VIDÉO – Alain Danielou et l’Inde – U.R.P. – Vimeo.
Il s’agit d’un extrait d’Apostrophes – sur A2 – le 9 octobre 1981.
Bernard Pivot recevait notamment Alain Danielou, homosexuel affiché, grand connaisseur de l’Inde et Georges Steiner, dont nous avons évoqué ici-même la récente disparition. Personnalité unanimement saluée en cette triste circonstance.
Alain Daniélou expose la logique de caste et la conception indienne du mariage et de la procréation. Sur le plateau d’Apostrophes, les mines s’allongent, avec des gestes de dénégation et des branlements de tête. Pivot s’exclame : « Mais c’est du racisme, ça ! » Daniélou s’explique et Pivot se tourne vers George Steiner. Qu’en dit-il, lui, le grand penseur juif ?
On écoutera ici la réponse de Steiner. Il faut – avons-nous déjà dit – le lire, mais aussi l’entendre répondre de son verbe inimitable.
Voici la retranscription de sa réponse, qui, sans aucun doute, va bien au delà d’un jugement porté sur les mœurs indiennes en tant que telles :
« Je suis au fond plutôt de ce côté dans un sens très particulier. Ce qui nous menace, c’est une monotonie atroce, d’un ennui profond. Tuer une langue, tuer une culture, tuer une ethnie, c’est vraiment détruire une des possibilités de l’avenir, de l’avenir du verbe humain. Des peuples qui luttent pour être eux-mêmes, pour se maintenir. Toutes ces questions qu’on débat tellement maintenant au nom du libéralisme des mariages mixtes entre cultures, entre races, ou plus simplement entre traditions locales, entre cultures locales. Ca peut marcher. Souvent ca marche très très mal. La vraie menace, ce n’est pas le racisme, c’est au contraire la standardisation vers le plus bas niveau. ».
Faut-il condamner Steiner ? Ce jour-là, a-t-il dérapé ? Question ouverte !
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Lucide Steiner, comme toujours (il faut relire les belles pages de la fin de » Dans le château de Barbe Bleue » sur l’effondrement de la culture dans les démocraties de masse) Cette volonté de métissage culturel, d’abolition des différences, c’est en fait l’application du second principe de la thermodynamique aux choses humaines, le principe d’entropie maximum, c’est-à-dire la mort. Contre cette pulsion de mort qui anime les tenants du métissage généralisé, il faut rappeler les propos de Lévi Strauss dans une conférence de 1971 sur « Race et Culture », organisée par l’UNESCO. Il déclare que « chaque culture se développe grâce à ses échanges avec d’autres mais qu’il faut que chacune y mette une certaine résistance, sinon, très vite, elle n’aurait plus rien qui lui appartienne en propre à échanger. » Il constate le caractère universel, et non répréhensible, du « désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi. » La volonté d’ouverture à l’Autre (forcément avec un A majuscule !) tant vantée aujourd’hui en Europe ne serait-elle pas le simple symptôme de la fatigue d’une civilisation qui n’a plus la force et le courage d’être elle-même ? Surtout quand cette ouverture est en faveur de cultures qui cachent de moins en moins leur aversion voire leur haine à notre égard.
Merci pour ce si juste et riche commentaire – comme toujours, d’ailleurs. Merci aussi d’avoir cité Lévi Strauss ce que nous avons fait nous-mêmes bien souvent. Faut-il en conclure que les intellectuels juifs sont plus lucides et d’esprit plus libre que les non-juifs en ces matières ? Votre question in fine nous fait penser à l’un des derniers ouvrages de Jean-François Mattei – avec qui nous avons beaucoup travaillé – Essai sur l’épuisement de la culture européenne. Mattei fut un autre grand intellectuel français de la race des précédents. Merci encore !
Le mot race effraie parce qu’il est mal posé.
Derrière ce mot race, la question posée est: Est que l’homme doit continuer a vivre cloisonné dans son ethnie, en souhaitant sans cesse que son groupe d’humains soit le meilleur ou le plus puissant. C’est notre actuel monde, il n’apporte que des guerres, jamais le bonheur des hommes.
Si on se réfère à la religion monothéiste; Dieu créa Adam et Eve pour établir sur la planète une population: donc nous sommes tous leurs enfants. Cette humanité semblable en tout point peut procréer. Pour rompre la monotonie Dieu a inventé des différences physiques et intellectuelles. Ces différences ne sont pas des Races, même si cette manière de voir s’est installé aux siècles précédents, quant l’Europe dominait la planète. Ces différentes branches de l’arbre unique doivent elles se développer dans une opposition permanente, constructive ou destructive. Question: Jésus avait il les yeux bleu et les cheveux blond? Non pourtant il est partout dans le monde des humains.
L’histoire de France et de l’Europe nous apprend les mauvais traitements réalisés par les Cathos de Rome sur les Parfaits et les Protestants. Hitler sur les Juifs. Faut il continuer?
Le mélange des ethnies dépassées au sens de tributs impénétrables, vient de l’ouverture des esprits , c’est un changement profond de la pensée humaine. Il n’y a qu’une seule espèce humaine, le cloisonnement qui s’est instauré au fil des temps est arrivé à terme.La première phase de l’humanité est fini, une autre s’ouvre. Le mélange mixte n’est pas une menace même si elle est standardisée.
Tout est dans l’intellectuel des humains, et donc dans l’intelligence qui respecte l’amour des siens et des enfants fussent ils métis ( vilain mot). Mais je pense que nous avons dépassé ce stade, nous voguons vers le père -mère et la mère – père et des enfants éprouvette. Pour un religieux quelle que soit son église , il doit penser que c’est Dieu qui permet à l’homme d’inventer le diable!
Les positions de MM de Kerviler et de Maistre sont incompatibles. Personnellement je serais plutôt du même avis que le second. Je suis toujours très méfiant pour les proclamations millénaristes du style » La première phase de l’humanité est fini (e), une autre s’ouvre. » Ce type de formules joachimites a toujours pour objet de nous empêcher de penser en substituant à notre raison discriminante une dogmatique nouvelle que nous sommes sommés d’accepter, sinon..Sinon quoi?
Le cosquer de Kerviller dont la pensée habituelle est une pensée de l’enracinement, de l’héritage et de l’Histoire s’est inexplicablement laissé aller à un prophétisme mondialiste qui ressemble à de l’Attali.
Donc, même avis qu’Antiquus et Jean de Maistre.
Je vous rejoins, camarades. J’aime trop la diversité du monde pour souhaiter qu’elle s’anéantisse dans un patchwork indistinct.
Plusieurs d’entre nous doivent connaître le délicieux petit livre de Margaret Wise Brown « Les chatons barbouilleurs » qui apprend aux enfants les couleurs élémentaires et les couleurs complémentaires. Je l’ai lu enfant, mes enfants l’ont lu mes petits-enfants itou.
Que se passe-t-il lorsque les facétieux chatons entreprennent de mélanger sans discernement toutes les couleurs : un brun uniforme et sans attrait…
Le diable, le cosquer de Kerviller, je ne suis pas son disciple, qu’il prenne les traits d’un maquignon normand comme chez Bernanos (ou Ouine, ) ou personne sans visage,sans altérité vraie , chez Dostoeiveski, ce fameux double, que nous avons en nous -mêmes , n’est que le visage du désespoir qui veut nous surplomber. . Il a eu quelques disciples parfois intermittents, parfois qui se sont complètement donnés à lui, et qui ont tenté de mettre fin à l’histoire de leur peuple et les ruiner définitivement, des antichrist quoi.. Voulez vous leur nom ? ReLisons notre histoire . Non, Dieu ne permet pas au diable d’inventer l’homme, il demande aux hommes au nom de leur libre arbitre de lui résister ou de le chasser.. C’est à peu près ce qu’écrivait Franz Jägermeister dans ses carnets , le héros autrichien, qui s’y est confronté (je cite de mémoire, étant en déplacement) Le combat ne fait que commencer. Etes vous partant?