Le Brexit n’est pas un adieu britannique à l’Europe pour au moins trois raisons élémentaires fort simples qu’oublie la doxa et que les élites feignent d’ignorer ou même ignorent :
La première raison – toute radicale – est que la Grande-Bretagne n’a jamais vraiment ni pleinement adhéré à l’Union européenne et qu’elle a toujours eu – comme l’on dit communément et trivialement – un pied dedans, un pied dehors. De Gaulle qui lui en avait refusé l’accès, savait qu’il en serait toujours ainsi ; Pompidou qui le lui ouvrit, le savait aussi mais il voyait dans son adhésion la garantie que l’Europe ne serait jamais supranationale, ce qui s’est avéré au bout du compte finement raisonné. L’Angleterre en entrant dans l’Europe n’abdiqua pas sa souveraineté monétaire, elle conserva son sterling et ses marges de manœuvre économiques et financières. De fait, son indépendance. Au fil des décennies, elle n’a jamais cessé de rogner sur les règlements européens, les dérogations substantielles qui lui semblaient s’imposer en défense de ses intérêts et de sa souveraineté. Un regain de fierté britannique, une réaction forte assez récente aux risques mortels de l’immigration massive, le coût financier de l’Union qui a fini par exaspérer une partie de l’opinion anglaise, et, in fine, sans-doute, l’impatience de Boris Johnson de lancer une grande politique indépendante de redressement de la Grande-Bretagne, ont été des raisons cumulatives qui ont permis au Brexit de s’accomplir.
La seconde raison pour laquelle, sauf pour les esprits vulgaires, le Brexit n’est pas un adieu britannique au Vieux Continent, est que, fût-elle tournée vers le Grand Large, selon une modalité qui lui est propre, du moins en partie, l’Angleterre est avant tout une nation éminemment européenne. Par son histoire, sa culture, ses mœurs et coutumes, même s’ils nous paraissent parfois originaux. C’est la civilisation européenne et nulle autre que la Grande-Bretagne a portée avec brio aux quatre coins du monde.
La troisième raison pour laquelle le Brexit ne sera pas un adieu à l’Europe est la vitalité des relations économiques existantes, souvent de longue date, entre la Grande-Bretagne et les diverses nations européennes. Sa sortie formelle de l’Union ne les interrompra pas. Le Brexit sera suivi, nous dit Le Figaro d’aujourd’hui après avoir versé sa larme matinale, d’une année de négociations entre Londres et Bruxelles pour définir les nouvelles règles des relations à venir entre les une et les autres. Nous ne serions pas vraiment étonnés que – si besoin est, et besoin il y aura – des relations bilatérales plus rapides et plus efficaces ne s’ouvrent aussi assez rapidement entre États pour régler les problèmes pendants.
Le Brexit est une date importante pour l’Europe. Il ne modifie pas sa substance. Au contraire, en un sens, il la restaure. Mais ce sera pour affronter son déclin. Et, s’il est encore temps, l’enrayer. JSF ■
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Ce n’est qu’ un au revoir fut – il chanté au parlement européen aprés le départ des députés anglais . Un chant vient en mémoire : » Rule Britannia » .
Les Anglais sont coutumiers du fait, déjà en 1940 ils avaient refusé de rejoindre l’Europe continentale dominée pare l’Allemagne .L’ Histoire leur a donné raison 5 ans plus tard.
Cela dit le Royaume Uni dispose toujours du Commonwealth où figurent le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande………, plus un traitement de faveur de Donald TRUMP.
Ils vont retrouver leurs libertés et notamment pouvoir se servir de leur monnaie la £ pour servir leurs SEULS intérêts économique.
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Beaucoup de britanniques étaient et demeurent pro Europe après le Brexit, surtout ceux faisant partie des classes moyennes. L’Europe est pour eux un moyen très proche et facile de sortir de l’isolement insulaire, qu’ils voient comme une forme d’emprisonnement ou d’étouffement. L’aristocratie est largement satisfaite du Brexit car elle vit dans le souvenir de la grandeur de ce que représentait sa domination du grand large. Les classes populaires et les modestes éprouvaient un vif ressentiment devant l’importance de l’immigration de travailleurs européens qui leur prenaient, pensent-ils, des emplois disponibles, même s’ils bénéficiaient largement des fonds européens de développement et autres subsides européens. Les milieux d’affaires et de l’industrie financière étaient et restent majoritairement pro Europe car l’appartenance à l’UE leur donnait un libre accès au grand marché européen. Les intellectuels se partagent entre les deux partis pro et anti Europe pour des raisons philosophiques diverses et souvent opposées les unes aux autres.
Désormais, avec le Brexit, la Grande Bretagne va se sentir libre de faire comme elle veut, du moins en théorie. Les habitudes d’échanges à tout point de vue et dans tous les domaines entre elle et le Continent sont trop ancrées après plus de quarante ans de liens et de relations établis par des traités librement conclus, pour s’évaporer du jour au lendemain comme par magie.
A Richard : Rule Britannia ça a tout de même une autre allure.
A Gilbert Claret : L’accès au grand marché européen, l’Angleterre l’a toujours eu et s’est toujours arrangée pour le maintenir fût-ce à grand prix. Ses échanges entre elle et le Continent sont très antérieurs à son entrée dans l’UE. Ils lui survivront à mon sens sans aucun doute. Des ajustements seront à trouver. Ils le seront par nécessité.
L’UE n’est ni un commencement ni une fin, ni un alpha ni un oméga, l’Histoire a une longue mémoire et l’avenir n’est pas courtermiste.