Par Gérard Leclerc.
Paris, Nanterre, la gendarmerie fêtent en ce mois de janvier leur patronne, sainte Geneviève, 1600 ans après sa naissance. Et il semble que Geneviève fasse l’unanimité autour d’elle. Mme Hidalgo, maire de Paris, assistait, l’autre jour au premier rang, à la cérémonie de Saint-Étienne-du-Mont. Cette merveilleuse église, avec son jubé unique dans la capitale, qui abrite aussi les sépultures de Pascal et de Racine, a recueilli, en effet, les reliques de notre sainte. La Révolution, non contente de les avoir arrachées de la grande église construite par Soufflot, avait voulu les anéantir, en les jetant dans la Seine. Heureusement, une partie de ces reliques avait été sauvegardée à l’extérieur de Paris.
Nous n’en sommes plus à cette période de déchristianisation brutale et de volonté forcenée d’abolir le passé et ses figures tutélaires. L’église Sainte-Geneviève, transformée en Panthéon, n’a même pas effacé complètement son souvenir et même sa figure. Puvis de Chavannes a peint sur ses murs des scènes de la jeunesse de notre sainte, en privilégiant sa représentation en bergère. Peut-être le peintre avait-il été influencé par une ressemblance avec la Jeanne d’Arc de Domrémy souvent partagée, mais pas très exacte. Geneviève était, en effet, une patricienne, fille de l’aristocratie gallo-romaine et vouée à jouer de naissance un rôle civique de premier plan.
Cependant, très jeune, elle est consacrée à Dieu. Elle a reçu le voile des vierges des mains de son évêque. Elle sera donc, au cours d’une longue existence, à la fois une politique jouant un rôle majeur dans la protection de Paris (elle résidait dans l’île de la Cité) et une chrétienne fidèle à ses vœux de religion. Paris ne saurait l’oublier. Même ceux qui sont dépourvus de toute culture chrétienne, sont obligés de s’interroger devant la montagne Sainte-Geneviève. Une montagne qui s’élève à une hauteur de 23 mètres au dessus du niveau moyen de la Seine. Curieuse dénomination qui nous invite peut-être à considérer autrement notre histoire et son échelle de valeur. Notre ville capitale ne vient pas de nulle part, et son histoire tourmentée nous renvoie à cette figure tutélaire de Geneviève, dont Charles Péguy disait qu’elle « conduira le troupeau le plus vaste à la droite du Père ». ■
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 13 janvier 2020.
Gérard Leclerc est journaliste et éditorialiste à France Catholique et sur les ondes de Radio Notre-Dame. Il a récemment publié Sous les pavés, l’Esprit (Salvator, 2018).