec de l’Union.
Or, on peut douter que l’inconsistance politique de l’Union européenne lui permette d’avoir avec Londres autre chose que des échanges de boutiquiers. Nouvelle opportunité donc, pour M. Macron, de restaurer au profit de la France une politique (amicalement) étrangère de haut niveau. ■
* « Réalisons le Brexit »
** Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Le Royaume Uni; en réalité l’Angleterre redeviendra le porte avions des Etats Unis, et a aussi son Commonwealth ( une vingtaine de pays). Au moins les vainqueurs de 19339/1945 se sont souvenue de leur histoire, et si en France , nous aussi on se souvenait de notre histoire????